DR. BREMA ELY DICKO, SOCIOLOGUE : « LES AFFICHAGES DE CAMPAGNE SONT DÉSORDONNÉS »

Le chef du département sociologie et anthropologie à l’Université des lettres et des sciences humaines de Bamako (ULSHB), Dr. Bréma Ely Dicko, regrette le désordre dans les affiches de la campagne présidentielle du 29 juillet 2018. Selon lui, les plaques de signalisation sont très utilisées comme support publicitaire par les candidats à la conquête du Koulouba. Or, cela ne se doit pas.

 

Le Focus : Quel est votre point de vue sur la campagne présidentielle ?

Dr. Bréma Ely Dicko : On voit que les affiches sont désordonnées. Des plaques de signalisation sont très utilisées comme support publicitaire pour un candidat à la présidentielle. C’est de l’incivisme. Je pense que les candidats doivent veiller sur deux choses : premièrement faire des affiches et deuxièmement respecter au moins les usagers de la route. Il y a des espaces réservés pour ces genres de publicités au Mali. Normalement, les candidats doivent travailler avec l’Agence malienne de la presse et de la publicité (Amap), éventuellement avec d’autres agences publicitaires qui ont des panneaux publicitaires dédiées à cet effet. Que ça soit des panneaux lumineux ou physiques, il est important que cela soit respecter par tous les candidats.

A mon avis, le ministère des Transports doit veiller à enlever et à interpeller qui de droit pour que les panneaux de signalisation restent des panneaux de signalisation. Que cela ne soit pas utilisé. Il faut même penser à les sanctionner. Après, les candidats pourront dire, c’est la faute à nos militants mais de toute façon les militants sont sous la responsabilité des candidats. Les bureaux politiques de chaque candidat doivent veiller à respecter les affiches au bord de la route, dans les rues, etc. Ces actes d’incivilité, on les voit chez tous les candidats.

En plus, quand vous regardez les affiches, les différents slogans renvoient un peu à restaurer l’espoir, à faire du Mali un pays émergent… Le Mali semble être au cœur des préoccupations des différents candidats, peu importe leur bord politique. Ensuite, on voit les candidats dans différentes positions. Tantôt, les mains sont élevées vers le ciel. Pour parler de l’émergence, tantôt, il y a un sourire mais aussi il y a des tristesses qu’on peut lire sur le visage de certains candidats. En tout cas, chacun essaye d’utiliser une image qui caractérise soit son slogan ou son projet de société. Tout cela montre l’engouement des uns et des autres pour la campagne électorale.

 Le Focus : Que pensez-vous des slogans « Boua ka bla«  ou « Boua ta bla« , très utilisés par les militants de la majorité et de l’opposition malienne ?

Dr. Dicko : C’est un peu d’enfantillage. Vous avez, on ne peut pas faire une campagne présidentielle dans un pays normal et se résumer au slogan : le vieux doit céder ou il ne cédera pas. C’est-à-dire, on doit dépasser à ce stade. Nous devons mettre en avant, quelques aspects comme inciter les Maliens à aller retirer leurs cartes d’électeurs et surtout  convaincre les électeurs par les projets de sociétés. Ils doivent nous montrer qu’ils sont meilleurs que Boua. Secundo, c’est vraiment nécessaire d’aller voter le 29 juillet 2018. Aujourd’hui, quand vous discutez avec des gens, vous verrez que les indécis sont nombreux. Pourquoi sont-ils indécis ? En réalité, ils sont fatigués par ces discours bipolaires, qui à l’évidence ne rehaussent pas le niveau du débat politique dans notre pays.

 Le Focus : Avez-vous un message aux candidats pour Koulouba ?

Dr. Dicko : S’il y a un message, ce qu’ils (les candidats) arrêtent de vilipender le pouvoir. Ils doivent montrer ce qu’ils peuvent faire de mieux une fois président de la République. Qu’ils mettent un accent particulier sur leurs projets. Et qu’on cesse le jeu de dénigrement que j’ai toujours considéré comme un enfantillage qui n’avance pas le débat politique malienS’il y a 24 candidats, il n’y a pas 24 Mali. Il n’y a qu’un seul Mali.

Qu’est-ce que chacun d’eux peut faire pour le Mali ? La violence n’est pas une solution. C’est un outil de l’ignorant. Sinon, le tigre n’a pas besoin de bavarder pour montrer sa tigrité. Si tu es sûr que ton candidat est le meilleur, tu dois montrer en quoi, il est meilleur, argument contre argument pour amener les indécis à voter. Ça, c’est le rôle d’un bon militant politique au lieu de perdre vos temps Boua ka bla ou Boua ta bla.

Encore, j’insiste fortement, il est très important que les candidats et les militants des partis encouragent les citoyens à retirer leurs cartes d’électeurs. Après, les candidats doivent expliquer leurs projets en français et en langues nationales partout du Mali pour permettre à tous les Maliens de connaitre « le vrai projet de changement« .

Propos recueillis par Hamissa Konaté

Le Focus

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