ENTRETIEN EXCLUSIF AVEC PROFESSEUR ALI NOUHOUM DIALLO « Le projet était que Soumaila Cissé ne revienne même pas à l’Assemblée »

Le Mali sort d’élections législatives mitigées qui se sont soldées par la rentrée parlementaire ce lundi. Un scrutin qui mérite une évaluation de ceux qui ont vécu les époques du Mali indépendant depuis le 22 septembre 1960. C’est pourquoi nous avons approché le Professeur Ali Nouhoum DIALLO, un précurseur, afin qu’il éclaire la nouvelle et l’ancienne génération. Occasion pour lui de s’exprimer sur la gestion du covid 19, l’implication des religieux en politique ainsi que l’alternance. Pour ce qui est du Kidnapping de l’honorable Soumaila Cissé, l’ancien président de l’Assemblée nationale y voit un complot programmé dans une classe politique devenue de plus en plus hypocrite.

 

NOUVEL HORIZON : Quel regard portez-vous sur la tenue des récentes élections législatives ?

Pr  ALI NOUHOUM DIALLO:

D’abord le regard que je porte est critique. Quand il y a entre deux concurrents, au minimum 9000 voix de différences, je pense à Sikasso, et que malgré tout on annule jusqu’à ce qu’on puisse amener à l’assemblée nationale un voleur patenté, c’est la plus grande des hypocrisies. Il était en prison tout le monde le sait. Il est sorti de prison il est allé au RPM. Ce que la constitution et la loi organique, créent en la cour constitutionnelle, confère aux neuf sages, c’est de constater la régularité ou l’irrégularité des élections. Et si la cour constate l’irrégularité telle que ça met en cause la sincérité des élections, la solution est de dire on annule et on recommence dans cette circonscription, Ou dans ce bureau de vote, ou dans ce centre. Annuler et proclamer quelqu’un d’autre élu, c’est se substituer au peuple Malien. L’ancien président de l’assemblée nationale (moi-même) qui a passé son temps à leur dire : « chers collègues, un de ces jours à force d’augmenter toujours les indemnités de session, et de majorer vos indemnités parlementaires, qui sont vos salaires, le peuple malien comprendra qu’on a amené le plat national à l’assemblée. Vous avez la grande louche pour partager ce plat, et vous vous attribuez toujours les plus grosses parts. Si tel est le cas, chacun va vouloir être parmi ceux qui partagent » . Mais vous verrez des gens, parce qu’ils ont de l’argent, acheter les mandats des députés. Et l’assemblée risque Demain d’être composée de gens riches. Même s’ils sont sincères. Les commissions de travail, vont maigrir, et les hommes de qualité seront de plus en plus rares pour élaborer nos lois. Donc attention ressaisissez-vous honorables députés. Arrêtez cette session d’octobre, Cessez la loi des finances et commencez toujours par augmenter vous, vos indemnités de sessions Et vos indemnités parlementaires. Il faut arrêter cela. Il est arrivé des moments, ou je n’étais plus président et des députés venaient me voir : « Vraiment aujourd’hui Ali, fais tout pour ne pas parler. Si Dieu t’a fabriqué de telle manière que les biens de cette terre ne t’intéressent pas, fou nous la paix ». À l’époque des journaux avaient titré «  flakè dimina, wa a tara » (rires)

NOUVEL HORIZON: Hadi Niangadou a fait un audio pour « clasher » Oumar Mariko en lui disant que son combat n’est pas un combat pour la démocratie. Mais plutôt un combat pour l’argent. Sachant qu’un député gagne au moins 600 000 000  de FCFA en cinq ans ; De quoi vraiment se battre pour devenir député.

PR. ALI NOUHOUM DIALLO:

Je ne dirai plus rien par rapport à ce que j’ai déjà dit (rire). J’ai dit avant aujourd’hui ce que je voyais se proférer à l’horizon. Je ne joue pas au devin, mais la formation que j’ai reçu de tous mes parents biologiques et non-biologiques, cette formation a fait que je vois venir les événements. Et comme depuis que j’ai dit, « j’ai peur de Dieu », je n’ai plus fait un deuxième aveu. Je n’ai peur de personne si ce n’est Dieu. Qu’est ce qu’ils peuvent me faire ? M’empêcher d’être riche ?

NOUVEL HORIZON: Fallait-il maintenir les élections législatives malgré le contexte de coronavirus ?

PR. ALI NOUHOUM DIALLO :

Je persiste et je signe, il fallait les organiser. Quand tout un peuple a été réélu, et ce peuple a dit « nous ne voulons plus de l’actuelle assemblée, nous voulons d’une nouvelle assemblée. » Deux choses seulement étaient possibles :

premièrement, dissoudre cette assemblée, après lui avoir fait voter une loi d’habilitation qui précise que le gouvernement est autorisé à légiférer par ordonnance, jusqu’à ce que les conditions d’élection d’une nouvelle assemblée soient réunies. Première possibilité.

Deuxième possibilité, faire ce que le gouvernement a fait, et avec lequel j’étais d’accord. Évidemment, vous avez interrogé un médecin, en ces temps de coronavirus, je suis persuadé, que les Maliens ne votent pas. Or si les Maliens ne votent pas, il n’est pas du tout difficile à des hommes honnêtes et à des femmes honnêtes, de faire observer la distance entre les électeurs. Ce n’est pas difficile. Le jour du vote au moins, d’avoir dans les bureaux de vote, du savon, le gel etc…ce n’est pas impossible. C’est beaucoup plus difficile de faire accepter par Hanane KEITA TRAORE et semblables, qu’il faut fermer les mosquées.

J’avais un neveu ici, vice imam de Kalaban Coro, qui disait que lui n’a jamais vu dans le Coran ou dans les hadiths, une dérogation qui permet que dans certaines circonstances, de fermer les mosquées. Au contraire, il y a une AYATE (verset) qui dit « Les anti religieux, un de ces jours vous obligeront à fermer les mosquées ». Et la philosophie de fond de tout ça, c’est que c’est Dieu qui sauve. C’est Dieu qui sauve, mais quand même attachez vos chameaux. C’est Dieu qui sauve, mais attention faites des enclos pour vos bétails. Donc je dis les mosquées non fermées, alors que la Mecque a fermé, alors que Médine a fermé, alors que beaucoup de mosquées en Europe ont été fermées. Si je prends ces deux cas, c’est les sunnites et les chiites qui ont fermé. Même s’ils sont maintenant en train de ré-ouvrir, mais ils ont quand même fermé. Vous maliens vous estimez que vous avez plus de foi que tout le monde. Vous dites que vous, votre référence n’est pas la Mecque.

Or, admettons, on a dit « tournez-vous vers la sainte mosquée, tournez-vous vers la Kaaba ». Je note avec tristesse, les chefs de la Umma islamique malienne n’ont pas une connaissance aussi profonde que ça de l’islam. Ils n’ont pas de connaissances scientifiques qui les amènent à modifier leurs pensées, leur vision, leur lecture de l’Islam. Il ne faut jamais oublier que dans le Coran toutes les fois que quelque chose de nouveau était arrivé au prophète (PSL), il a dit « attendez, attendez » et une Ayate descendait pour régler le problème. Mais le prophète n’est plus.  Le temps de la prophétie est fini. Il nous a dits « consultez-vous », la consultation, la concertation. C’est ça qu’il nous a laissé comme moyen de palier a son absence. Donc il y a des choses qui faisaient que le danger sur le plan coronavirus était plus du côté des mosquées, des marches que du côté des élections. Maintenant ceux qui votent, il n’est pas difficile de les discipliner. Si les médecins s’y mettent, si les juges s’y mettent, si les préfets s’y mettent, ce n’est pas difficile. Voilà pourquoi je ne regrette pas qu’on les ait organisés. Voilà pourquoi je félicite Ibrahim Boubacar Keita, je félicite Boubou Cissé, d’avoir respecté la volonté des hommes et des femmes qui les ont élus.

Nous étions à la conférence d’entente nationale, toute l’alliance pour la démocratie était là ! Adema était là. Quand Ibrahim Boubacar Keïta s’est permis de dire, au petit soir, sur la base des interventions qu’il n’y a pas eu de consensus sur le problème de l’azawad. D’abord sur place, il y a eu des réactions, le lendemain dès que Madame Sy Kadiatou Sow a pu disposer des documents de la conférence d’entente nationale, elle a pu dire « lisez ces documents-là », il est dit clairement, l’azawad en tant que concept politique a été rejeté par la conférence d’entente nationale. L’azawad, en tant qu’espace recouvrant les deux tiers du territoire national du Mali a été rejeté, par l’ensemble. L’Azawad en tant que espace compris entre Taoudenit, Araouane, Intilit , s’il plait aux habitants de cet espace de s’appeler Azawad, ou d’appeler l’espace Azawad et de s’appeler azawadiens, grand bien leur fasse. Dans le Mali, il y a des gens de Djitoumou, il y a des gens de Beledougou, il y a des gens du Macina, il y a des gens du wassoulou, ect ….., Donc sur la base du document, sorti de la conférence d’entente nationale, toutes les fois que Ibrahim Boubacar Keita, dira que  la volonté du Mali n’a pas été respectée on dira non, ce n’est pas vrai.

Dans ce Mali, nous avons rarement des hommes politiques qui sortent de la personnalisation. Regarde comment ras bath a manipulé tout le monde : « Boua ka bla », « Boua ta bla » ; au point que « Boua » lui-même a trouvé que ça, ça lui sert. « Boua ta bla », « Boua ka bla pour que djon fa ka ta » (rires) ? Donc c’est une façon de personnaliser la situation et ça, ça me peine. De voir que rarement les gens sont au niveau des principes. Le Coran a dit, la Thorah a dit, l’Evangile a dit, Buddha a dit, Confucius a dit, …

À la veille de l’élection présidentielle de 2018, l’Adema, nous sommes allés rencontrer toute l’opposition autour de Soumaila. C’est Diabaté qui représentait Tièbilé, le CNID, je ne sais pas qui était là, en tout cas les FARE, c’est Modibo en personne qui était là. Le MCD était là, bref, il y avait tout le monde, Même Mountaga. C’était au siège du chef de file de l’opposition. Je les ai écoutés, écoutés, et à la fin, j’ai demandé la parole. Kadiatou SY Me, connaissant bien, a pris soin de dire, « c’est en tant que doyen qu’il va parler » (rires). J’ai dit, mais, chacun d’entre vous dit « unissons-nous, unissons-nous », mais chacun en fait dit unissons-nous derrière l’autre. Parmi nous tous qui sommes présidentiables, qui a le plus grand nombre de députés ? Qui a le plus grand nombre de conseillers municipaux ? Qui a le plus grand nombre de maires ? Qui a le plus grand nombre de présidents de conseil de cercle ? En quelques sortes, qui est le mieux implanté d’entre nous ? Si vous êtes Incapables de ça, aucun de vous n’arrivera au pouvoir. Si vous ne changez pas ce que j’ai vu aujourd’hui, entendu aujourd’hui, aucun de vous n’arrivera au pouvoir. Que je sois le dernier des analystes politiques si vous ne changez pas de cap, aucun de vous n’y arrivera ». Donc j’invite mes petits frères à réfléchir. Je souhaiterai bien l’alternance, mais aucune alternance n’est possible si chacun de vous voit midi à sa porte.

NOUVEL HORIZON : Le gouvernement est acculé par ces manifestations après la déclaration des résultats par la cour constitutionnelle. Plus d’un mois après son kidnapping, est ce que le chef de file de l’opposition n’est pas oublie avec tout ce qui se passe sur l’échiquier politique et social ?

Pr ALI NOUHOUM DIALLO :

Je ne vends pas un secret, je ne divulgue pas un secret extraordinaire, en disant qu’à la demande de l’URD, Ousmane Issoufi Maïga est venu me voir pour me demander d’être dans une cellule de crise dont il vient d’être nommé président. Après deux heures de discussion, j’ai compris qu’il s’agissait d’une cellule de consignes autour du Premier ministre. J’ai compris cela et je n’irai pas plus loin, parce que on s’est dit des choses. Mais quand j’ai compris, qu’ils constitueront une cellule qui va juste informer le PM, mais que la vraie cellule de crise est constituée des services de renseignements du Mali, j’ai dit, tout mon itinéraire m’interdit d’accepter qu’on me traite de simple agent de renseignements. Mais quand j’ai compris, qu’ils constitueront une cellule qui va juste informer le PM, mais que la vraie cellule de crise est constituée des services de renseignements du Mali, j’ai dit, tout mon itinéraire m’interdit d’accepter qu’on me traite de simple agent de renseignements. À partir de ce moment-là, je me suis mis en retrait. Je me garde maintenant, honnêtement, de juger les initiatives. De juger le président de la République, de juger les initiatives de l’URD, de juger les initiatives des jeunes qui sont venus me voir, d’ailleurs je vais les appeler pour qu’on se voie demain (rires). J’ai décidé de faire ce que je peux pour contribuer à la libération d’un homme que j’aime beaucoup. Et je crois faire partie des compétences de ce pays pouvant participer à trouver des solutions aux graves problèmes que le Mali connaît.

NOUVEL HORIZON : Professeur vous croyez que le blocage par rapport à la libération de Soumaila Cissé se situe à quel niveau ?

Pr ALI NOUHOUM DIALLO :

Le blocage est à tous les niveaux. Si j’ose dire. Voyons déjà nous les musulmans. Il y a Hamadoun Kouffa qui est un sous-fifre d’Iyad Ag Ghali. C’est quelqu’un que personnellement, je considère comme un simple sous fifre, d’Iyad Ghali. Et du coup les massacres comme la guerre se sont arrêtés. Les massacres aujourd’hui, ce sont les massacres de nos soldats, les massacres de deux communautés, les peuls et les dogons. Autour de quoi, de quelle façon devons-nous pratiquer la religion musulmane au Mali au 21e siècle ? Et c’est ce dont le prophète Mohamed, paix et salut sur lui, redoutait l’avènement après sa mort. Ces sectes agissent et ne se comprennent pas. Ce qui fait que, à mon avis, il est difficile que la nation d’abord se mette d’accord sur une seule voix, et l’Etat, les religieux, les politiques se mettent d’accord que quand il y a un problème national comme celui de la libération de Soumaila Cissé, il faut que tout le monde se mette d’accord, et parle d’une seule voix. Les Hamadoun Kouffa et les Iyad ne reçoivent que les mêmes envoyés par la nation, et les autorités aujourd’hui en charge de la gestion de la Nation. Nous sommes tombés dans la méfiance généralisée, personne ne fait confiance à personne. Et chacun croit que c’est lui le saint et les autres sont des diables. Nous nous livrons à des amalgames de toute sorte, dont un des plus connus : tous les Peuls sont des djihadistes. J’ai beau assener avec d’autres que tous les Peuls ne sont pas que Djihadistes, et tous les djihadistes ne sont pas que peuls. Il y a des Keita, des Ongoïba, de Coulibaly, ect….
Et si nous nous mettons à disséquer nous verrons que les plus radicaux sont des néophytes de la religion. Un autre facteur de blocage est notre inculture.

NOUVEL HORIZON : Que pensez-vous de la théorie de certains qui disent que seule l’implication de l’imam Mahmoud Dicko est nécessaire pour libérer Soumaila Cissé ?

Pr ALI NOUHOUM DIALLO :

Moi je pense ce que j’ai dit déjà. Il faut que toute la nation se mette d’accord. Il faut éviter de croire que c’est un seul individu qui peut faire quelque chose.

NOUVEL HORIZON : Honorable, quatre ans après la signature de l’accord rien n’a bougé. Or, l’accord a pour incidence des réformes institutionnelles que la nouvelle législature doit prendre en compte et ça sera le cas. Vous y étiez farouchement opposé. « Touche pas à ma constitution », qu’en est-il aujourd’hui ?

Pr ALI NOUHOUM DIALLO :

Et je n’ai pas changé d’avis ! Encore une fois, toutes les fois où une nation se réunit, et se met d’accord sur quelque chose, il y a au moins un patrimoine qui est là. Un jour les historiens vont dire, « quand le peuple malien s’était réuni et qui s’est dit telle ou telle chose ce jour-là, c’est eux qui avaient raison ». Même toutes les anomalies, les irrégularités constatées dans ces élections procèdent de cette volonté. Quand on a enlevé Soumaïla, j’ai dit, l’enlèvement de Soumaila Cissé participe de la volonté d’une tactique de faire élire Mohamed Dofana, Kel Tamasheq du cercle de Niafounké. J’avais dit cette tactique aussi est une stratégie générale de faire en sorte que dans l’espace appelé Azawad, une minorité démographique se substitut a une majorité, et que cette minorité démographique devienne la majorité parlementaire et démographique, pour faire aboutir le projet de diviser notre pays. Dans le meilleur des cas en deux morceaux. Dans le pire des cas en trois voire quatre morceaux.

En deux morceaux : l’azawad et le reste qui s’appellera le Mali.

En trois morceaux : l’azawad, le Macina et le reste qui s’appellera le Mali

En quatre Morceaux : l’azawad, le « pays dogon », le Macina, et le reste qui s’appellera le Mali.

Ce qui me frappe c’est que les hommes politiques, pensent plus leur propre intérêt que le Mali. Tant que les hommes et femmes politiques que nous sommes ne penserons pas plus le Mali qu’a nous-mêmes, rien ne sera réglé.

NOUVEL HORIZON : Honorable, vous avez parlé du Macina et du « pays Dogon ». Hors dans cette zone, on a des candidats qui sont venus sous l’étiquette « Mali qui bouge » mais en réalité sont de Dana Ambassagou, et qui finalement ont été élus. Ils vont occuper un poste que 10 ans 20 ans plus tôt vous aviez occupé. Ils vont être des élus nationaux. Est-ce que leur arrivée a l’assemblée n’est pas un tournant, un déclic ?

Pr ALI NOUHOUM DIALLO :

Tu crois que leur arrivée va ramener la paix ? Je vais te dire ceci, il y a eu un jour un communiqué des députés des huit cercles de la région de Mopti. Ces députés-là se sont intitulés « les députés du pays Dogon », les députés du peuple Dogon. Je rappellerai toujours à l’ordre, quand quelqu’un se levait et disait « je suis députe de Koro », je dis non ; tu es député de la nation malienne élu à Koro. Hélas, je constate que peu de journaux ont condamnés ce communiqué. Peu d’entre vous se sont érigés furieux contre des gens qui sont sensés parler au nom de toute la nation malienne. Dire qu’ils ne parlent qu’au nom des dogons. Ce sont les extrémistes qui disaient que quiconque se permet d’avoir un peuhl sur sa liste, dans cette zone qu’ils ont baptisé « pays Dogon », alors qu’avant on disait la falaise des dogons, le plateau dogon, on ne disait jamais le « pays dogon ». Mais attention les zones exondes (cercle de Bandiagara, Koro, Bankass, Douentza) sont les quatre cercles exondés, qu’ils ont baptisé paysdogon.

NOUVEL HORIZON : Quel bilan faites-vous du gouvernement actuel de large ouverture qui arrive vers sa fin de mission ?

Pr ALI NOUHOUM DIALLO :

Moi je ne suis pas dans ça. Je suis dans :  que penses tu d’ouvriers, de travailleurs qui ne se soucient pas de la qualité du fruit de leur travail ? Voilà des enseignants, qui ne se soucient nullement de la qualité du produit des écoles. Tous les ans que Dieu fait le niveau baisse, et tous les ans que Dieu fait, ils font des grèves. Et vers la fin pour avoir beaucoup d’heures supplémentaires, beaucoup d’argent, ils disent « sauvons l’année », jamais « sauvons l’école ». Et il vous arrive de cautionner des choses comme ça. Des gens qui ne se soucient pas de la qualité des ressources humaines du Mali. Et notre administration est bourrée d’hommes incompétents aujourd’hui. À tous les niveaux. Vous avez des juges aujourd’hui sans aucune qualité morale. Des préfets : regarde le préfet de Hombori, il disparaît ce jour-là (Ndlr : jour des élections). Il n’ouvre même pas les bureaux de vote, il a le culot au petit soir d’amener une urne remplie et de dire « voilà les résultats de Hombori », alors qu’il n’a pas ouvert les bureaux de vote. Alors que le pouvoir sait que les bureaux n’ont pas été ouverts. Il n’y a pas eu de vote ! Dans le Djaptodji, il n’y a pas eu de vote à Boré . Boré un simulacre de vote, mais on estime que le cercle de Douentza a voté à 98%. Ce sont nos préfets sortis de nos écoles de nos facultés qui font ça. Même l’AEEM de 90’ qui a abouti en 91’, est meilleure.

Oumar Mariko, aujourd’hui son problème, c’est de ne pas être à Sikasso parce que Kolondieba, c’est trop petit. Et de là-bas, le RDA est né à Sikasso. Modibo Keita y était. Donc de faire bouger Sikasso pour que Sikasso fasse bouger Bamako pour que ce pouvoir tombe.

Aucun de la classe politique, ou très peu, pensent à la nécessite d’une culture institutionnelle au Mali. Quelqu’un est élu, critiqué proposé, laissez terminer les mandats, évitez les coups d’états qui nous mettent toujours en retard. Toujours ! c’est un éternel recommencement. Or, celui qui n’est pas au pouvoir est pressé, surtout celui qui sait que par la voix des votes il a peu de chances.

Il y a tout ça qui constituent les blocages pour la libération de Soumaila Cissé. Soumaila libre, surtout malgré les efforts faits, il reste élu dès le 1er tour avec 62 %. Sinon le projet, c’était qu’il ne revienne même pas à l’assemblée. Alors que le projet profond contre Soumaila a été retenu, mais ça a raté. Ce projet-là je me demande si beaucoup n’étaient pas d’accord. Tous ceux qui étaient dans l’opposition : tu n’as pas remarqué qu’ils n’ont pas donné de consignes de vote en 2018 ? Dès lors qu’eux ne sont pas allés au deuxième tour, qui d’entre eux a franchement donné une consigne de vote ? Ça veut dire quoi ? Vous combattez un homme (IBK), vous dites qu’il est zéro, vous dites, c’est lui qui est responsable de tout. C’est lui seul (IBK) qui va au second tour avec un des vôtres (Soumaïla Cissé) aucun de vous n’a le courage de donner des consignes claires. Donc aucun de vous ne veut que ce monsieur gagne.

NOUVEL HORIZON : Les élections législatives viennent de finir, l’Adema est la deuxième force. Et par A +B la majorité absolue ne pourra s’acquérir que par les voix des listes.

Pr ALI NOUHOUM DIALLO :

Quelqu’un est venu un jour me titiller et me dire à ton avis, est ce que tu crois que le parti Adema doit aller à l’opposition ? J’ai dit « je ne le souhaite pas ». Les témoins de la discussion ont dit « président tu ne réponds pas à sa question. Est-ce que tu penses que le parti Adema ira ou n’ira pas ? » J’ai dit, il me pose une question à laquelle je ne peux pas répondre. Qu’il aille la poser à Tiemoko Sangaré, a Adama Sangaré aux Empé ect…Comme tu le sais, après les élections, les « puriste » du parti Adema ont fait une réunion au Bessis (cabinet de Boubacar Alpha Bah Djibril) nous avons fait une déclaration ou nous disons «  nous ne sommes pas fier de la façon dont ces élections se sont déroulées, nous condamnons la conférence qui a eu lieu pour investir Ibrahim Boubacar Keita. En tout cas nous autres, il n’est pas notre candidat, et nous ne voterons pas pour lui » . Quand vous suivez les événements politiques, essayez de suivre la conduite des fondateurs du parti Adema. Je ne dis pas que Tiemoko n’en est pas un, je ne dis pas que Adama Tiemoko n’en est pas un, mais nous prétendons en être aussi, Madame Sy Kadiatou Sow et moi-même. Boubacar Alpha Bah nous a hébergés ce jour-là, mais il n’a pas signé. Donc oui ou non le parti Adema, pour la stabilité du pays, je souhaite que le parti Adema soit avec le RPM. Parceque moi le pays m’intéresse plus que toutes les coteries. Je sais que toutes les élections qui se sont déroulées de 1992 à nos jours, ont montré que les fragments les plus importants du parti Adema viennent toujours en tête. Au gré des circonstances, quand nous sommes au pouvoir, c’est nous d’abord, puis le RPM et etc. Aujourd’hui, c’est le RPM qui est au pouvoir donc ce sont eux d’abord, puis nous, après l’URD. Mais ce sont toujours les fragments importants de ce parti qui sont au pouvoir.

NOUVEL HORIZON : Est-ce que ces fragments ne peuvent pas se reconstituer ?

Pr ALI NOUHOUM DIALLO :

Il est souhaitable, j’y travaille de toutes mes forces. Mais ce sera très difficile parce que ce sont les intérêts qui ont divisés les hommes. Et faire demain en sorte qu’ils aient les mêmes intérêts ce sera très difficile.

NOUVEL HORIZON : Quel conseil donneriez-vous à IBK vu ce contexte ?

Pr ALI NOUHOUM DIALLO :

Le premier conseil que je lui ai donné je lui ai dit : Manassa et son équipé vous ont mis dans de sales draps, Il faut y faire face. Et que Dieu te protège.

 

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR TRAORÉ HANANE KEÏTA, DIRECTRICE DE PUBLICATION

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