Législatives mars-avril 2020 : Un maintien absurde !

L’insécurité grandissante, au nord et au centre du pays, n’a pas suffit à motiver le report des élections tant attendues. Les annonces faites par les autorités, qui se veulent rassurantes, ont encouragé les partis politiques à présenter des candidats dans les zones à risques élevés. L’ouverture des campagnes, dans des conditions relatives sereines, rassure. On félicitera le gouvernement pour les initiatives prises afin d’assurer le bon déroulement du scrutin.

 

Mais un invité de dernière minute, que le monde entier découvre avec stupeur, vient jouer le trouble-fête. En dépit du fait que nos concitoyens semblent être dans le déni total, nous devons craindre le pire! Le Covid-19 est une menace aussi réelle, voire plus critique que la guerre.  Pour cette raison, certains pays (comme la. France) ont annoncé le report des consultations populaires.

Il est vrai que, Dieu merci, notre pays n’a pas connu de cas d’infection au Covid 19. Mais il aurait été sage et prudent de reporter les législatives. Des voix se sont levées pour le réclamer. Peut-être, pour des motifs d’ordre financier et stratégique, le gouvernement malien ne s’est toujours pas prononcé. C’est une situation que le citoyen, conscient des risques,  du manque de préparation et de l’etat catastrophique de nos structures de santé, déplore.

L’interdiction des rassemblements de plus de 50 personnes n’a plus de sens si les élections sont maintenues. Aucune explication rationnelle, et surtout parce que le confinement est la mesure phare de prévention de la propagation du virus, ne saurait nous convaincre du contraire. Les bureaux  de vote pourraient bien être les centres de transmission. Que Dieu nous en préserve!

Par ailleurs, la crainte, qu’inspirent les morts  par centaines dans certains pays, pourrait démotiver les électeurs. On peut donc augurer un très faible taux de participation si la psychose perdure. Dans ces conditions, la légitimité des élus sera discutable. Les gens ne sortiront  pour voter qu’à la condition de recevoir des gratifications. D’aucuns  peuvent rétorquer que nous y sommes habitués. Mais cette fois-ci,  la situation pourrait bien être plus catastrophique. On sait que, et les alliances immorales nous en fournissent la preuve, les partis manquent de base réelle. Aucun candidat ne semble donc être apte à mobiliser les électeurs de sa circonscription sans avoir recours à ces alliances immorales.

Donc au-delà d’un risque réel d’une crise sanitaire d’une ampleur extraordinaire, le peuple malien pourrait bien expérimenter une crise politique et institutionnelle sans précédent. En effet, si à la suite de ces élections, aucune majorité ne se dessine, l’équilibre entre pouvoirs pourrait bien être perturbé d’avantage. Or ces élections législatives sont d’une importance capitale pour ce pays déchiré par les querelles partisanes, la corruption, le vol institutionnalisé, l’insécurité permanente, le laxisme et le désordre. Prudence est mère des sûretés !!!

Dr Moussa Dougouné

Source : Le Pélican

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