Baba Sarmoye Cissé, responsable du Pôle Jeunesse Emploi du « RNMAPS » : « les jeunes qui veulent créer leurs entreprises ne sont pas soutenus par l’Etat »

Le Réseau Multi Acteurs de la Protection Sociale « RNMAPS-Mali » était face aux jeunes, samedi dernier à la Maison de la Presse. C’était pour débattre de la problématique de l’emploi décent et de l’amélioration des revenus sur les métiers porteurs. A l’occasion, nous avons eu un entretien avec Baba Sarmoye Cissé, responsable du Pôle Jeunesse Emploi du Réseau Economie Sociale et Solidaire (RNMAPS).

Quels sont les objectifs de votre réseau ?

Nous travaillons dans le cadre de la promotion des entreprises sociales. Nous avons dit qu’il faut se donner les moyens d’apporter l’information. Ce qui fait qu’au sein de notre réseau, on a créé le Pôle  Jeunesse Emploi. Ce pôle mène des activités de sensibilisation sur la culture entrepreneuriale, donc, nous sommes aujourd’hui dans 30 établissements,  à travers le Mali, en fonction de nos activités et  de nos intérêts.

Avez-vous des projets de créations d’emploi pour les jeunes ?

Notre mission, c’est surtout des projets de sensibilisation, pas des projets typiques, mais, nous organisons les jeunes de façon à ce qu’ils se mettent ensemble pour pouvoir imaginer un projet. Nous les appuyons dans le cadre du renforcement des capacités, nous les appuyons également dans le coaching.  Nous avons une caisse qui permet d’appuyer  les jeunes à un taux minime, par rapport aux autres systèmes financiers de la  place.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?

Les difficultés, l’Etat en est d’abord, responsable, parce que le système éducatif a un problème. L’Etat a mis en place beaucoup de dispositifs pour avoir accès à l’emploi, mais pas une véritable coordination entre ces structures. On a tantôt parlé de l’APEJ, du FAFPA, etc. Dans l‘ensemble de ces structures, il n’y a pas une coordination qui permette aux jeunes d‘avoir accès tout de suite aux informations. Il y a aussi le problème de la fiscalité. Des jeunes qui veulent créer leurs entreprises, qui ont des idées, qui commencent même, mais, l’Etat ne leur facilite pas l’accès au crédit. Quand les jeunes vont à la banque, ils ne sont pas soutenus,  ensuite, il y a aussi les impôts, ce sont ces facteurs qui empêchent les jeunes de développer leurs entreprises.

Avez-vous des remarques à faire ?

Il faut faire de telle sorte que les jeunes aillent vers l’information, que l’Etat aussi fournisse un effort pour aller vers les jeunes. Il ne s’agit pas de faire des communiqués à la radio, il faut descendre à travers des programmes de sensibilisation vers les jeunes dans les lieux de travail, organiser des journées de sensibilisation dans les écoles, dans les marchés, un peu partout pour permettre aux jeunes de prendre en main les choses qui sont  à leur disposition, par rapport à leur travail.

Pourquoi n’y a-t-il pas eu  de mobilisation pour cette rencontre ?

On l’a organisé de façon très hâtive. C’est aussi, toujours le problème des jeunes. Nous ne voulons pas des jeunes qui vont venir nous demander des frais de déplacement. Nous disons  qu’il faut changer cette mentalité. Si quelqu’un cherche de l’emploi, il faut qu’il s’en donne les moyens. On a créé le cadre,  les experts qui  sont venus, sont là pour   partager leur expérience, on ne les paie pas. C’est une contribution pour les jeunes, donc nous pensons que les jeunes, aussi, doivent fournir l’effort nécessaire pour venir assister, afin d’avoir des informations. Il y a des ouvertures pour les jeunes, pour accéder aux informations,  nous avons voulu cultiver l’esprit de sacrifice. En Europe, par exemple, si tu  organises ce genre d’activités, les jeunes partent voir leurs parents pour payer des frais d’inscription. Au Mali, on organise ces ateliers gratuitement. Nous souhaitons que ces jeunes viennent, qu’ils puissent comprendre, mais ils ne viennent pas, parce qu’ils se disent qu’il n’y a pas de « perdiems », je crois que l’histoire de ces « perdiems » est une des causes qui bloque l’information. Toutes les structures, généralement, donnent  3000 F, 5000F par jeune, du coup, aujourd’hui les jeunes ne sont pas motivés. Nous, on veut casser ce mythe. Même si c’est vingt jeunes, on va travailler avec eux et ils seront nos ambassadeurs auprès des autres jeunes. On peut vous assurer que d’ici l’atelier prochain, vous verrez qu’il y aura beaucoup plus de jeunes, parce qu’on travaille avec des jeunes déterminés, qui savent pourquoi ils sont là.

Propos recueillis par Baba Dembélé 

Source: Journal le Canard Déchaîné

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