Sidiki Diabaté: De « la main de Dieu » à la tête du microcosme musical malien

Véritable preuve d’une  fulguration  de l’afropop, Sidiki Diabaté, l’homme aux doigts magiques et à la voix séduisante,  s’est imposé au premier rang de la génération montante des jeunes artistes africains qui rayonnent au-delà des frontières (Wizkid, Davido, MHD etc.). Parfois victime de critiques pour son français, l’ami de Dj Arafat, le célèbre artiste ivoirien tué le 12 aout 2019, dans un accident de la circulation à Abidjan, a encore de beaux jours devant lui. 

Descendant  du célèbre joueur de la Kora Sidiki Diabaté dont il porte le nom  et fils de Toumani Diabaté (Grammy Award 2006) , la superstar de Tomikorobougou est passée par maints chemins, parfois parsemés de défis, pour se faire ce qu’il est aujourd’hui. Compositeur, producteur et choriste véloce, né le 8 février 1992 à Bamako, le presque trentenaire est aussi roi dans  d’autres instruments tels que le piano et la guitare « Au Mali, on n’a certes pas d’argent .Mais culturellement, on est plus riche que la Chine  » affirmait  l’artiste, le 11 décembre 2019, jour de sa signature par l’Universal Music à l’hôtel Sheraton de Bamako.

 

 « La main de Dieu » 

Le beatmaker de la décennie au Mali. Sidiki Diabaté est la source de l’ascension de plusieurs artistes-musiciens de la nouvelle génération locale qui a eu à s’offrir  une notoriété. Ibrahim Traoré affectivement surnommé Iba One,Youssouf Traoré dit Tal b ou autres figures emblématiques du rap malien en sont des exemples.  Avant de se lancer dans l’industrie de la musique grand public, il s’était surtout concentré sur le rap dans le groupe musical : Génération Rap et Respect qui s’est fragmentée, en 2012 (l’année de l’éclatement de la crise multidimensionnelle qui sévit toujours dans le pays), suite au projet. « On veut la paix » liant l’organisation suscitée à Ghetto Kafry , un autre groupe musical dissident. Tout au long de son parcours émaillé de prestations sur les grandes scènes, l’on ne pouvait s’attendre qu’à une ascension continuelle.

 

2015 a été son année   

C’est l’année qui lui ouvre la porte aux grands exploits artistiques. Neuf ans après sa prestigieuse prestation sur la scène du festival « Images et paroles d’Afrique » en Ardèche, en 2006, alors qu’il n’avait que 14 ans, l’homme devient le chalenger de la musique africaine .Fruit de sa collaboration avec son père ,Toumani Diabaté, à travers l’album titré « Toumani & Sidiki » ,produit en 2014,qui leur ont aussi permis de retransmettre le répertoire ancestral à la jeune génération majoritairement tourmentée par les  hits américains et européens .

Un tandem sauveur de culture donc. Durant la même année (2015),la sortie du titre Inianafin de bena (tu me manques) ayant enregistré plus de 23 000 000  de vues sur Youtube et repris par la star franco-sénégalaise, Bouba, sous le titre « Validée » ; et également le titre « Fais-moi confiance »,  lui offre aussi un escalier. Une chaine de concerts publics à guichets fermés en Afrique et en Europe avec comme exemple  la grande salle de spectacle français, Bercy. Nommé Grammy Award en 2015 suite à plusieurs titres et des prestations qui ont fait bouger la planète, l’homme fort de Diabatéba Music a  aujourd’hui, à son compte : cinq albums, plusieurs dizaines de trophées du Mali et d’ailleurs. Tamani d’or et meilleur artiste chanteur Urbain respectivement 2016 ,2019 au Mali ; PRIMUD 2019 en catégorie, meilleure artiste de l’Afrique de l’Ouest. L’artiste a été aussi un soutien à l’actuel Président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, lors du scrutin présidentiel de 2018.

 

« Le prince des  femmes »

 

Ce sont d’ailleurs les femmes qui l’ont mis en relief. « Quelle fille, star soit -elle, ne rêve pas avoir Sidiki à ses côtés ? » Cette interrogation est d’une jeune fille blonde assise au milieu de ses camarades à Sotuba ACI, le dimanche 05 janvier. Dans les hameaux, les villages ,les villes ou sur les réseaux sociaux où il est suivi par des millions de fans, l’enfant « béni » de la famille, Diabatéla domine  toutes les discussions en lien avec la musique  moderne. Le genre romantique mêlé à  l’instrument traditionnel ,la Kora, lui a permis de se distinguer auprès des femmes comme l’artiste « chouchou ».

 

Un artiste  sociable 

 

Signé, en décembre  2019 par Universal Music Africa, une maison de production incontournable en matière de musiques urbaines sur le continent, le rejeton prodige de la soixante-douzième génération d’une grande lignée de griots de manding (autre appellation du Mali) , est un humaniste, un pourvoyeur du vivre ensemble. « Étant même à ce niveau de notoriété, Sidiki Diabaté ne se voit pas en star face à ses parents et à ses fans. Il est ouvert. C’est un artiste sociable » nous a témoigné un de ses fans. Invité sur le podium le 30 aout 2019 lors de la veille artistique en mémoire de feu Dj Arafat, Sidiki Diabaté a offert son disque de la Platine à la famille de ce dernier mort dans un accident de la circulation sans avoir la distinction intercontinentale dont il revêt tant .

 

« Avant de quitter le Mali, j’ai fait une vidéo pour dire que j’avais une grande surprise pour accompagner mon ami. Il m’appelait ‘’petit frère’’. Il m’a dit qu’il n’avait pas besoin d’argent ni de maison, mais un disque d’or pour les ‘’Chinois’’, hélas il est parti sans avoir eu ce disque», 

Le Ministre ivoirien , H. Bagayogo soulevant le disque de la platine offert par Sidiki Diabaté

 

rappelait  Sidiki Diabaté ce jour devant une foule qui avait pris d’assaut les enceintes du stade Félix Houphouët Boigny avant de remettre son disque entre les mains du Ministre d’État ivoirien, ministre de la Défense, Hamed Bakayoko. « J’offre à mon ami ce disque, car il l’avait promis à la ‘’ chine’’. J’ai travaillé pour avoir ce disque, mais je le donne à la Côte d’Ivoire pour que mon frère aille en paix » lança-t-il. 

Seydou Konaté

Source: Journal le Combat-Mali

 

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