SIDA : la lutte à l’épreuve de la Covid-19

Plusieurs associations s’alarment de la chute du nombre de tests de dépistage du SIDA et même de sa prise en charge, en grande partie à cause de la Covid-19.

De fin 2019 à aujourd’hui, la Covid-19 capte l’attention, surtout avec l’apparition d’un nouveau variant. Ce focus impacte négativement la lutte contre d’autres maladies. Le Fonds mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme, après les données recueillies dans 502 établissements de santé dans 32 pays d’Afrique et d’Asie, a indiqué que le dépistage du VIH a diminué de 41% et les orientations vers un diagnostic et un traitement de 37% pendant les premiers confinements dus à la Covid-19 en 2020, par rapport à la même période en 2019. « Les difficultés ont été liées à la mise en œuvre des activités de prévention du VIH, à la distribution des ARV (Antirétroviraux pour traiter l’infection à VIH Ndlr), au suivi des patients… », énumère M. Malik Samassekou, Directeur Plaidoyer, communication, mobilisation de ressources de l’Association de recherche, de communication et d’accompagnement à domicile des personnes vivant avec le VIH et le SIDA (ARCAD Santé Plus). En outre, les semaines internationale et européenne du dépistage organisées du 22 au 28 novembre 2021 par l’Organisation internationale de lutte contre le SIDA, Coalition plus SIDA, dont est membre ARCAD, ont montré que la Covid-19 avait entraîné une forte baisse des dépistages du VIH parmi les populations les plus vulnérables. Selon une étude menée par cette organisation dans 44 pays, le nombre de dépistages du VIH a baissé de 35% entre 2019 et 2020. Pis, l’étude prouve que la chute drastique des dépistages touche plus spécifiquement les populations les plus vulnérables à l’épidémie. Ainsi, chez les travailleuses-eurs du sexe, précarisés-es par la crise sanitaire, le nombre de dépistages a baissé de 59% entre 2019 et 2020. Au Mali, le taux de contamination de ces populations vulnérables est estimé entre 5 et 12%. Un pourcentage qui alerte ARCAD, qui, en croire M. Samassekou, va continuer à travailler au sein des groupes vulnérables. « Comme le Sida avant elle, la Covid-19 a mis en lumière les fortes inégalités qui persistent en matière d’accès à la santé », déplore Hakima Himmich, Présidente de Coalition Plus, qui prévient que « dans ces circonstances, nous ne devons pas relâcher nos efforts : la lutte contre le VIH, en particulier auprès des populations les plus vulnérables, doit rester une priorité pour la santé publique mondiale, sous peine de voir une reprise de l’épidémie ! ». Pour y aboutir, à ARCAD on a trouvé comme solutions l’utilisation du téléphone et des réseaux sociaux pour la sensibilisation, la distribution multi-mois des ARV et des visites à domicile renforcées pour le suivi des patients.

Situation critique

En plus des difficultés engendrées par la Covid-19 dans la lutte contre le VIH, la maladie est également plus critique chez les personnes atteintes de SIDA. Selon les dernières statistiques sur l’état de l’épidémie de SIDA de l’organisation de lutte contre le SIDA des nations unies, ONUSIDA, « les personnes vivant avec le VIH subissent des conséquences plus graves et présentent des comorbidités plus importantes à cause de la Covid-19 que les autres patients et, jusqu’à mi-2021, la plupart n’avaient pas accès aux vaccins ».

Au Mali, où, en sus de la journée dédiée à la lutte contre le SIDA, tout le mois de décembre y est consacré, les structures (ARCAD, Réseau malien des associations de personnes vivant avec le VIH et Haut conseil national de lutte contre le Sida), entendent « occuper l’espace médiatique durant le mois de décembre pour sensibiliser », assure M. Samassekou. Le 27 novembre dernier, son organisation a organisé une foire de dépistage VIH pour 140 personnes, avec 4 testspositifs. La séroprévalence actuelle du SIDA dans la population malienne est de 1,1%.

Aly Asmane Ascofaré

Source : Journal du Mali

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