Sans Tabou: concertations nationales: le CNSP tombé dans son propre piège

La CEDEAO n’a pas accepté les propositions de la junte militaire concernant les résultats des journées de concertation nationale entre Maliens sur la gestion de la transition. Contrairement aux allégations du Comité national pour le salut du peuple, ce document, pour la CEDEAO, est loin de faire l’unanimité puisque rejeté par le M5-RFP. Donc, cette tentative du CNSP de faire avaler par la CEDEAO la pilule amère n’a pas réussi. Pire, les astuces ingénieusement glissées par la junte pour pouvoir rester au pouvoir ont été rejetées par la CEDEAO.

 

Sur invitation de la junte, quelque 500 participants étaient réunis au Centre international de conférence de Bamako (CICB) pour amender et adopter la charte et la feuille de route de la transition pour une durée de 18 mois. Ces rencontres ont été initiées dans l’objectif de permettre aux Maliens de décider du sort du pays pendant la période transitoire. Mais la réalité est que ces rencontres ont été instrumentalisées et tout était joué d’avance.
La preuve : la plupart des observations dans les groupes de travail qui était en défaveur de la junte n’ont pas été intégrées dans le document final de la charte de la transition et de la feuille de route. Beaucoup de participants, de ces journées de concertation nationale ont été choisis par les militaires, pour la forme, pour tromper l’opinion nationale et internationale. Ainsi, il s’agissait pour la junte de sauver la face dans un duel dont l’issue était incertaine pour elle.
En se rendant à Accra pour la réunion consultative de la CEDEAO avec le CNSP, le président Assimi GOITA et ses compagnons avaient dans leur valise les résultats controversés de ces assises nationales. S’ils se vantent, à la limité, de ce document comme le fruit d’une volonté populaire des Maliens et leur aspiration pour le pays, la CEDEAO estime le contraire. Pour les chefs de l’organisation sous régionale, ce document est loin d’être le résultat des discussions populaires au motif qu’il est rejeté par le Mouvement du 5 juin Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), le regroupement de contestation qui s’était mobilisé pendant des mois contre IBK et dont le parachèvement a été le coup d’État du 18 août 2020.
Pour cette raison, la CEDEAO lors de son mini-sommet du mardi 15 septembre a refusé d’adopter le document qui comportait de nombreux points d’ombre constituant de véritables risques pour le retour rapide à un pouvoir civil et la poursuite du processus démocratique au Mali. À part la durée de la transition, la CEDEAO a émis des réserves sur certains points de la charte et même rejeté d’autres. En effet, si le poste de la vice-présidence a été mis dans la charte par les militaires pour être aussi à la tête de la transition, la CEDEAO souhaite sa suppression pure et simple. Sans être contre le poste de vice-présidence, la CEDEAO tranche en soutenant qu’il ne saurait remplacer le président, en cas d’empêchement. Une manière également d’écarter une junte avide de pouvoir des commandes de la transition qui doit être strictement réservée aux civils. Mieux, la CEDEO donne jusqu’au 23 septembre prochain à la junte mettre en place un gouvernement civil flanqué d’un président également civil. Faute de quoi, le Mali s’expose à la sanction totale de l’organisation communautaire.
Autant dire que les militaires qui ont proposé le « transfert rapide du pouvoir à une transition civile », tombent dans leur propre piège, en voulant tromper les chefs d’État de la CEDEAO, qui, en prenant acte de la démission du président IBK, avaient pourtant fixé des lignes rouges à ne pas franchir.

Par Sikou BAH

Source : INFO-MATIN

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