Exercice militaire algérien à la frontière avec le Mali : Signes de tensions croissantes ou simple démonstration de force

Depuis l’incident diplomatique consécutif à la présence des ex rebelles et de l’Imam Dicko sur le sol algérien, la tension ne cesse d’accroitre entre le Mali et l’Algérie.

Les deux pays avaient rappelé leurs ambassadeurs en signe de protestation avant qu’il n y ait une désescalade avec le retour des ambassadeurs à leurs résidences habituelles. Alors que l’on pensait avoir vu le bout du tunnel dans la brouille diplomatique algéro malienne, c’était sans compter sur la détermination des autorités de deux pays à donner des coups ne serait-ce que diplomatiquement. Ces derniers temps nous avons assisté à des véritables démonstrations de force avec des patrouilles de l’armée malienne à la frontière algérienne et cette autre  démonstration de force de l’armée algérienne ce 27 février 2024.  Faut-il réellement craindre des affrontements entre les deux grands voisins ? L’exercice militaire auquel le pays de Tebboune s’est livré jusqu’à la porte du Mali  est-il une campagne de dissuasion ou un message de fermeté des autorités algériennes aux autorités maliennes ou encore de provocation ? Quelle serait la réaction malienne à ce qu’il convient d’appeler une menace ou une provocation de trop de l’Algérie ?

Rien ne va plus entre l’Algérie et le Mali, deux pays qui ont entretenu des bonnes relations  séculaires à la fois historiques, géographiques, économiques et socio-culturels. En froid depuis l’avènement du Colonel Assimi Goita au pouvoir et surtout après la succession d’une série d’actes posés par les nouvelles autorités maliennes, comme entre autres la reprise de Kidal par la force, la mise entre parenthèses de l’Accord pour la paix et la Réconciliation issu du processus d’Alger. Que dire du récent incident diplomatique lié à la présence sur le sol algérien à ceux-là mêmes qui sont considérés par les autorités de Bamako comme ennemis du pays, à savoir les ex rebelles et un leader religieux actuellement en mauvaise odeur de sainteté avec les autorités et surtout l’accueil qui leur a été réservé. Désormais la crainte d’une escalade de la violence est plus que plausible, reste maintenant à savoir si les deux pays vont arriver à des telles extrémités aux conséquences incommensurables. Aucun pays n’a intérêt à aller à l’affrontement, car ce qui lie les deux pays est plus fort que ce qui peut les opposer, donc mettons cet exercice militaire de grande envergure dans le cadre d’une activité militaire normale d’un pays souverain.

L’exercice militaire auquel le pays de Tebboune  s’est livré jusqu’à la porte du Mali  est-il une campagne de dissuasion ou un message de fermeté des autorités algériennes aux autorités maliennes ?

Nul ne saurait répondre à l’affirmatif à  cette question à l’état actuel des choses. Mais tout porte à croire que les intérêts qui lient les deux pays sont tellement forts que cette petite tension, encore moins l’exercice militaire ne sauraient être un facteur déclencheur d’un conflit armé entre deux grands voisins partageant plus de 1 400 Km et abritant de part et d’autre de leurs frontières les mêmes peuples. Donc l’on pourrait affirmer que cet exercice militaire est à la fois une démonstration de force et un exercice ordinaire de mis à jour du niveau des hommes en uniformes algériens. Dans tous les cas de figure l’on ne pourra rien exclure, car qui veut la paix prépare la guerre.

Quelle serait la réaction malienne à ce qu’il convient d’appeler une menace ou une  provocation de trop de l’Algérie ?

Les autorités maliennes semblent prendre la pleine mesure du danger que constitue son grand voisin. Pour l’instant c’est silence radio, elles ont observé les manœuvres militaires de l’armée algérienne, qui, pour un simple exercice militaire, exhibe tout son arsenal de guerre et fait même une simulation de combat pour effrayer tous ses voisins qu’ils soient marocains, nigériens comme maliens. Cette campagne de dissuasion semble être comprise et bien assimilée. Certainement que l’on n’arrivera pas jusqu’à un conflit armé compte tenu d’un certain nombre de choses, comme entre autres les intérêts qui les lient, le déséquilibre des forces en présence et surtout le contexte géopolitique caractérisée par une tension entre les puissances qui a eu des répercussions sur les Etats. Le Mali et l’Algérie sont réputés être proches de la Russie donc rien que cet autre intérêt le conflit armé est très peu probable. Tout compte fait la tension est palpable et la question que l’on doit se poser est celle de savoir, qui pour intervenir entre les deux pays pour faire baisser la tension afin d’éviter toute escalade. Poutine certainement.

Youssouf Sissoko    

L’Alternance

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