Le visage du futur parlement

Les prochaines élections législatives dont le report n’est plus une simple vue de l’esprit, permettront de relever le défi de la recomposition des forces politiques.

Et ce, à travers plus de représentation pour les femmes et les jeunes, plus d’inclusion avec l’entrée des Maliens de l’extérieur à l’Hémicycle. Analyse et enjeux.

POUR DES LÉGISLATIVES INCLUSIVES

Les insuffisances de la Constitution de 1992 sont apparues clairement lors de la crise de 2012, sous la forme  de difficultés constatées dans la mise en place de la transition politique à cause des délais constitutionnels intenables. La CEDEAO avait alors dû intervenir pour prendre des mesures exceptionnelles, comme la reprogrammation du calendrier électoral et la désignation d’un « premier ministre de pleins pouvoirs », ce qui nous a valu une transition des plus agitées. En outre, la représentation des maliens de l’extérieur au sein des institutions de la république demandée depuis la Conférence Nationale de 1991 et portée par le Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur (HCME) est évoquée dans les articles 102 et 110 de la Constitution qui sont explicites pour leur entrée au Haut Conseil des Collectivités et au Conseil Economique, Social et Culturel. Bien qu’il n’existe pas de disposition constitutionnelle expresse en ce qui concerne leur entrée à l’Assemblée Nationale, rien ne s’y oppose en vertu du principe de l’égalité des citoyens devant la loi. Les détails pratiques relèvent de la loi organique et de la loi électorale. Heureusement, le report des élections législatives est en voie d’être acté, pour permettre à toutes les entités nouvellement créées ou à créer d’y participer. C’est tant mieux pour le Mali qui doit préserver la paix, œuvrer à la réconciliation nationale et tourner certaines pages peu glorieuses de son expérience démocratique, notamment le maintien injustifié du tiers de sa population active loin du pouvoir législatif.

QUEL PROFIL POUR LES DÉPUTÉS DE LA DIASPORA ?

Le Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur, en sa qualité de structure faitière de la diaspora est déjà présent dans l’architecture institutionnelle avec sa présence au  Haut Conseil des Collectivités et au Conseil Economique, Social et Culturel. Grâce à son leadership, il prendra une part active à la définition des circonscriptions électorales à l’extérieur ainsi qu’à celle du profil des candidats. Il s’agit d’abord d’assurer la représentation des groupes sociaux caractéristiques de la diaspora : opérateurs économiques, cadres, jeunes, femmes. Il est ensuite question de définir un profil standard conformément aux qualités exigées du responsable modèle de la communauté malienne à l’extérieur, à savoir la représentativité et l’influence auprès des autorités du pays d’accueil, la compétence et la disponibilité, la bonne moralité. L’heure est actuellement à la révision des listes électorales auprès des missions diplomatiques et consulaires jusqu’au 31 décembre 2018. Les candidats potentiels devraient donc penser à renouveler leur carte de membre et leur engagement auprès des Conseils de base dans les pays d’accueil. Toute autre considération relèverait du superfétatoire. Le prochain Conseil d’administration du HCME qui s’annonce laborieux permettra de renforcer son influence sur le processus et d’apporter des précisions importantes sur les lignes de force de la représentation des maliens de l’extérieur à l’Assemblée Nationale.
A l’issue des prochaines législatives, la configuration des forces au Parlement pourrait bien changer avec en prime l’avènement d’une opposition politique autrement structurée. Le nouveau contrat social qui doit permettre au pays de réviser la Constitution et de se relancer en sera-t-il plus facile à négocier? Il faut l’espérer.

Mahamadou Camara
Email : [email protected]

Source: canarddechaine

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