Transition : Les « vieux » à la retraite

Sur le ring politique malien, les vieux briscards s’obstinent depuis une trentaine d’années à jouer les premiers rôles et ne pas laisser de place aux plus jeunes.  Après le coup de force d’août dernier, perçu par certains observateurs comme une opportunité pour donner du sang neuf à la classe politique malienne, le maitre mot de la transition serait alors, le changement générationnel.

En effet, en plus de la refonte de l’architecture institutionnelle de notre pays et sa gouvernance, la transition politique en cours doit être une occasion pour les maliens d’opérer un vrai changement générationnel après la fin du règne du président IBK, qui était du 3e âge.

En tout cas, avec ou sans lui, le changement de génération au sein de la classe politique malienne était dans l’ère du temps. La preuve, sur les réseaux sociaux, dans les débats dans les quartiers ou encore sur les antennes, le conflit de génération s’invitait très régulièrement, entre les acteurs du mouvement démocratique de mars 1991 et les jeunes nés sous la troisième République. Ces derniers estiment, à raison peut-être, que leurs devanciers ont échoué sur le plan de l’ancrage de la démocratie (deux coups d’Etat en 2012 et en 2020 contre des présidents de la République, démocratiquement élus) ainsi qu’en matière de développement (mauvaise gouvernance, corruption, népotisme, etc.).

Pour eux, les acteurs du mouvement démocratique en activité doivent se retirer de la scène politique, pour avoir atteint leurs limites, et en déphasage avec le monde des nouvelles technologies de l’information et de la communication, plus exigeant et plus regardant sur tout ce qui est public et parfois même privé.

Par ailleurs, si la question du rajeunissement de la classe politique malienne se pose ardemment aux anciens, ceux-ci répliquent très généralement par ce questionnement : « Sont-ils prêts et matures à relever le défi et à réussir là où les vieux briscards de la politique malienne ont échoué ?

En tout cas, Pierre Corneille nous rappelle « aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années ». C’est dire qu’une transition générationnelle va mettre à la touche de l’arène politique des figures comme Choguel Kokala Maïga, Me Mountaga Tall, Cheik Oumar Sissoko, Soumeylou Boubeye Maïga, ou encore Tièmoko Sangaré, le vieux Mamadou Kassa Traoré, parmi tant d’autres, depuis plus de 30 ans.

Maintenant, si les jeunes sont prêts pour la relève, ces vieux sont-ils prêts pour la retraite politique ?

La réponse est non, la preuve, tous, contrairement au jeune Moussa Mara, sont contre une transition de 3 ans, dirigée par les militaires pour redresser le pays. La raison fondamentale est qu’ils espèrent encore bénéficier des dividendes de la transition.

En tout état de cause, s’ils ne vont d’eux-mêmes à la retraite politique, ils seront embarqués de force, comme l’a été IBK pour des jeunes militaires.

 

Ousmane Tangara

Source: Bamakonews

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