Alou Coulibaly en touche pour trois mois : Le maire de la Commune VI première victime du syndrome Moussa Sinko Coulibaly

L’affaire qui défraie la chronique est celle du maire de la Commune VI, Alou Coulibaly. Sanctionné par le ministre des Collectivités territoriales pour immixtion confuse dans sa gestion, l’arbre cacherait la foret. L’ombre du général Moussa Sinko Coulibaly planerait dans cette mise à pied qui est loin d’avoir déballé tous ses non-dits.

C’est à l’issue du conseil des ministres du 24 janvier 2018 que le jeune maire a été suspendu. Une première dans l’histoire du Mali où un élu local est traité de la sorte. Car il s’agit bien des réunions gouvernementales où le chef de l’Etat se prononce sur la suite à donner aux dossiers de la nation. N’oublions pas qu’Alou Coulibaly est élu sous la bannière de l’URD. Un parti familier au président IBK qui promettait de suspendre les 500 millions de F CFA alloués au président de cette formation, chef de file de l’opposition.

Mais on serait tenté de dire qu’un Coulibaly en cache un autre. Allusion faite à Moussa Sinko Coulibaly, celui qui chamboule tout. L’arrivée fracassante du général en question continue de faire des vagues. Car l’arrêt de travail forcé de maire est intervenu dans la foulée du meeting controversé de Moussa Sinko Coulibaly. Prévu pour le 20 janvier 2018, le lancement de la Plateforme pour le changement de Moussa Sinko Coulibaly a eu finalement lieu au terrain de Magnambougou : il avait été autorisé par le maire qui n’a aucun lien de parenté avec lui.

Principalement l’argument diplomatique est mis en avant par la partie gouvernementale. L’élu de l’URD aurait effectué une mission en France avec une dame qu’il aurait introduite dans la liste des partants. Une anomalie constatée par l’ambassade de France qui n’est pas passée inclue. Cette dernière du nom de Rokiatou Touré fut inscrite comme étant une conseillère communale alors qu’elle ne l’est pas. Des indiscrétions disent même qu’ils entretiendraient une relation. Une affaire qui avait été ébruite depuis plus de 3 mois et sans conséquence en son temps.

La faveur municipale accordée à l’ancien directeur de cabinet de l’ex-junte de Kati ressemblerait bien à la raison inavouée de ce repos forcé d’Alou Coulibaly. Car le candidat à la succession d’IBK n’a pas sa langue dans sa poche. On pourrait bien se demander s’il n’est pas en mission commandée vu la situation délicate que vivent ses compagnons du 22 mars 2012, date du dernier coup d’Etat au Mali.

L’affaire a pris des allures politiques avec l’URD qui a donné de la voix. A travers un communiqué et lors de la cérémonie des vœux, la situation a été évoquée par l’honorable Soumaïla Cissé. Il a condamné cette cabale avant de mettre à nu l’affaire du maire de la Commune II Abba Niaré. Cet élu sous les couleurs du RPM, serait embourbé dans une affaire de recrutements illégaux. Un deux poids, deux mesures que ne compte pas laisser passer la famille politique d’Alou Coulibaly.

MOUSSA SINKOU, COMMANDITAIRE INVOLONTAIRE

Les vraies raisons de la suspension qui prendra fin vers mai porteraient autour de l’ancien militaire. L’ex-directeur de cabinet du capitaine Amadou Haya Sanogo, qui détenait jusqu’ici le poste de DG de l’Ecole de maintien de la paix (EMP/ABB) depuis son départ du 2e gouvernement d’IBK, a ainsi pris tout le monde de court, même si certains voyaient en lui un futur acteur majeur de la transition annoncée inéluctable par des observateurs de la scène politique.

Après Kalfa Sanogo, Moussa Mara et des leaders qui ne s’en cachent plus, Moussa Sinko Coulibaly revient dans l’arène politique. Ses piques permanentes en direction du pouvoir ont même fini par irriter Me Baber Gano, secrétaire général du RPM (parti au pouvoir).

Moussa Sinko Coulibaly, au-delà de sa carrière discrète depuis la fin de la transition a une étiquette indissociable de sa personne : celle d’appartenir à la junte au pouvoir après la chute d’ATT. Un groupe désormais mis aux arrêts par le nouveau patron de Koulouba qui avait pourtant prévenu : “Kati ne fera plus peur à Bamako”. Pis, ce sont bien les putschistes de Kati qui ont contribué à l’élection du candidat IBK en donnant des consignes au niveau des casernes.

Dans le camp des partisans des anciens putschistes la frustration est grande : Amadou Haya Sanogo est encore derrière les barreaux et risque d’y rester jusqu’à la fin de la présidentielle en vue. L’incarcération des barons du CNRDRE reste une trahison par ces derniers qui s’attendaient à un retour de l’ascenseur. Il faut noter qu’ils ne s’attendaient pas à ce que la durée de détention de leur mentor et ses codétenus devienne un si long feuilleton judiciaire. Les actions qu’ils avaient entreprises pour se faire entendre ont mis à nu certaines ambitions : faire de Sanogo leur candidat autrement dit finir ce qu’il avait commencé en mars 2012.

A priori, vu qu’il sera finalement non-partant avec le séjour infini en prison, Moussa Sinko Coulibaly pourrait bien combler ce vide. Il est clair que tous les mouvements qui ont soutenu le coup d’Etat de 2012 rallieront l’ancien directeur de l’Ecole de maintien de la paix. Sa candidature en vue, risque d’être une revanche sur l’histoire afin de laver l’affront aux idéaux des putschistes de Kati. Cette démission de Moussa Sinko fait qu’il ne pourra plus longtemps cacher son “jeu”. D’ici là, la liste des probables adversaires d’IBK à la présidentielle, prévue en principe en juillet 2018 vient d’avoir un visage à craindre. Et c’est ce qui finira par voir raison d’Alou Coulibaly, bouc émissaire parfait !

Idrissa Keïta

 

Source: Le Point

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