Soumaïla Cissé : l’homme du passé et du passif

Soumaïla Cissé, le finaliste malheureux de l’élection présidentielle malienne, porte une lourde responsabilité dans la réélection d’IBK à la tête du Mali. Son obstination à se porter candidat malgré son âge et la soif des maliens de voir de nouveaux visages ainsi que sa responsabilité personnelle dans la situation actuelle du Mali ont pavé le chemin d’un deuxième mandat pour Ibrahim Boubacar Keïta.

Lors du débat d’entre deux tours de la présidentielle française de 1981, le président sortant, Valéry Giscard d’Estaing, avait cru moucher son rival socialiste, François Mitterrand, en le qualifiant « d’homme du passé » eu égard aux postes qu’il avait occupé sous la 4e république. Mitterrand avait renversé l’opinion en rétorquant à VGE qu’il était lui « l’homme du passif » à cause de la montée du chômage sous son mandat.

Soumaïla Cissé pourrait se voir reprocher ces deux qualificatifs. Homme du passé il est, puisqu’il a occupé, quasiment sans discontinuer depuis 1991, nombre de postes-clés de l’appareil d’état malien. Ministre des Finances pendant plus d’une décennie, il s’est ensuite recyclé comme président de l’Assemblée nationale. Trente années sous les ors de la République, n’est-ce pas suffisant ? N’est-il pas temps de laisser la place à une nouvelle génération ?

Homme du passif également car, hormis les cinq dernières années, il a été co-responsable de la gestion du pays depuis le début des années 1990. C’est lui et les autres décideurs de sa génération qui ont mené le pays dans le mur, qui ont totalement ignoré les revendications sociales de leurs concitoyens et qui ont laissé se développer la gangrène terroriste.

Comprenons donc bien qu’entre IBK et Soumaïla Cissé, les électeurs maliens ont vu bonnet blanc et blanc bonnet. Avec une différence de taille, la haine et la colère de sa campagne qui se matérialisait principalement par le soutien du très controversé chroniqueur Ras Bath. En s’offrant littéralement ce chroniqueur sous le couvert de l’alternance, Soumaila Cissé espérait que la colère des maliens contre le régime actuel, que Ras Bath personnifiait à merveille, allait suffire à le faire élire président. Il en a oublié de faire campagne. Il en a oublié que la véritable alternance n’était pas un simple tapage mais l’émergence de vrais visages du changement. Au détour d’une campagne fade et sans accroche, l’homme qui pensait qu’il fallait remplir les stades pour être élu est apparu comme la même génération, les mêmes parcours d’enfants gâtés de la République biberonnés dès leur plus jeune âge aux privilèges d’une élite totalement déconnectée des réalités de la population. « Pourquoi remplacer un vieux par un autre ? », se sont demandé les maliens.

Soumaïla Cissé ne pouvait pas incarner l’alternance car il est fondamentalement issu du même moule qu’IBK. Les Maliens n’ont jamais été dupes et ce n’est pas un hasard si seulement 40% d’entre eux se sont déplacés aux urnes pour le second tour de la présidentielle. L’alternance qu’on leur a proposée n’était que de façade. La ficelle de la manipulation était trop visible pour leurrer qui que ce soit.

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