Réforme constitutionnelle: l’espoir est-il encore permis ?

Notre pays est réengagé, depuis le début de cette année, dans la voie d’une réforme constitutionnelle, dont la démarche proposée par le Gouvernement est loin de faire l’unanimité. Une bonne partie de la classe politique, qui dénonce un ‘’mépris du Gouvernement’’ à son endroit, boycotte le Cadre de concertation national (CCN) proposé par le gouvernement. Le Chef de file de l’Opposition, en première ligne du boycott, ne manque plus de qualifier l’initiative d’‘’affaire entre copains’’. Face à l’enlisement, des observateurs s’interrogent déjà sur la bonne foi du Gouvernement face à une initiative aussi cruciale pour le pays. L’arbitrage du Président IBK est désormais plus qu’indispensable pour sauver la face à un Gouvernement qui se noie.

Plus de doute que le Gouvernement file du mauvais coton dans la conduite d’une initiative à lui confiée par le président de la République, Ibrahim Boubacar KEITA, à savoir la réforme constitutionnelle. En effet, alors que le temps presse, l’espoir de la réforme constitutionnelle annoncée à renfort de publicités s’amenuise. En dehors du seul Comité d’experts, qui a déjà dévoilé son agenda de travail à la presse, le 6 février 2019, le bateau de la révision constitutionnelle est en train de prendre de l’eau. Et pour cause ? Le PM accusé d’avoir adopté une démarche unilatérale suite à son décret de nomination des membres du Comité d’experts, a voulu se racheter en improvisant un Cadre de concertation nationale loin de faire l’unanimité au sein de la classe politique. Depuis, un premier rendez-vous, le 30 janvier dernier, autour du CCN, les formations politiques d’obédience oppositionnelle n’ont plus répondu à l’appel du ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, président du CCN, estimant qu’il ne répond pas à leurs préoccupations.
Suite à plusieurs sorties, dont son document ‘’Observation de l’URD sur le Cadre de concertation national’’, le Parti du chef de file de l’opposition soutient qu’il n’est pas disposé à troquer contre le dialogue politique national, une autre offre politique. L’URD ainsi que les partis regroupés au sein du FSD estiment que le gouvernement « a mis la charrue avant les bœufs en mettant en place un Comité d’Experts, et en créant un Cadre de concertation national avant le « dialogue politique de haut niveau ».
Le dialogue politique national que ‘’nous réclamons’’ indique l’opposition, ‘’est donc un préalable important et ne peut avoir lieu dans le cadre national de concertation créé par le Premier ministre (décret N°2019-0020/PM-RM du 17 janvier 2019’’.
Face à cette position tranchée, le gouvernement ne semble donner aucun gage de sa volonté de lever les écueils sur la voie des réformes institutionnelles. Depuis, le dispositif étatique mis en place, pour ce faire, tente de fonctionner dans un environnement socio-politique hostile.
Lors de la conférence de presse du Bélier blanc, la semaine dernière, Soumaïla CISSE a saisi cette tribune pour fustiger le manque de sérieux dans la conduite du travail gouvernemental. Selon lui, lors du CCN du 7 février 2019, seulement de 17 partis politiques sur les 200 qui existent au Mali, ont été invités à participer. «Dans un pays où il y’a 200 partis politiques, il n’y’a que 17 chefs de partis politiques qui ont été invités », a-t-il déploré. Avant de préciser que Tiebilé DRAME du Parena, Cheick Modibo DIARRA du RpDM, Daba DIAWARA du PIDS, Zoumana SACKO de CNAS Faso Hèrè, Modibo SIDIBE des Fare An ka Wuli, Koninba … n’y sont pas invités. Le seul parti qui est opposant, depuis 5 ans et qui est invité au CCN, c’est l’URD. Toute chose qui fait rougir le chef de file de l’opposition qui qualifie l’initiative d’« affaire entre copains ».
Malgré, la multiplication des rencontres entre les états-majors politiques, ces derniers jours (Opposition et Majorité), la décrispation entre le climat politique, depuis la dernière présidentielle, tarde à se concrétiser.
Désormais, les regards sont tournés vers le Président de la République qui a rencontré ce week-end sa Majorité en promettant d’en faire de même pour l’Opposition dans les jours à venir.
En tout cas, ce samedi 16 février 2019, il avait donné le ton face à sa Majorité : « pour moi, rien ne vaut le Mali, et il n’y a aucun sacrifice auquel je ne puis atteindre pour ce pays -à, et au demeurant, ce n’est pas un grand sacrifice d’appeler un jeune frère (Soumaïla CISSE) et de souhaiter (le rencontrer). Je le ferais les jours à venir, dans le prolongement de ce que vous avez entrepris ».
Le Président de la République qui a déjà salué les efforts de décrispation politiques entamés par les partis politiques de la place, dont ceux de la Majorité, a indiqué : « le chef du gouvernement ne peut rien si vous l’accompagnez pas, s’il n’est pas accompagné par l’ensemble des fils et filles de ce pays à aller vers le progrès qu’attend le peuple malien ».
Dès lors, l’on peut considérer que le salut de l’initiative de la révision constitutionnelle se trouve du côté du dialogue que le Président IBK voudrait bien engager avec l’opposition qui s’impatiente de connaître le contenu de sa ‘’main tendue’’.

Par Sidi DAO

 

Source: info-matin

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