Histoire : … d’un poseur de piège

Le vieux Sidibé, agriculteur de son état, a pris sa retraite depuis maintenant 10 ans.

(image utilisée juste a titre d`illustration).

 

Domicilié à Yirimadjo, et âgé de 69 ans, il est marié à 2 femmes et père de 12 enfants. Respecté par tous les voisins à cause de son âge et pour sa conduite sans reproche, D. Sidibé est aussi un des plus fidèles à la mosquée du coin. Seulement, depuis Mars, le vieil homme, par ses choix alimentaires capricieux, est devenu de plus en plus insupportable pour ses enfants et ses épouses.

En effet, les enfants du Vieux qui constituent les principaux supports de la famille, sont obligés, tour à tour et chaque jour, depuis le 1er Avril dernier, de débourser la somme de 2 500 Fcfa pour l’achat d’un lapin. Et pour cause. D. Sibibé, ne veut manger autre chose au déjeuner que du lapin bien frais.

Au grand soulagement de la famille, voilà que, depuis une semaine, le vieux n’exige plus du lapin acheté. Il a confectionné lui-même un piège et l’a « installé » quelque part dans un jardin.

Là-bas, a-t-il confié à sa famille, les lièvres sont légion. Et, depuis, tous les matins, vers 5 heures du matin, D. Sidibé, après la prière à la mosquée, revient à la maison avec un « lièvre » dépecé et prêt à être préparé. De l’animal donc, personne n’aura jamais vu ni peau, ni tête, ni pattes.

Mais ce 18 septembre, les « chasses réussies » du vieux Sidibé ont pris fin. Avec elles, ses caprices à vouloir manger du lièvre.

Il était, en effet, 3 heures du matin, quand la famille du vieil homme a été alertée par un vacarme dans la chambre du père. Un vrai combat semblait s’y dérouler.

  1. Sidibé était-il face à un bandit qu’il tentait de coincer ? Avait-il perdu la tête ?

Sans hésiter, les enfants enfoncèrent la porte.

Le vieux père était toujours en train de se débattre dans l’obscurité.

Grâce aux lumières des torches, la famille, aidée par les voisins tous armés de bâtons et de gourdins, a dû retenir son ardeur en découvrant le spectacle.

Point de voleur dans la chambre !

Mais plutôt un gros chat qui immobilisait le vieil homme, enfonçant ses crocs dans sa jambe.

Etendu à même le sol, non loin de son piège que l’on imaginait au « jardin »,  D. Sidibé ne bougeait plus.

Foudroyé par les coups de gourdins et bâtons, l’animal lâcha alors prise.

Fort heureusement, D. Sidibé était bien vivant. Il était resté immobile pour calmer l’animal afin d’en être débarrassé.

Le vieil homme a été conduit dans un centre sanitaire pour faire soigner sa plaie et se faire administrer des injections contre la rage et le tétanos.

Notre chasseur refuse cependant, de reconnaître que tous les « lièvres » qu’il avait « chassés » jusqu’à ce jour, n’étaient que des chats qu’il attrapait dans sa propre chambre, à l’aide du piège qu’il plaçait devant la fenêtre par laquelle rentraient les félins.

Il soutient plutôt, que ce sont des « Djinn » qui ont dû ramener le piège renfermant le gros matou. Car lui, l’a toujours placé dans le jardin ».

« C’était toujours des lièvres que j’attrapais dans mon piège » continue-t-il de marteler.

Mais dans cette zone, soutiennent de leur côté des paysans, il n’y a jamais eu de lièvres.

De toutes les manières, lièvre ou chat, D. Sidibé est actuellement friand de viande de bœuf. Et personne dans la famille, (même pas ses petits enfants)  ne peut prononcer le mot “lièvre” ou “chat” en sa présence.

 

Boubacar Sankaré

Le 26 Mars

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