L’Appareil sécuritaire sur la sellette: La République en danger à cause des mieux informés

Comme si le terrorisme ne causait pas déjà suffisamment de mal au Mali, les grandes oreilles de la République entreprennent, à leur tour, de l’ébranler. Ce nouveau cancer risque de saper plus profondément les fondements de notre pays.

 

La recherche des meilleures solutions pour une sortie de crise est certainement la chose la mieux partagée dans notre pays. Chacun y va de ses recettes, avec l’espoir qu’une convergence de vues est au bout des engagements de tous. Le triumvirat chargé de préparer les préalables au fameux dialogue politique inclusif est déjà à pied d’œuvre et les Maliens, las des guéguerres qui émaillent les relations entre les acteurs politiques, prient sans doute pour que l’on trouve au plus un cadre opportun à même de sauver l’essentiel.

Mais, voilà, un nouveau diablotin surgir et l’on ne semble pas se préoccuper outre mesure de ses agissements. Il a pour nom « les règlements de comptes entre les grandes oreilles de la République » ; c’est-à-dire, la détermination d’en découdre entre ceux-là qui, à un moment ou à un autre, ont eu la charge de gérer la sécurité des citoyens, les services de renseignements et structures similaires.
Tout semble avoir commencé avec la publication d’une communication sur une plateforme défendant l’honneur du Général Moussa Diawara, ci-devant actuel Directeur Général de la Sécurité d’État. L’article a, d’évidence, écorché vif d’autres acteurs du domaine qui commencent à réagir sans ménagement. On note ainsi de la part du Général Yamoussa Camara, ancien Ministre de la Défense en disgrâce, depuis son lieu d’incarcération, une sorte de lettre ouverte à ses compatriotes aux accents d’une énergique philippique décochée à la fois contre Soumeylou Boubèye Maïga, ancien patron de la Sécurité d’État et non moins ancien Premier Ministre, et au Général Moussa Diawara, actuel maître des services de renseignements. Les deux derniers sont traités d’imposteurs et de délateurs par leur accusateur qui, on peut le supposer, n’en restera pas à cette sortie.

Il y a quelque chose de très dangereux pour l’État  quand les mieux informés du pays commencent à se tirer ouvertement dans les pattes. Tous les secrets d’alcôves, petits et grands, risquent, en effet, de remonter à la surface. Les fondements de la République pourront-ils résister à un tel déballage qui, du reste, sera nourri de révélations dangereuses compromettant dangereusement les tenants du pouvoir, des mis en cause, encore vivants, voire des cas de figure insoupçonnés? Pour peu qu’on en saura, il y a un cancer d’un type nouveau qui menace le corps poreux du Mali.

Tout cela se passe au moment où l’ex-Premier Ministre est convoqué en France pour être entendu par le Juge Marc Harbaut, chargé de la Cellule Anti-terrorisme dans l’affaire de l’assassinat à Kidal des journalistes français Ghislaine Dupont et Claude Verlon.

Dans tous les cas, nous sommes désormais de plain-pied dans une phase inédite de combat politique impliquant le saut dans l’arène de hauts Responsables des renseignements. Un danger qu’il faut certainement circonscrire au plus vite. Car, autrement …

Thièrno Baro dit Soudanais ancien

Le Combat

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