Ouïghours: de nouvelles tensions entre les États-Unis et la Chine

Sur fond de tensions commerciales, la Chambre américaine des représentants a voté une proposition de loi visant à sanctionner des responsables chinois.

 

Alors que les relations entre la Chine et les États-Unis sont toujours tendus, la situation pourrait s’envenimer. La Chambre américaine des représentants a approuvé mardi à une écrasante majorité une proposition de loi appelant le président Donald Trump à imposer des sanctions contre de hauts responsables chinois, en réponse aux “détentions arbitraires de masse” des musulmans ouïghours. Le texte doit encore être approuvé au Sénat, où il devrait aussi rencontrer un grand soutien, avant d’être envoyé à Donald Trump pour qu’il accepte ou non de le promulguer.

“Aujourd’hui, la dignité et les droits humains des Ouïghours sont menacés par les actes barbares de Pékin, qui sont une insulte à la conscience collective mondiale”, a déclaré dans l’hémicycle la présidente démocrate de la Chambre, Nancy Pelosi, avant le vote. “Nous envoyons un message à Pékin: l’Amérique observe et ne restera pas silencieuse”. En pleine guerre commerciale entre Washington et Pékin, les relations se sont encore tendues entre les deux pays la semaine dernière avec la promulgation, par Donald Trump, d’une loi de soutien aux manifestations pro-démocratie qui secouent Hong Kong.

Des “centres de formation professionnelle”

Le texte approuvé mardi à la Chambre appelle le président des Etats-Unis à imposer des sanctions à de hauts responsables dans le Xinjiang, région du nord-ouest de la Chine où des experts et des organisations de défense des droits humains accusent Pékin d’avoir interné dans des camps jusqu’à un million de musulmans, principalement d’ethnie ouïghoure. Pékin récuse ce chiffre et évoque des “centres de formation professionnelle” destinés à lutter contre la radicalisation islamiste, en réaction à une série d’attentats sanglants attribués ces dernières années à des militants ouïghours.

La proposition de loi exhorte également le département d’Etat à établir un rapport sous un an sur la situation dans la région, et le ministère du Commerce à interdire certaines exportations, notamment de matériels pouvant aider aux systèmes de reconnaissance faciale. Le Sénat, à majorité républicaine, avait adopté à l’unanimité en septembre une version différente de cette proposition de loi, présentée par le républicain Marco Rubio.

Mardi soir, il a salué le vote de la Chambre et déclaré avoir “hâte” de travailler avec les sénateurs pour que cette proposition “soit adoptée et envoyée au président”. Le démocrate Bob Menendez, numéro deux de la commission des Affaires étrangères est allé dans le même sens, laissant augurer d’une adoption au Sénat. “Le gouvernement chinois et le parti communiste travaillent pour éradiquer systématiquement les identités culturelles et ethniques des Ouïghours et d’autres minorités musulmanes dans le Xinjiang”, a affirmé Marco Rubio, un soutien du président Donald Trump.

“Calomnie” et “vive indignation”

Pékin dément ce chiffre et parle de “centres de formation professionnelle”, destinés à aider la population locale à trouver un emploi et ainsi à l’éloigner de la tentation de l’islamisme et du terrorisme. Des attentats attribués à des militants ouïghours ont endeuillé la Chine pendant de nombreuses années. Le gouvernement, qui accuse des “séparatistes” et des “jihadistes”, a répondu en imposant une sécurité draconienne au Xinjiang — grand comme trois fois l’Espagne et frontalier notamment avec le Pakistan et l’Afghanistan.

Pékin a exprimé mercredi sa “vive indignation” après le vote de la Chambre des représentants, l’appelant à “corriger son erreur” et ne pas “s’immiscer dans les affaires intérieures chinoises”. Le projet de loi américain “calomnie de façon arbitraire les efforts de la Chine en matière de déradicalisation et de lutte antiterroriste”, a indiqué Hua Chunying, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. “La Chine répliquera en fonction de l’évolution de la situation”, a-t-elle souligné dans un communiqué, sans offrir de précisions. Les Ouïghours constituent l’une des 56 ethnies recensées en Chine. Principalement musulmans, parlant pour la plupart une langue turcique, ils constituent un peu moins de la moitié des 25 millions de personnes vivant au Xinjiang.

Source: lepoint

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