Étant dans le gouvernement : Le PARENA se réclame de l’opposition

L’écrivain et philosophe français Jean Paul Sartre disait avec juste raison face à la problématique de la neutralité: «Refuser de choisir est aussi un choix: c’est choisir de ne pas choisir.»

Jeudi le 25 juillet 2019, sur le plateau de l’émission de la radio Kledu intitulée «Débat politique» et animée par notre confrère Kassim Traoré, on pouvait noter la présence de plusieurs invités dont Ibrahim Kébé de Faso Kanu et El Hadj Tandina du parti du Bélier blanc.

Nous ferons ici l’économie des nombreux propos avancés par les invités de Kledu dans le studio de ladite radio. Un passage a tiqué bien de Maliens ayant suivi les débats. Il s’agit des propos du représentant du Parti pour la renaissance nationale (PARENA) en la personne de M. El Hadj Tandina. En substance, il a dit que son parti fait partie de l’opposition politique pendant qu’il est au gouvernement.

Rappelons en passant que le parti du Bélier blanc est entré dans le gouvernement du Premier ministre Boubou Cissé formé dimanche le 5 mai 2019. Notamment, le PARENA, par son président Tiébilé Dramé, occupe le poste des Affaires étrangères. Des critiques virulentes contre le régime de Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), Tiébilé est passé dans le gouvernement comme défenseur acharné de l’action gouvernementale d’IBK. Comme le ridicule ne tue plus au Mali !

En tout cas, le PARENA est entré dans le gouvernement pendant qu’il se réclame de l’opposition politique. C’est bien cette position chère à certains cadres du parti que le jeune El Hadj Tandina a tenté de justifier lors de son intervention au «Débat politique» du jeudi 25 juillet courant sur les antennes de radio Kledu.

Rappelons ici que selon le statut de l’opposition politique celui qui entre dans le gouvernement cesse ipso facto d’appartenir à l’opposition. Au-delà de ce statut  bien clair, il faut dire que le bon sens veut que l’on n’appartienne pas à la fois à l’opposition et au gouvernement.

Rappelons au passage qu’à la veille de la présidentielle de 2018, des partis politiques, pour soutenir la candidature du président sortant IBK, se sont regroupés dans une alliance politique dénommée «Ensemble Pour le Mali» (EPM).

Pour semer le flou dans l’esprit du Malien lambda, le jeune Tandina a rappelé que son parti le PARENA est entré dans le gouvernement suite à l’Accord politique de la gouvernance (APG) qui doit s’étendre sur deux (02) ans au bout desquels la participation de son parti à l’action gouvernementale sera évaluée. Il y a là un flou entretenu par le PARENA quant au statut de l’opposition et le fait en même temps de ne pas se réclamer de cette opposition dès qu’on entre dans le gouvernement.

Cette ambiguïté est tout simplement un choix. C’est donc pourquoi, parlant sous le contrôle des philosophes, il convient de rappeler Jean Paul Sartre qui disait: «Refuser de choisir est aussi un choix : c’est choisir de ne pas choisir.» Il convient de rappeler en passant que le PARENA a toujours cette attitude du double jeu, des faux bonds comme participer à des débats politiques et à des prises de décision pour ensuite claquer la porte à la surprise de ceux qui veulent se laisser tromper.

A titre d’exemples, rappelons qu’en 1997 pendant le règne Alpha, le PARENA avait participé du début à la fin aux débats et propositions sur la Révision Constitutionnelle  pour claquer la porte de l’Assemblée Nationale au moment du vote pour l’adoption des conclusions. Il en fut de même avec le président Amadou Toumani Touré lors de sa Reforme de la Constitution.

Pendant ce temps, Djiguiba Kéita dit PPR était le Ministre de la Jeunesse. Aussi, l’Accord  de paix de Ouagadougou a été piloté et défendu par Tiébilé Dramé. Paf ! Voilà le même homme se rétracter dès lors que IBK ne lui a pas confié les négociations qui devraient se poursuivre à Alger.

Et comme la traversée du désert a duré longtemps pour le parti, ça se comprend ! Il reste donc à se demander: l’ambiguïté politique du PARENA pour qui et pour quoi ?

Fodé KEITA

Par Inter De Bamako

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