Mali : Face à une junte hostile, le gouvernement français veut reconfigurer son dispositif militaire

ARMEE Cette décision devra être prise conjointement avec ses partenaires européens et africains

 

Pour le gouvernement, les modalités de la présence des forces françaises au Mali ne sont actuellement plus tenables. « Vu cette situation, vu la rupture du cadre politique et du cadre militaire (au Mali), nous ne pouvons pas rester en l’état », a averti le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian sur la radio RTL. La raison ? Des « entraves » croissantes à la mission des « forces européennes, françaises, internationales » de la part d’une  junte malienne de plus en plus hostile.

Les relations entre les Européens et cette junte sont devenues exécrables entre les Européens et la junte malienne notamment depuis qu’elle a fait appel aux services du sulfureux groupe de mercenaires russes Wagner. Cette dernière a également remis en cause les accords de défense liant Bamako à Paris et vient d’exiger des forces danoises, venues grossir les rangs du groupement européen de forces spéciales Takuba, de quitter le pays. Une « humiliation », jugent plusieurs sources françaises proches du dossier.

Les forces spéciales Takuba à la merci de la junte

Toutefois, une éventuelle reconfiguration du dispositif militaire français et européen sera « une décision collective » après « des discussions et avec nos partenaires africains et avec nos partenaires européens », a prudemment souligné le chef de la diplomatie française, sans prononcer le mot de retrait. Depuis six mois, la France a entamé une réarticulation de son dispositif militaire au Mali, en quittant ses trois bases les plus au nord. Ses effectifs, de plus de 5.000 militaires au Sahel l’été dernier, ont commencé à décroître, avec l’objectif affiché de n’en garder que 2.500 à 3.000 d’ici 2023.

Une réduction de voilure compensée par l’arrivée de renforts européens au sein du groupement de forces spéciales Takuba, créé à l’initiative de Paris pour partager le fardeau au Mali et recentrer les efforts sur l’accompagnement au combat des soldats maliens. Symbole d’une Europe de la défense chère à Emmanuel Macron, ce groupement est aujourd’hui dépendant du bon vouloir de la junte malienne pour continuer à exister. Les prochains contingents européens à venir sont à la merci d’une interdiction de se déployer.

Un retrait français n’est « pas à l’ordre du jour »

Les obstructions répétées de la junte, qui surfe sur un sentiment anti-français croissant dans la sous-région, pourraient finir par poser la question d’un retrait français du Mali, où Paris est engagé militairement depuis 2013, au prix de 53 morts et de milliards d’euros. Le désengagement des 2.500 militaires français déployés au Mali « prendra des mois si tant est que ce soit décidé », mais ce n’est « pas à l’ordre du jour à ce stade », a seulement commenté vendredi l’état-major, en constatant : « à aucun moment les autorités maliennes ne nous ont dit “nous ne voulons plus des forces françaises” ».

Sur le terrain, malgré neuf ans de présence ininterrompue, les groupes djihadistes affiliés à Al-Qaïda ou au groupe Etat islamique ont conservé un fort pouvoir de nuisance malgré l’élimination de nombreux chefs. Et les violences se sont propagées au Burkina Faso et au Niger voisins, avant de descendre vers le sud, dans le nord de la Côte d’Ivoire, du Bénin et du Ghana.

La France réaffirme à cet égard être fermement décidée à poursuivre la lutte antidjihadiste dans la région. « Il faut poursuivre le combat contre le terrorisme (…). Il s’est diffusé dans toute la région », a fait valoir Jean-Yves Le Drian. « Il faut nous organiser pour continuer à combattre le terrorisme avec tous ceux qui veulent bien le combattre avec nous ».

Source : 20 Minutes
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