Lien diplomatique entre le Mali et Niger de 1960 à 2021

Il y a 61 ans, jour pour jour, le président de la République du Mali Modibo Keita a effectué
une visite officielle de quelques jours au Niger. A son arrivée à Niamey, il a été accueilli à
l’aéroport par son homologue nigérien Hamani Diori, pour la circonstance avec l’ensemble
des responsables politiques de son pays. Après les honneurs rendus à l’invité de marque, les
deux chefs d’Etat ont pris place dans une voiture décapotable au milieu d’un long cortège,
salués tout le long du parcours par les habitants de Niamey, sortis en masse, criant : « Vive le
Mali », « Vive le Niger » et en agitant les drapeaux des deux pays. Le président du Mali a dit
à la presse que sa visite à Niamey était dans l’ordre normal des choses et devrait même être
faite plus tôt car il payait ainsi une dette du président Hamani Diori, venu en visite officielle à
Bamako en 1962. Concernant les raisons de sa visite d’amitié, Modibo Keita expliqua : « La
première, c’est que le Niger et le Mali sont tous deux des pays de savane et de l’intérieur du
continent africain. La deuxième, Hamani Diori et moi, avons été reçus ensemble à l’Ecole

normale William Ponty et, nous fûmes des enseignants ensemble. La troisième, c’est que
nous avons tous milité ensemble au sein du Rassemblement démocratique africain ».
Le deuxième jour de sa visite, le président Modibo Keita et son hôte se sont rendus à Zinder.
Accueillis avec honneur, les deux leaders ont pris place pour assister à un défilé des
organisations de jeunesse, des élèves, des forces armées et de sécurité.
Modibo Keita et Hamani Diori ont ensuite effectué des visites de terrain en premier lieu dans
les jardins de Muria, de Birni-Zingou. Poursuivant son voyage dans le Niger profond, Modibo
Keita s’est rendu à Guigmi, une circonscription située au bord du lac Tchad. Là-bas, il a visité
une longue digue construite par les habitants pour prévenir les inondations et assisté à la
mise en service d’un puits artésien. Le président Modibo Keita a visité aussi la localité de
Diffa, aujourd’hui au cœur de l’actualité dans le cadre de la lutte contre Boko Haram.
Le président n’a jamais oublié ses contacts avec le monde rural nigérien des leçons
enrichissantes. Modibo Keita en faisant le bilan de sa visite, expliquera qu’il a constaté que
les paysans étaient organisés sous le vocable d’animation rurale. Sur la composition de ses
échanges avec le président nigérien Hamani Diori, Modibo Keita a dit: « nous avons créé
l’Organisation de l’unité africaine, il est important que des contacts assez réguliers aient lieu
entre les chefs d’Etat, en un moment où l’Afrique entre de plain-pied dans la crise de
croissance ». Qui n’a pas remarqué la constance et la fermeté des responsables nigériens à
défendre l’intégrité territoriale de notre pays au plus fort de la crise ? C’était une manière de
prendre les devants pour éviter que le Mali ne serve de mauvais exemple mais c’était
surtout une preuve d’amitié. Il ajouta le président Malien a l’époque.
Existe-t-il toujours ce lien d’amitié entre le Mali et le Niger ?
Le Niger et le Mali partagent des configurations territoriales et des trajectoires historiques
primo qui sont assez similaires. La repetition des rébellions dirigée par des groupes nomades
pose la question des rapports entre centre et périphérie dans ces Etats. Lors de son
investiture, Mohamed Bazoum a dit des propos qui ont mis en colère à Bamako. C’était le 2
avril, au centre Mahatma Gandhi de Niamey, devant plusieurs chefs d’État africains,
notamment le président malien de transition, Bah N’Daw, le nouveau Président du
Niger prêtait serment et détachait ses priorités.

Devant la délégation malienne, Mohamed Bazoum a cité l’État islamique au grand Sahara et
Boko Haram comme les principaux acteurs des violences qui endeuillent le Niger, détruisent
son économie et contribuent à grossir les rangs des personnes déplacées et des réfugiés. «
Ce groupe criminel, dirigé par des ressortissants des pays du Maghreb, a ses principales
bases en territoire malien, dans les régions de Ménaka et de Gao  », dixit le président
nigérien.

« Le combat contre ce groupe   sera très difficile aussi longtemps que l’État malien n’aura pas
exercé la plénitude de sa souveraineté sur ces régions  ». «  La situation actuelle au Mali a un
impact direct sur la sécurité intérieure de notre pays. C’est pourquoi notre agenda
diplomatique sera centré sur le Mali, dans le cadre d’une coordination étroite avec les pays
du G5 Sahel, l’Algérie, la France, les États-Unis et les autres membres permanents du Conseil
de sécurité. Nous devons aider nos frères maliens à s’entendre, à mettre en œuvre l’Accord, à
le dépasser même, à reconstituer leur État en vue de lutter efficacement contre le terrorisme
», a ajouté Mohamed Bazoum. À Bamako, les propos du président Bazoum ont suscité
l’indignation chez certains.

Ce n’est pas la première fois que des propos tenus au plus haut sommet de l’État nigérien
heurtent Bamako. En août 2019, dans une interview accordée à Jeune Afrique, Mahamadou
Issoufou, président du Niger à l’epoque, avait affirmé : « Le statut de Kidal, au Mali, nous
pose problème. Kidal est un sanctuaire pour les terroristes, et ceux qui nous attaquent s’y
replient souvent. Kidal est une menace pour le Niger et il faut impérativement que l’État
malien y reprenne ses droits.  » Des propos répétés lors d’une visite au Mali quelques mois
plus tard.

Aujourd’hui les relations entre le Mali et le Niger ne sont pas au beau fixe, pour ne pas dire
qu’elles sont très tendues, ce qui nous permet de poser la question suivante : Les incidences
diplomatiques à répétition arriveront-elles à bout du lien d’amitié entre le mali et le Niger ?
ASSITAN DIAKITE

Source: L’Alternance
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