Les manœuvres de la Russie pour accroître son influence en Afrique

Comme d’autres grandes puissances, Moscou s’intéresse au continent africain, mais avec une approche différente, selon une enquête du journal britannique “The Guardian”.

 

Equipements militaires, services de sécurité, conseils politiques… La Russie cherche à se rendre indispensable en Afrique. La mission est dirigée par Evgueni Prigojine, un homme-clé du Kremlin, affirme The Guardian. Le journal se base sur des documents divulgués par The Dossier Center, une plateforme d’investigation basée à Londres et financée par l’opposant et homme d’affaires russe en exil, Michael Khodorkovsky.

De nouveaux amis

Le retour de la Russie sur le Continent s’est amorcé fin 2014 après les sanctions occidentales consécutives à l’annexion de la Crimée. Moscou cherche de nouveaux partenaires et de nouvaux débouchés commerciaux. Avec ses richesses et ses fragilités, l’Afrique semble répondre aux attendus du moment. En moins de trois ans, des amitiés géopolitiques sont nouées avec une dizaine de pays.

Coopération militaire

La Russie s’implante en Afrique en mettant en avant son aide et son expertise militaire. L’exemple le plus frappant est celui de la République centrafricaine avec le déploiement d'”instructeurs” censés former les soldats de l’armée et assurer la sécurité dans le pays. Il s’agit d’agents de la société privée Wagner financée par l’homme d’affaires russe Evgueni Prigojine. Cette approche permet surtout à Moscou de bénéficier des concessions minières, selon les documents confidentiels cités par The Guardian.

Conseils et stratagèmes

La Russie travaille aussi à renforcer le pouvoir politique de ses nouveaux alliés. Au programme : conseils et manipulations médiatiques. Au Soudan, par exemple, des spécialistes russes ont élaboré un plan de réformes en 2018 pour maintenir Omar el-Béchir au pouvoir, mais ce dernier n’aurait pas suivi les avis russes. Le plan visait aussi à discréditer les manifestants anti-régime en les présentant comme des “anti-islam”, des “pro-israéliens”, des “proLGBT” via de fausses informations, comme le dévoilent les documents.

“Agents d’influence”

Un autre chapitre intitulé Le Monde africain recommande de constituer une base de données sur les Africains vivant aux Etats-Unis et en Europe. Une liste qui pourrait être utilisée pour former les “futurs dirigeants” et les “agents d’influence”, explique l’enquête du Guardian. Des ONG et des médias, présentés comme panafricains et indépendants, ont été créés dans des pays africains. Ils sont en général très critiques vis-à-vis de la politique africaine de la France. On citera par exemple Africa Daily Voice, dont le siège est au Maroc, et Afrique Panorama, basé à Antananarivo, la capitale malgache.

Tous ces projets sont financés par l’oligarque russe Evgueni Prigojine. C’est lui qui  finance l’Internet Research Agency de Saint-Pétersbourg, une fabrique de fausses nouvelles, accusée d’avoir participé à la manipulation des élections américaines en 2016 et qui continue d’instrumentaliser les réseaux sociaux au profit du président Poutine.

Sourcefrance tv info

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