Aminata Fofana, membre du CNT : “L’Accord d’Alger doit-être déposé de côté… il viole la Constitution’’

 Les débats sont houleux au Conseil National de la Transition à l’occasion du partage d’information avec les membres de ladite institution sur la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation signé à Alger en 2015. Chaque conseiller fait sa lecture de l’Accord et apporte sa proposition devant les 8 experts mandatés. Si Ikan Ag Souleymane, un conseiller représentant les groupes armés au CNT a promis “ l’Accord, soit la guerre’’, son collègue Aminata Fofana, souhaite que l’on mette cet Accord de côté et privilégier le dialogue et le consensus. “Cet Accord doit être mis de côté ! Que nous discutons ensemble pour faire des compromis réels et qu’on aboutisse à un consensus’’, a-t-elle proposé.  

 

À sa prise de parole, Mme Aminata Fofana, membre du CNT a fustigé la MINUSMA d’avoir “tiré à balle réelle sur la population les mains nues qui protestait contre sa présence’’ à Gao. Selon elle, cette répression a fait “4 morts et 50 blessés par balles. “Qui ose dire que le peuple aime la présence de la MINUSMA’’, clame-t-elle.

Revenant sur l’Accord d’Alger, elle fait savoir que les Maliens ne peuvent pas “caresser les problèmes’’ ni “ignorer le peuple. On ne peut pas faire un Accord sans le peuple’’. Elle a demandé à Monsieur Iknan de présenter ses “excuses’’ par rapport à ses propos de la veille.

Elle affirme son désaccord avec le ministre Zahabi au sujet de l’Armée reconstituée. “En parlant de l’Armée reconstituée, qui ne s’appelle pas du tout en tout point de vue l’Armée nationale ou les FAMa. Monsieur, pour faire la promotion de l’Armée reconstituée, c’est une bonne Armée qui va inclure toutes les ethnies du Mali. Moi je me demande si toutes les ethnies du Mali ne sont pas représentées dans l’Armée nationale.’’

Selon elle, “ce n’est pas une affaire d’ethnie, non, le problème est une affaire de quota imposé par les groupes armés. C’est ça le problème. 70% pour les gens du nord ; cet Accord est discriminatoire’’, crie-t-elle. Elle a appuyé les propos de l’un des experts, Monsieur Bagayogo, qui pense que “ce point viole la Constitution’’.

Par ailleurs, elle a fait remarquer un passage de l’Accord qui exige que le président de la République soit tenu de “demander la permission’’ au président régional élu au suffrage universel, au cas où l’État malien voudrait par exemple exploiter une ressource dans cette région. Elle pense que ce n’est pas le terme approprié. “Il doit soumettre sa demande au président régional, qui commande finalement ?’’, s’interroge Madame Aminata qui se demande si l’on était dans une fédération, c’est la partition du Mali.

Dans cet Accord, il est prévu l’instauration d’un Sénat. Elle pense que “c’est un complexe d’infériorité devant le modèle français, parce que le Sénat a échoué au Gabon, le Sénat a lamentablement échoué au Sénégal’’.

“En ce qui me concerne, l’Accord doit-être déposé de côté à ce stade parce que la phase dans laquelle on est arrivé, la dignité malienne est atteinte et viole la Constitution. Cet Accord doit être mis de côté’’, a-t-elle insisté.

Pour elle, il est temps de se mettre ensemble pour discuter. “Que chacun arrive à faire des compromis réels et qu’on aboutisse à un consensus’’. Elle préfère “un Accord élaboré par le peuple malien, et pas un Accord élaboré à l’extérieur par les étrangers, notamment par la France qui vient nous demander de ratifier à l’intérieur du CNT’’.

Aussi, elle a dénoncé la position rangée des experts à part un seul. “Tous les autres sont pour la défense de l’Accord’’.

Tout le monde sait pourquoi on n’aime pas l’Accord, ce n’est pas parce qu’il n’a pas été expliqué aux Maliens, mais c’est parce que le contenu de l’Accord est anticonstitutionnel. Faites en sorte que l’Accord respecte la Constitution ou qu’on dialogue’’, a-t-elle conclu

Kevin Kadoasso  

Source : LE COMBAT

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