Yelema : Pourquoi tant de démissions ?

Depuis quelques semaines, le parti Yelema (Le changement) se vide de certains de ses membres fondateurs et autres militants. Après la démission, le 6 juin de neuf cadres du parti, c’est toute la section de Diré qui a posé ses valises à la CODEM le 15 juillet. Les démissionnaires reprochent au Président Moussa Mara des violations répétées des principes de base du parti et l’absence de promotion du leadership jeune, entre autres.

 

Au sein du parti de l’ancien Premier ministre Moussa Mara, la saison semble compliquée. En deux mois, des dizaines des membres ont claqué la porte. Parmi eux, des fondateurs du parti. Les conséquences  d’un long malaise auquel ces militants ont choisi de mettre fin en débarquant pour la plupart à la Convergence pour le Développement du Mali (CODEM) de l’actuel ministre de l’Environnement, de l’assainissement et du développement durable, Housseini Amion Guindo.

« Avec certains membres fondateurs, nous avons décidé de démissionner de Yelema, parce que nous avons créé ce parti sur la base de la vérité et de la transparence, de la responsabilisation de la base, de la promotion du leadership jeune, de la méritocratie,  des  intérêts publics supérieurs aux intérêts privés. Au bout de dix ans d’exercice,  nous nous sommes rendus compte que le Président du parti, Moussa Mara, n’était pas en train de respecter ces  principes », se justifie Amadou Aya, démissionnaire, Secrétaire politique de Yelema pendant près de  dix ans.

Il fait partie de la première vague de neuf cadres qui a démissionné le 6 juin dernier.  L’ancien membre du Comité exécutif de Yelema assure toutefois qu’ils étaient seize  le jour de leur adhésion à la CODEM. Le 15 juillet, c’est toute la section Yelema de Diré qui les a rejoints, ouvrant une brèche non négligeable au sein du parti.

Départs forcés ?

Face à ces départs, le  Président de Yelema ne cache pas son regret de voir ces compagnons d’antan lui tourner le dos. « Nous avons été témoins de cette situation déplorable, cela d’autant plus que certains partants ont été les fondateurs du parti. À l’annonce du départ de ces camarades, les instances du parti ont mis en place trois commissions pour aller discuter avec eux : une commission du comité exécutif central, dirigée par le Maire de la Commune IV, une commission des femmes et une dernière des jeunes. À chacune de ces commissions ils ont indiqué qu’ils sont déjà partis et ont fait le choix du parti où ils comptent désormais militer, en l’occurrence la CODEM », confirme Moussa Mara.

« Libéré », le nouveau membre du bureau national de la CODEM énumère les raisons du divorce. « Quand le premier responsable du parti est aux affaires, ministre, Premier ministre, et qu’il ne peut pas promouvoir le leadership jeune selon le mérite de chacun, il y a des questions à se poser. Il prenait également des décisions sans en référer à l’Exécutif et à la base, comme lors de l’élection présidentielle de 2018, où il fait une déclaration unilatérale de candidature en foulant au pied les principes du parti », raconte Amadou Aya. Il ajoute : « et, après cela, alors qu’on s’apprêtait à aller à Kenieba pour la campagne, il est venu nous dire lors d’une réunion de comité qu’il se retirait  au profit de Cheick Modibo Diarra. Cela nous a choqués ».

À l’inverse, l’ancien Premier ministre assure qu’il a toujours agi selon les principes du parti. Ayant écrit plusieurs livres, animé des conférences et occupé des responsabilités, Mara entend laisser ces éléments parler en sa faveur. « Le parti Yelema souhaite garder chacun de ses militants, comme tous les autres partis. A fortiori ses responsables, dont certains membres fondateurs. Il fera tout pour cela, mais à l’impossible nul n’est tenu. La vie politique a ceci de particulier que des départs sont constatés, de même que des arrivées. Nous recevons les arrivées et déplorons les départs », regrette le chef du parti.

Alors que ses anciens camarades le soupçonnent de manoeuvre pour rester à la tête du parti au-delà des dix ans prévus, Mara annonce qu’il quittera « ce poste pour  continuer à militer au sein du parti, car personne n’est indispensable ».

Pour reconquérir d’autres militants, indispensables pour faire aboutir ses ambitions politiques, Yelema compte, selon son président, sur ses idées, ses principes et ses convictions. « Nous restons donc sur notre voie, sans aucune animosité envers qui que ce soit et avec la ferme ambition de réaliser le vrai changement au Mali », conclut-il. Mais cette sérénité affichée suffira-t-elle à contenir l’hémorragie ?

Journal du mali

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