Mouvement politico-armé pour défendre les peuls : Info ou Intox ?

Un nouveau mouvement politico armé pour la défense des peulhs au Mali, l’information vient de l’Agence France Presse. Des zones d’ombre posent évidemment la problématique  de la pertinence de cette info. Alors, on s’interroge : info ou intox ?

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Les historiens retiendront certainement du Mali des premières décennies du 21ème siècle où tout est en sens dessus – dessous, l’image d’un bateau qui prend l’eau de partout et dont les occupants, au lieu d’essayer de colmater les brèches, jouent plutôt à la sauve qui peut. Dans une telle atmosphère, il y a toujours des « petits malins » qui essayent de tirer leur épingle du jeu en s’autoproclamant messie.

En cette époque d’informations tout azimut, ils ne manquent jamais de correspondants de presse en mal de sensationnel, de scoop, se précipiter vers eux. Ainsi se noue, un drôle de partenariat gagnant-gagnant entre le mégalomane en quête de notoriété et le « grimaud » correspondant de presse à la recherche de scoop.  C’est sans doute, l’interprétation qu’il faut donner à l’annonce faite par l’Agence France Presse (AFP) de la création du Mouvement Politico-armé pour défendre les peulhs dénommé Alliance Nationale pour la Sauvegarde de l’Identité Peulh et la Restauration de la Justice avec un sigle (ANSIPRJ) ;  aussi rébarbatif que sa dénomination!

Malheureusement, les employeurs de ces correspondants, par plaisir ou par cynisme diffusent l’information en y ajoutant quelque fois leur pincée de sel. On oublie dans la plupart du temps que dans leurs informations, qu’il s’agit de la vie de milliers, sinon de millions d’hommes, de femmes et d’enfants.

Si le fameux correspondant s’était quelque peu renseigné, il aurait su que dans la communauté peulh, le fameux Oumar Aldjana ne représente rien et n’est pas connu. Il est certainement un agitateur, recherché par les services de sécurité de son pays et qui a pris la poudre d’escampette. Transformer n’importe quel petit héraut illuminé en héro par la magie des NTIC, sans songer aux conséquences sur la vie de millions de personne, n’est pas, à nos yeux, responsable. On se complait à ce que l’occident veut voir en Afrique : à savoir des guerres tribales partout !

Il y a de cela quelques semaines, un dirigeant politique malien, peulh de surcroît affirmait : les peulhs constituent un trait d’union entre toutes les ethnies du Mali. Ils ont contracté des liens matrimoniaux avec toutes les ethnies du pays. Et comment une telle ethnie peut-elle être aussi bornée pour dire qu’elle va défendre l’identité peulh en s’opposant à l’armée nationale ou des à milices tribales qui seraient armées par l’armée ?

C’est une injure aux peulhs que de leur prêter une telle intention. Combien de peulh existe-il dans les rouages de l’état malien ? Les peuls constituent-ils une minorité au sein de la nation malienne ? Le correspondant s’est-il posé de telles questions ?

Dans toutes les ethnies il y a toujours de « mauvaises graines » avec lesquelles il faut compter. C’est dire que faire du tapage autour de ce soi-disant secrétaire général du AN… n’a aucun sens à nos yeux. C’est plutôt de l’intoxication qu’une information. Que les maliens se mobilisent plutôt pour restaurer l’autorité de l’état qui manque si cruellement partout et pas seulement dans le nord ou le centre du pays.  A court et à moyen termes, ce sera la tâche fondamentale.

Par la suite, cette crise ayant entraîné de véritables fractures sociales, inter et intracommunautaires, il faudrait réapprendre à se parler et à se tolérer pour recoudre cette cohésion millénaire qui a toujours été la force de notre nation. Et cela n’est pas au-dessus de nos moyens, bien que la situation actuelle du pays ne laisse apparaître qu’une infime lueur d’espoir.

Wamseru A. Asama

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Prétendu nouveau mouvement Peulh :

Tabital Pulaku ne reconnait pas

L’agence France presse a fait cas de la création d’une nouvelle plateforme revendicatrice au Mali dénommée Alliance nationale pour la sauvegarde de l’identité peulh et la restauration de la justice (ANSIPRJ). La plateforme serait non jihadiste et non indépendantiste mais viserait seulement à protéger la communauté peulh contre l’armée malienne qui serait son premier ennemi. Motif, l’armée malienne est vue comme cette force qui arme les  milices contre les civils peuls, soutient  Oumar Aldjana à l’AFP.

Alors, dans cette affaire, il reste évident que des points d’interrogations demeurent, surtout que la personnalité de celui-là même à l’origine de toutes ces déclarations, pose problème.  Oumar Aldjana, cité président de Kawral Poulakou, n’est pas un inconnu des services de sécurité maliens. L’homme aurait maille à partir avec la sécurité malienne pour ses agitations, à la limite anarchique.

Aussi, que faut-il penser de la position prise par la grande association peulh, Tabital Pulaku, face à l’aventure de Oumar Aldjana…  Par la voix de son président Abdoul Aziz Diallo,  Tabital Pulaku se désolidarise carrément de l’initiative de Oumar Aldjana. Elle appelle surtout à la retenue et à plus de tacts dans un contexte aussi marqué et délicat que le nôtre.

Seybou KEITA

 

Source: Delta News

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