Mali-France : après suspension, reprise des coopérations militaires conjointes ?

Suspendues depuis début juin 2021, pour protester contre un second coup de force, les opérations militaires conjointes entre la France et le Mali vont se reprendre. Analyse.

 

Dans un communiqué officiel, publié vendredi soir, la France a décidé de lever la mesure de suspension de ses opérations avec les forces armées maliennes. Elle précise que cette levée de suspension intervient à la suite de « consultations avec les autorités maliennes de transition et les pays de la région », notamment la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

« La France reste pleinement engagée, avec ses alliés européens et américains, aux côtés des pays sahéliens et des missions internationales », dans la lutte contre les groupes djihadistes dans cette région du Sahel, indique-t-on dans le même communiqué.

« Discours de tapage »

Si la coopération militaire entre le Mali et la France reprend aussitôt, précise-t-on dans le communiqué des autorités françaises, c’est aussi grâce à l’intervention des autres pays du G5 Sahel. Dans le dispositif de lutte contre le terrorisme, le Mali occupe une place centrale.

Dans le cadre de la lutte contre les groupes djihadistes, l’armée française coopère avec celle du Mali depuis plusieurs années. Cette coopération bilatérale avait été suspendue à la suite d’un deuxième putsch au Mali, en mai 2021.

Cependant, cette suspension et cette reprise brusque de la coopération militaire entre les deux pays soulèvent plusieurs interrogations. Selon Dr Yacouba Dogoni, enseignant-chercheur au département de sociologie à la Faculté des sciences humaines et des sciences de l’éducation (FSHSE) de Bamako, cette « suspension n’était qu’un discours de tapage » de la part de la France. Celle-ci n’a pas intérêt à suspendre sa coopération avec le Mali. « Si le Mali tombe, c’est à la fois le Niger et la Mauritanie qui tombent », analyse l’enseignant-chercheur.

Agissement à question

Pour le porte-parole du Mouvement « Yèrèwolo debout sur les Remparts », Sirikou Kouyaté, cette suspension et cette reprise brusque de la coopération entre les deux armées sont loin d’être surprenantes. Il fallait s’y attendre, explique M. Kouyaté qui rappelle qu’une coopération militaire lie les deux pays dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.

Toutefois, M. Kouyaté trouve que cet agissement de la France doit amener à se poser des questions sur la considération que ce pays porte aux autorités maliennes. « Nous n’avons vu aucun acte administratif concernant cette suspension de la coopération entre les deux armées », fait savoir le porte-parole du mouvement de la société civile. Avant de s’interroger si l’on doit faire foi à cette décision annonçant la reprise de la coopération militaire entre les deux pays.

Dr Dogoni estime, pour sa part, que « la France n’est au Mali que pour la préservation de ses propres intérêts ». À M. Kouyaté,  d’ajouter qu’elle est « au Mali dans un cadre purement « illégal » ».

Yacouba Dogoni préconise donc une véritable reconstruction citoyenne afin que de véritables sentiments patriotiques et nationalistes puissent régner. C’est seulement en ce moment, soutient-il, « qu’on pourrait négocier un partenariat gagnant-gagnant avec la France ».

Bakary Fomba

Source : Sahel Tribune

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