La résidence privée d’IBK ne désemplit plus depuis sa réélection pour un second mandat de cinq ans. Elle est devenue une véritable fourmilière. En dépit de la présence en nombre suffisant du service d’ordre, on y entre et on en ressort de jour comme de nuit. Sans discontinuer. Chacun veut se faire voir. Chacun veut se faire valoir. Au premier rang de ces visiteurs en costard et en bazin brodé, des leaders de partis politiques, de la société servile, pardon civile, et même des leaders religieux, reconnaissables à leur barbe à mille lieues.
Confortablement assis dans son salon, IBK les reçoit, les uns après les autres. Sans que rien ne filtre de leurs conversations.
Au menu de cette interview, que le nouveau Chef de l’Etat a bien voulu nous accorder, deux sujets majeurs : la visite de l’ex-couple présidentiel à Bamako pour l’inauguration du centre cardio-pédiatrique de l’Hôpital Mère-Enfant le « Luxembourg » et le rejet des résultats de l’élection présidentielle par le candidat Soumaïla Cissé et ses partisans.
Mr le président, que veulent tous ces leaders politiques, religieux et de la société civile… qui assiègent votre résidence ?
Je commence à en avoir l’habitude, maintenant. Ils font le pied de grue à ma porte, dans mon salon et même dans les toilettes de ma résidence, parce qu’ils veulent tous être bombardés ministres. Ou PDG.
Avez-vous, Mr le président, des postes pour ce beau monde ?
Certainement pas ! Mais peut-on les empêcher de rêver ?
Pourtant, Mr le président, certains ont, déjà, fait part à leurs épouses et à leurs enfants, qu’ils seront nommés ministres dans le futur gouvernement…
Je ne leur en veux pas. Parce que je n’ai promis à personne un poste de ministre ou de PDG. A part, bien sûr, le Tigre, qui n’a pas eu besoin de crier sa « Tigritude » pour m’offrir un second mandat sur un plateau d’argent.
Le Tigre, c’est qui ce mec ?
Tu ne sais pas qui est le Tigre ? Tu veux me faire croire que tu ne connais pas ton « Béro national » ?
Des « Béros », j’en ai à la pelle ; mais pas un « Tigre ».
Bon, c’est entre nous : le Tigre, c’est Boubeye. C’est ainsi qu’on appelait cet ancien distributeur de tracs dans les rues de Bamako.
Donc, je peux l’appeler désormais « Le Tigre », au lieu de « Béro », qui signifie grand-frère en sonrhaï ?
Ce sera à tes risques et périls ! Mais tu peux, du moins, si ton porte-monnaie est, suffisamment, garni pour t’acquitter d’une amende de 5 béliers. Mais sachant que tu es pauvre comme un ras d’église, je te conseille de réfléchir à deux fois, avant de te retrouver en face du Tigre.
Mr le président, l’ex-couple présidentiel est arrivé, dimanche dernier, à Bamako, dans le cadre de l’inauguration du centre cardio-pédiatrique de l’Hôpital Mère-Enfant le « Luxembourg ». Une bonne initiative, selon les Maliens…
C’est cette impression que j’ai eue, en voyant l’euphorie avec laquelle mon petit frère ATT et son épouse Lobbo Touré ont été accueillis, dimanche dernier.
En prenant l’initiative de les associer à l’inauguration du centre cardio-pédiatrique de l’Hôpital Mère-Enfant, qu’ATT a construit avec le soutien du gouvernement luxembourgeois, je crois que ma femme et moi avons été bien inspirés.
Cette brillante initiative s’inscrit-elle dans le droit fil du processus de réconciliation nationale que vous avez initié depuis 2013 ?
Parfaitement ! D’ailleurs, j’en ai profité pour demander à mon « Dôgô » ATT de faire entendre raison à Soumaïla Cissé.
Pourquoi ATT et pas quelqu’un d’autre ?
Parce que je suis sûr que Soumi l’écoutera. Mieux, ATT a promis d’agir en vue d’apaiser le climat social trop délétère à mon goût.
Propos recueillis
par Le Mollah Omar
Source: Canard Déchainé