Au Mali, l’opération « Barkhane » ensablée en terre oubliée

Depuis janvier, les soldats français tentent d’enrayer une menace djihadiste qui se propage dans le Gourma, un territoire du nord malien abandonné par l’Etat.

A l’école de Ouinerden, la poussière semble avoir figé le temps. Sur le bureau du maître, il faut la balayer pour découvrir des listes d’écoliers datant de 2016-2017. L’établissement de ce village du Gourma-Rharous, un territoire du nord malien, proche des régions du centre,a été abandonné de tous. A l’entrée des classes, sur les volets tagués, un dessin enfantin de bras coupé portant un couteau a été gravé dans le fer, comme un témoignage des combats qui ont embrasé la commune, quand la guerre contre les djihadistes s’est déclenchée en 2012 dans le nord du pays.

En sept ans, les combats ont changé de forme. Pour rassurer les populations et déloger les groupes armés, la force française « Barkhane » s’est engagée depuis janvier sur ce nouveau secteur d’opération. « Une ouverture de théâtre… une Terra incognita », résume le colonel Jean-François Calvez, qui commande certaines des opérations de « Barkhane » au nord et compte plus de 600 hommes sous ses ordres. Ce 23 avril, illance une nouvelle opération. Soixante-dix hommes engagés pour quatre jours autour de Ouinerden et de Gossi avec pour objectif de mieux maîtriser cette zone stratégique pour les groupes djihadistes engagés au Sahel.

Pour la plus grande opération militaire extérieure française, il s’agit avant tout de combler le vide. « Ici iI n’y a pas de paix. Ni de Mali. Où est l’Etat ? », s’exclame Abdul Salam Ag Hati en se dirigeant vers ce qui fut la sous-préfecture de Ouinerden. « Les représentants de l’Etat ont peur de venir. Ils sont trop menacés », ajoute le vieil homme, en entrant dans le bâtiment, lui aussi abandonné. Il y a an, le sous-préfet de Ouinerden a été assassiné. Les autorités locales ont déserté, effrayées par cette menace confuse, entre terrorisme et banditisme.

Source: lemonde

 

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