ONU: le mandat de la Minusma divise la Russie et les USA

Le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni le mardi dernier sur la situation politique, sécuritaire et sanitaire du Mali, y compris les activités de la Mission multidimensionnelle des Nations Unies pour la stabilisation du Mali (MINUSMA). Lors de ces échanges, les USA très peu satisfaits des résultats sur le terrain songent déjà à un retrait éventuel de la MINUSMA. Pour la Russie, au stade actuel, il est prématuré d’envisager la réduction de ses effectifs.

 

À cause de la pandémie du coronavirus, le Conseil de sécurité des Nations unies s’est réuni le mardi 7 sur le Mali dans un format inhabituel, à travers une vidéoconférence. Les 15 membres du conseil de sécurité ont participé à la rencontre. Lors de ce conseil, le Chef de la MIMUSMA, M. Mahamat Saleh Annadif, présentant le dernier rapport du Secrétaire général, a rappelé les deux priorités de l’ONU au Mali : la mise en œuvre de l’accord pour la paix et l’appui au cadre politique de la gestion de la crise dans le centre.

Dans la mise en œuvre de l’accord pour la paix, il a noté des progrès comme le redéploiement des premières unités des Forces de défense et de sécurité maliennes reconstituées dans le nord, la visite du Premier ministre dans les régions du nord, la reprise des activités du Comité de suivi de l’Accord, la tenue de l’atelier de haut niveau sur l’inclusion des femmes et le premier tour des élections législatives.

S’agissant de la deuxième priorité, le Représentant spécial a cité la poursuite de l’opération Buffalo pour une meilleure protection des civils et des initiatives de dialogue et de réconciliation par les autorités maliennes. De même, il a salué la visite du Premier ministre dans des localités du centre et s’est dit souligné de voir la MINUSMA fournir son appui logistique à la Force conjointe du G5 Sahel.

Toujours sur le volet sécuritaire, la France s’est félicitée de la dynamique créée par le Sommet de Pau qui a été l’occasion de réaffirmer sa détermination et celle des pays du G5 Sahel à lutter contre le terrorisme et à rétablir la paix, la sécurité et le développement dans la région. Mettant l’accent sur l’importance de la bonne gouvernance, la France a expliqué que la coalition pour le Sahel a été mise en place pour mieux intégrer la lutte contre le terrorisme, la mise en place de capacités nationales, le retour de l’État et les programmes humanitaires et de développement.

Malgré ces progrès, les États-Unis ne sont satisfaits des résultats sur le terrain. Pour le pays de Donald Trump, la situation sécuritaire continue de se détériorer, de graves violations des droits de l’homme sont toujours commises et l’Accord d’Alger est loin d’être pleinement appliqué. Et, l’approche des discussions sur le renouvellement du mandat de la MINUSMA prévu en juin, le Conseil de sécurité doit réfléchir aux raisons pour lesquelles la situation continue de se détériorer si rapidement et aux changements qui devraient être apportés au mandat pour atteindre plus efficacement les objectifs de la Mission, a indiqué le représentant des Etats Unis. Il a ajouté que le nouveau mandat doit en outre encourager le Gouvernement du Mali et les groupes armés signataires à mettre en œuvre rapidement l’Accord de paix d’Alger pour que la MINUSMA puisse commencer son retrait éventuel.

Pour les États-Unis, la MINUSMA a atteint un point critique et nous devons déterminer maintenant et avec réalisme ce qu’elle peut accomplir face à une menace terroriste croissante, à la fois asymétrique et mouvante.

Pour sa part, la Fédération de Russie a estimé que le cours des événements au Mali au cours des trois derniers mois reflète une image mitigée. Toutefois, contrairement aux États unis, la Russie a plaidé pour un appui global à la MINUSMA, en particulier dans une situation où elle doit remplir son mandat sur deux fronts à la fois -au centre et au nord du Mali. Pour elle, il est évident qu’au stade actuel, il est prématuré d’envisager sa réduction avant de préciser que l’adaptation de la MINUSMA doit s’effectuer dans le strict respect du mandat prévu par la résolution 2480 (2019) du Conseil de sécurité.

Par Sikou BAH

INFO-MATIN

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