Alain Maufinet, auteur de Les larmes du désert, à propos de la crise malienne : « Le mal qui ronge le Mali est surtout lié aux corruptions qui minent la société »

Auteur de plusieurs ouvrages dont le dernier Les larmes du désert, Alain Maufinet nous livre, dans cette interview qu’il nous a accordée,  la quintessence de son  dernier roman qui dépeint les réalités du Sahel. Un livre qui dévoile la porosité des frontières de ces pays. M. Maufinet nous livre également son ressenti des causes ainsi que des solutions possibles à la situation que connait le Sahel. Lisez l’interview !

Le Pays : Pouvez-vous vous présentez à nos lecteurs? 

Alain Maufinet : Comme un guide dans un monde où les phrases sont des cités et des paysages, où les idées remplacent les véhicules.

Je propose un voyage, pour entraîner par la main ceux et celles qui veulent bien me suivre pour quelques heures, quelques jours.

Vous êtes auteur de plusieurs livres publiés souvent sous le nom Alain Badirac et souvent sous votre vrai nom. Comment expliquer ce changement de nom? 

J’ai eu un nom de Plume, Alain Badirac, pour mes trois premiers romans et mon recueil de nouvelles.

Ce nom est lié à un village de ma région d’origine, Baliracq-Maumusson, commune située dans les Pyrénées-Atlantiques.

Présentez-nous alors vos principales œuvres

Passion clair-obscur : Homme de l’ombre, Paul se ressource parfois dans un cloître de livres. Un matin, sonne le téléphone. Sylvie qui a disparu depuis sept ans, vient de ressurgir. Leur flamme d’antan semble renaître. Un regard vert pomme, et Paul replonge au cœur de son passé.

La pluie soleil : Arnaud, jeune français, en voyage vers l’île Maurice, croise une femme d’affaires américaine. Claire est plus âgée que lui. Étudiant, il est venu se détendre. Fortunée, elle est venue se ressourcer. La magie de l’île les enveloppe. Ils négligent les dangers qui les entourent.

Les griffes de la vie : Marlène et Pierre se croisent lors d’un soulèvement en Afrique. La destinée les sépare. Pierre change de vie, devient mercenaire et retrouve par hasard Marlène. Ils se marient mais Pierre s’évapore lors d’une mission lointaine. Cette fois, c’est Marlène qui disparaît en Somalie.

Souffles de vies : Recueil de huit nouvelles aux sujets variés. Deux furent récompensées dans le cadre d’un concours national d’écriture : « Lire en fête au cinéma. »

Le dernier : Les larmes du désert (avec mon nom) : Après avoir connu la faillite, Ronan quitte son pays. Il avait connu la loi de l’argent. Prisonnier au Mali, il doit subir la loi du plus fort. Entouré par les rivalités de bandes rivales aiguisées par les narcotrafics, une mystérieuse jeune femme lui permet de s’évader des griffes de ses ravisseurs.

Pourquoi le titre “Les larmes du désert “? 

Le titre est lié aux déboires de mon personnage principal, Ronan, et à la situation du désert ouvert aux trafics et aux conflits continuels.

À lire ce roman,  pour qui connait la situation du Mali, vit immédiatement la montée en puissance du terrorisme dans ce pays, voire dans le Sahel,  depuis 2012. S’agit-il d’un vécu que vous racontez à travers le personnage principal, Ronan?  

Je me suis inspiré de faits et de situations réelles des années, dans l’ensemble des pays et des régions que traversent Ronan. Je suis venu au Mali et en Mauritanie pour la première fois en 1998. Je dirais que l’on pourrait très bien avoir vécu les tranches de vies de mes personnages, fin 2009.

Nous savons que les réalités de ces pays n’ont pas changé et ne font que s’aggraver,  faisant fuir des touristes craignant le sort de Ronan.  Pour une sortie de ces crises,  que préconisez-vous en tant qu’ancien militaire?  

Question très difficile. Je livre ici quelques ressentis et une très modeste amorce de préconisation qui n’engage que moi.

Le mal qui ronge votre pays est surtout lié aux corruptions qui minent votre société. L’unité des différentes populations est fragile et les rivalités sont attisées par ceux (de l’intérieur ou de l’extérieur) qui veulent asseoir leur fortune et leur puissance. L’argent facile (de la drogue ou des trafics) déstructure la jeunesse et les frontières du désert sont difficiles à contrôler vers certains pays voisins très instables.

Un destin commun s’impose, mais comment le faire naître et comment lui donner de la force ? Je pense que cette volonté doit naitre localement en respectant la plupart des différentes sensibilités de vos populations. Elle doit s’appuyer sur la force et le droit local et international, pour combattre les corruptions, sans abus, sans renier le passé, sans rejeter un pays ou un peuple. On avance ensemble pour un projet commun et durable, mais ensemble contre « d’autres » ne s’inscrit pas dans la durée.

Un peu utopique comme réponse, je l’admets, mais rien ne naitra en subissant.

Quel sera votre dernier mot? 

Un évènement, un souvenir surgit, une histoire commence. Un écrit se développe comme une plante, des idées nouvelles le font croître. Quelquefois il s’étiole, et peut disparaître.

L’écriture représente pour moi une évasion, dans un monde où tout peut se maîtriser où tout semble possible.

Réalisée par Fousseni TOGOLA

Source: lepays

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