Accord pour la paix : “le volet défense et sécurité bloque la mise en oeuvre”

Plus de trois ans après la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, la mise en œuvre de ce document peine à se réaliser. L’insécurité reste grandissante, les attaques et enlèvement se multiplient. C’est dans ce contexte que la Journée mondiale de la paix est célébrée ce 21 septembre 2018. Selon des responsables de la CMA et la Plateforme, le principal blocage se situe au niveau du concept de « l’armée reconstituée » et de l’intégration de leurs combattants.

La semaine dernière, dans le cadre de la 27ème session du comité de suivi de l’accord, le nouveau ministre de la cohésion sociale, de la paix et de la réconciliation nationale, a annoncé que l’application de l’accord d’Alger n’est pas satisfaisante. Selon lui, les points essentiels de ce document, notamment le « DDR » désarmement, démobilisation et réinsertion n’ont pas connu assez d’avancée. face à cette situation le Conseil de sécurité de l‘ONU a appelé les parties prenantes de l’accord à renouveler leurs engagements dans un nouveau document appelé « pacte pour la paix ».

Cependant des responsables de groupes armés signataires de l’accord pour la paix estiment qu’il y a eu des avancés notoires dans l’application de l’accord. Ils saluent la création d’« un département en charge de la mise en œuvre de l’Accord » à savoir le ministère de la cohésion sociale, de la paix et de la réconciliation nationale. Selon eux, “il faut maintenant aller à l’essentiel” qui consiste selon eux, à donner plus d’informations sur le contenu du document. Ils reconnaissent, toutefois, des blocages concernant le volet défense et sécurité de l’accord.
«On devrait essayer de faire tout un plan tout un programme de communication d’information de sensibilisation » déclare le porte-parole de la CMA, Mohamed Ould Mahmoud. L’objectif, estime-t-il, est d’expliquer aux populations le contenu et les enjeux de l’accord pour la paix ainsi que les blocages de sa mise en œuvre.
Les responsables de la Plateforme, eux, soulignent que les principaux blocages se situent au niveau de deux points. Il s’agit du « concept de l’armée reconstituée » et le problème de quota concernant l’intégration des combattants de la CMA et de la Plateforme, déclare Fahad Ag Almahmoud, Secrétaire général du GATIA, membre de la Plateforme.

Du côté de la société civile, certains ne cachent pas leur insatisfaction du bilan de la mise en œuvre de l’Accord qu’ils qualifient de « document stimulé et suscité » par la communauté internationale. Pour Sbeyti Ag Akado, membre de la société civile, l’accord doit être renégocié pour répondre aux « réelles préoccupations de la population malienne » dit-il.

Selon lui, « le bilan n’est pas élogieux, il est très très en deçà des attentes de la population »« C’est entre les protagonistes même que ça ne marche pas. Ça veux dire que c’est mal parti depuis le départ. La solution c’est de ramener l’accord aux maliens », déclare le responsable de la société civile. Il s’interroge sur les raisons qui ont poussé la Plateforme et la CMA à prendre les armes, parce que selon lui, « tous les maliens ont besoin de justice et de bonne gouvernance ».
Concernant le blocage souligné par les groupes armés au niveau du concept de « l’armée reconstituée»Sbeyti Ag Akado regrette que les groupes armés veuillent, selon lui, une « armée régionale » pour le nord du pays.

En attendant, les acteurs du processus de paix se montrent optimistes quant au retour rapide de la paix et la réconciliation au Mali. Certains des responsables des groupes armés se fixent un délai de « six à neuf mois » pour établir un bilan positif de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix.

Studio tamani

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