Crise politique : le coup de force du M5-RFP

Après avoir écouté à plusieurs reprises les animateurs du M5-RFP, leurs raisonnements reposent sur deux phrases:

1- Le Peuple malien est souverain.
2- c’est le Peuple qui exige la démission du Président de la République.
Et oui ils font constamment allusion au « Peuple ». Le « Peuple », le «peuple », pour eux c’est quoi le peuple ? C’est qui le peuple ?
Ils essaient par ruse de manipuler les Maliens, en parlant en leur nom sans aucun mandat. Alors, faudrait-il, encore qu’ils nous expliquent au nom de quel peuple ils parlent ?
Selon l’article 26 de notre Constitution : «la souveraineté nationale appartient au peuple TOUT ENTIER qui l’exerce à travers ses représentants ou par voie référendaire. Aucune fraction du peuple ou aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice.» Ce qui veut dire tout simplement que les responsables du M5-RFP sont coupables d’usurpation de titre.
Ces gens sont dans une imposture, car tout d’abord, il n’est mentionné nulle part dans notre constitution que la première Institution qu’est le président de la République est soumise à un « Mandat Impératif», c’est-à-dire un Mandat qu’on peut retirer avant sa fin pour X ou Y raison.
Et l’article 29 de la Constitution est très clair là-dessus: « le Président de la République est élu pour 5 ans au suffrage universel direct et au scrutin majoritaire à deux tours. Il n’est rééligible qu’une seule fois.»
La même Constitution dans son article 30 dispose: ‘’le Président de la République est le chef de l’État. Il est le gardien de la Constitution. Il incarne l’unité nationale. Il est le garant de l’indépendance nationale, de l’intégrité du territoire national, du respect des Traités et Accords internationaux. Il veille au fonctionnement régulier des pouvoirs publics et assure la continuité de l’Etat’’.
En effet, pour atteindre leur objectif surréaliste (obliger le Président à démissionner), ils brandissent la désobéissance civile comme arme de guerre en faisant une interprétation erronée de la loi fondamentale.
En Réalité, que dit la Constitution en la matière?
Et pourtant, l’article 121 de la Constitution est très clair: «Le fondement de tout pouvoir en République du Mali réside dans la Constitution. La forme républicaine de l’État ne peut être mise en cause. Le peuple a le droit à la désobéissance civile pour la préservation de la forme républicaine de l’État.
Tout coup d’État ou putsch est un crime indescriptible contre le peuple malien.»
En dehors de notre Constitution, le protocole de la CEDEAO en ses articles 3 et 4 sur la bonne gouvernance et la démocratie interdit toute prise de pouvoir par des voies autres que des élections. Toute action sortant de ce cadre est une tentative de coup d’État ni plus ni moins.

En outre, les recommandations de certains acteurs de la classe politique, pour éviter un chaos juridique dans lequel nous conduirait la revendication insensée du M5-RFP, sont à analyser avec la plus grande attention. Si la Cour constitutionnelle venait à partir et que l’Assemblée nationale venait à être dissoute, comment allons-nous pourvoir au remplacement de la Cour sachant qu’il faut bien un Président de l’Assemblée nationale pour compléter la composition de la Cour?
Enfin, les contestations des élections sont fallacieuses en ce sens que ceux-là qui ont appelé à leur report y ont pourtant participé et c’est après le constat de leur défaite qu’ils intensifient la contestation. M5-RFP n’est ni plus ni moins que Ante A bana reconfiguré. Il surfe sur une situation tendue pour entrer dans une surenchère qui est d’un irréalisme ahurissant.
Toute la composante de la branche politique du M5-RFP à part Oumar Mariko, dans une certaine mesure, ont participé à la gestion du pouvoir au plus haut niveau durant les 20 dernières années. Ils sont au même titre que IBK, s’il faut le dire, responsables de la situation du pays. Il a fallu qu’on les mette de côté de la gestion gouvernementale pour qu’ils deviennent des opposants irréductibles au régime.
Au regard des crises auxquelles nous sommes confrontés: sécuritaire et sanitaire, il est inacceptable et irresponsable de rajouter une crise politique pour des intérêts uniquement personnels.
Face à cette situation, le peuple malien dans sa grande majorité doit se mobiliser comme un seul homme pour défendre inlassablement les institutions de la République et faire échec à leur projet funeste de coup de force.

SIBIRI SAMAKE

Source : INFO-MATIN

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