IBK – Mohamed VI: qu’est-ce qui ne va pas ?

Déconvenue due à l’infortune de l’agenda diplomatique ou sérieux coup de blizzard sur les bonnes et fraternelles relations entre le Mali et le royaume chérifien ou simple hasard de calendrier ?

Roi Mohammed VI IBRAHIM BOUBACAR KEITA IBK PRESIDENT

Annoncée en grande pompe, pour les 20-21 février puis les 23-24 février, la visite du Roi du Maroc, SM Mohamed VI a été sommairement reportée la veille « à une date ultérieure », sans aucune explication de part et d’autre. La présidence de la République, qui annonce mardi l’information sur ses réseaux sociaux, explique que la visite a été reportée « à la demande de la partie marocaine », sans autre forme de commentaires. Idem de la part de la partie marocaine.
L’opinion malienne, qui attendait avec impatience la venue du Roi qu’elle adule, est quelque peu déçue. Les Maliens, qui aiment le Roi du Maroc et espèrent le revoir pour très bientôt, ne veulent pas surtout croire au moindre nuage sur le firmament des relations entre les deux pays. Aussi, à la rumeur, sans aucun fondement, balancée presque instantanément, mais vite démentie, sur une plausible raison du report (l’état de santé du président IBK qui ne permettait pas de suivre la cadence d’une visite royale, parce qu’il aurait fait une rechute) ; l’opinion malienne était presque soulagée de savoir que tout allait bien entre le Mali et Maroc. Mais quelle n’a été leur surprise de voir mardi soir au journal télévisé de l’ORTM un président IBK pétillant de santé avec une mine très sereine recevant l’ambassadeur des États-Unis d’Amérique ?
Alors, se disent les Maliens, les rumeurs sur les raisons avancées liées à la santé du président, pour le report de la visite de Roi Mohamed VI, ne tiennent pas. Du soulagement à l’inquiétude lancinante, beaucoup de Maliens s’interrogent : pourquoi les Marocains ont-ils demandé le report de la visite du Roi dans notre pays alors que tout était fin prêt pour l’accueillir, tout avait été mis en œuvre accueillir le souverain qui reste très populaire au Mali ?
Si Maliens et Marocains ne veulent surtout pas entendre un froid glacial sur l’excellence de leurs relations, les différés successifs de leur agenda protocolaire ne plaident pas trop pour l’innocence et la candeur. En effet, depuis sa dernière tournée africaine où le Mali pouvait se targuer d’être l’un des rares pays à recevoir le Souverain chérifien une fois en moins d’une année, l’axe Bamako-Rabat se fait de plus en plus timide, pour ne pas dire, se refroidisse.
Les épisodes les plus inquiétants ont été la position marocaine lors du paraphe de l’Accord pour la paix et la réconciliation où le royaume avait estimé que l’accord n’allait pas dans le sens des intérêts du peuple malien et le déballage du tapis à Bilal Ag Achérif au Palais royal de Rabat. Le vote positif du Mali en faveur du retour du pays de Sa Majesté Mohamed VI au sein de l’union africaine et l’annonce de la visite de ce dernier, à Bamako peut donner à penser que le brouillard s’est dissipé.
Tout va-t-il si bien que ça ? La suite des ratés permet de douter. En effet, outre le report sans aucune explication de cette visite hier jeudi, les deux pays ont frôlé l’incident diplomatique. En effet, après l’inauguration de l’Hôpital pédiatrique de Djicoroni-Para en présence d’une haute délégation marocaine dont d’éminentes personnalités du premier cercle royal, et du Premier ministre Modibo Keita, ce dernier aurait expliqué à ses hôtes marocains que le président de la République les attendait pour leur faire l’honneur d’une audience à Koulouba. Tradition d’hospitalité et excellence des relations fraternelles oblige. Mais voilà, la délégation marocaine ignorant superbement cette invitation du président IBK est repartie sans donner d’explication. En tout cas, l’audience prévue à cet effet n’a pas eu lieu hier à Koulouba où l’on peut mesurer l’embarras.
Incompréhension diplomatique ou mauvais casting protocolaire ? En tout cas, pour un ancien diplomate comme le président IBK, plus qu’un mauvais tempo, c’est une couleuvre difficile à avaler et envers le Mali, ça ressemble bien à une claque royale dont il faut désormais tenir compte et à aplanir vite notre coopération des scories et des pollutions qui n’ont pas lieu d’être. Il y va de la solidité des relations séculaires qui lient nos deux peuples et de l’amitié entre les deux hommes d’État, SM Mohamed VI, aujourd’hui à la tête du Maroc et le président du Mali. Parce que jusqu’ici, les relations entre nos deux pays ont évolué dans un cadre fraternel, de solidarité et de respect mutuel. Cela doit rester, cela ne doit aucunement changer, quels que soient les rapports de force économique et/ou militaire.

Mohamed D. DIAWARA

 

Source: info-matin

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