Du bourdonnement au sein de la ruche : L’Adema peut-il prendre le risque d’aller à un congrès qui l’ensevelirait ?

Le premier parti à avoir accédé au pouvoir après l’avènement de la démocratie en 91, l’ADEMA-PASJ, est aujourd’hui à la croisée des chemins. Miné par une sempiternelle guerre de leadership et d’intérêts, le parti d’Alpha Oumar Konaré vit des moments difficiles après la difficile réélection d’IBK pour son second mandat. Ils sont aujourd’hui nombreux, les cadres du parti qui s’agitent et qui veulent l’organisation d’un congrès extraordinaire pour déposer Tiémoko Sangaré, son président. Au grand motif qu’il ne se serait pas battu pour leur promotion administrative. L’Adema peut-il se donner le luxe d’aller à un autre  congrès extraordinaire, sitôt avant les échéances électorales à venir au risque de sonner définitivement le glas de sa grandeur ?   

Au moment où le  pays traverse  la plus grave crise multidimensionnelle de son histoire, au lieu de mettre sous boisseaux nos ambitions personnelles pour créer les conditions d’une stabilité, certains politiques pensent au contraire y trouver l’occasion rêvée pour assouvir leurs desseins personnels. Pour cela, ils n’excluent aucun stratagème, y compris souhaiter qu’il y ait  le déluge, afin d’atteindre leurs sordides objectifs. C’est malheureusement le cas de ces anciens ministres, maires, députés et cadres Adema. Ils n’ont aujourd’hui d’autres objectifs que de faire partir Tiémoko Sangaré de la tête de l’Adema aux fallacieux prétextes  qu’ils  ne sont plus ministres, ou qu’ils  ont été relevés de leurs fonctions. Tous ont en commun leur mise à l’écart de la gestion des affaires bien qu’étant de la majorité. Pour eux,  le responsable tout trouvé de leur « malheur » est le Président du parti de l’abeille, qui est de surcroit ministre de la Défense et des anciens combattants. Pour les frondeurs, Tiémoko Sangaré n’a pas suffisamment mouillé le maillot pour eux.

C’est un véritable procès d’intention à l’encontre de M. Sangaré, surtout quand on sait que même les cadres et militants du parti majoritaire, le RPM, connaissent la même frustration. Faudrait-il rappeler aux frondeurs qu’IBK n’a jamais cessé d’affirmer et de répéter à satiété qu’il ne sera l’otage d’aucun parti, qu’il ne partagera pas son pouvoir avec personne ? Alors, face à un tel mur, pourquoi en vouloir à Tiémoko Sangaré de ne s’être pas battu pour les siens ? L’opinion nationale aurait mieux compris les frondeurs s’ils reprochaient à leur président une quelconque malversation financière à la tête du parti, ou s’il avait fait acte d’indiscipline grave pouvant porter atteinte aux intérêts supérieurs du parti. Rien de tout cela ne figure dans leurs revendications, selon une source bien introduite auprès de la ruche.

Selon nos enquêtes auprès de certaines sections, des militants et cadres de l’ADEMA, à Bamako, comme à l’intérieur et à l’extérieur du pays, Tiémoko Sangaré passe pour être le Président qui  fait mieux pour les structures de l’ADEMA en termes de financement des activités et d’animation des structures. D’aucuns disent même qu’après Alpha Oumar Konaré, il serait le président de l’Adema le plus proche des militants et surtout le plus accessible. Un cadre de l’Adema, qui a requis l’anonymat affirme sans ambages que l’on aime ou déteste Tiémoko Sangaré, l’honnêteté intellectuelle recommande de reconnaitre   qu’il  a pu stabiliser l’Adema avec moins de démissions comme c’est le cas du RPM avec plus d’une vingtaine de députés et cadres qui ont quitté le navire. Le hic chez les frondeurs est qu’ils n’auraient pas une pièce de rechange dans l’hypothèse où ils arriveraient à gagner leur combat contre Tiémoko Sangaré. Donc, c’est un  combat dont tout indique qu’il est voué à l’échec.

En somme, IBK est interpellé pour agir sur sa majorité afin de sonner le rassemblement ou faire comme ATT en s’interférant dans la gestion des partis de la Majorité pour qu’ils se tournent vers les grands défis que le Mali connait aujourd’hui.

Youssouf Sissoko

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