Notre mali comme il va : Le Mali dans la scoumoune IBK

Ce vendredi 22 mars, le Groupement des leaders religieux musulmans, sous la houlette d’Ousmane Madani Haïdara, appelle toute la communauté à une grande prière à la grande mosquée de Bamako, pour, dit-on, la paix et la cohésion sociale.

 

Reflexe naturel d’une communauté et d’un peuple en pleine tourmente et qui voit en l’omnipotence et la miséricorde divines le recours absolu. L’heure est, en effet, très grave et le ciel n’est pas loin de nous tomber sur la tête entre l’agitation et la colère sociales qui ne retombent pas, le massacre des soldats maliens, les incongruités comportementales des hommes du pouvoir, l’incivisme notoire du Malien, l’insalubrité dont les effets sont de plus en plus marqués, avec les quintes de toux stridentes et les yeux rougis d’une population aux allures de mineurs émergeant du trou noir des illusions perdues. Et j’en passe.

L’image d’Epinal des cérémonies de présentation des vœux de nouvel an, organisées à la manière d’enfants de chœur par un gouvernement en panne d’inspiration pour mettre les Maliens en confort de vie, profondément dégradée à l’épreuve des réalités sordides du moment, nous fait réaliser les dangers de la naïveté pour un peuple.

IBK, en sacristain très dévoué, s’est échiné à nous faire prendre des vessies pour des lanternes, en lustrant notre quotidien peu enviable par la magie d’une phraséologie très éprouvée par lui.

Au sortir d’une réélection très douteuse et controversée, nostalgique du quasi raz-de- marée qui l’a porté au pouvoir en 2013, très contrarié par l’issue peu glorieuse d’une bataille électorale menée à coups de milliards de francs CFA, subtilisés au trésor public (comme l’a justement dénoncé le rapport des observateurs de l’Union Européenne), le président contesté de la République a multiplié les initiatives pour se rabibocher avec l’opinion nationale et rebondir au plan international.

A l’interne, IBK, l’esprit visiblement plombé, ne peut se départir de la ritournelle des réalisations d’infrastructures pour ‘‘le confort du peuple », de l’équipement conséquent des FAMAs (l’on attend encore la démonstration d’efficacité des aéronefs acquis, une fois de plus, à coups de milliards de FCFA), des 15% du budget national retenus pour le développement de l’Agriculture, des logements sociaux ( une action sociale aux allures de supercherie), des projets d’électrification (aux coûts toujours faramineux mais à l’impact quasi nul pour l’industrialisation de notre économie et les usages domestiques, entre autres).

La liste des réalisations dont se prévaut le régime peut s’étirer sur une bonne longueur. A l’indice de l’efficacité et de l’impact social réel, l’on ne saurait décemment soutenir que le peuple malien- objet de  »toutes les attentions » du Gouvernement- présente actuellement les signes d’une quelconque satisfaction.

Le contraire serait même plus plausible, si l’on en juge par la succession et l’opiniâtreté des mouvements de revendications et de grèves.

Depuis son investiture pour un second mandat, IBK a réussi le tour de force de se mettre à dos tous les secteurs de l’administration malienne. Réagissant à sa mauvaise gouvernance chronique, qui a notamment plongé le trésor public dans un véritable marasme, tous les syndicats de la République (y compris celui pantouflard des Affaires Etrangères) se sont mis sur le pied de guerre pour des revendications fortes  »d’amélioration de conditions de travail et de vie ».

Comment ne pas se rallier à leur point de vue, lorsque, en dépit des engagements de réduction du train de vie de l’Etat, l’on assiste au détournement (évident) de deniers publics pour se concilier les faveurs dune chefferie religieuse, s’offrir des soirées d’anniversaire à coups de plusieurs millions, fêtées en compagnie d’enfants gâtés de la République, sur fond de réflexions symptomatiques du manque d’empathie pour les misères des populations !

Dans une démocratie de bon aloi (pour rester dans le ton Ibékien), certaines fautes sont passibles de démission immédiate. Les massacres répétés des soldats maliens et des populations civiles par les jihadistes auraient dû entrainer la démission des deux ministres de la Défense et de la Sécurité intérieure. Mais, à la manière d’une secte, le régime protège les siens et, en dépit du bon sens, les récompense.

Les déroutes successives de nos troupes face aux terroristes soulèvent pourtant de graves questions de gouvernance militaire.

Dans un entretien accordé, mardi 19 mars, à RFI, le Chef de la MINUSMA, Mahamat Saleh Annadif, sortant de la réserve de sa fonction, a dénoncé ‘‘un manque de vigilance, d’anticipation pour déjouer l’attaque terroriste du 17 mars’‘, tout en déplorant ‘‘l’absence de collaboration de la population ». Il a ensuite proposé des solutions pour contrer les jihadistes. Un reflexe qu’aurait dû partager (à défaut de le porter) la hiérarchie militaire de nos forces de défense et de sécurité.

Cette part d’initiative n’a jamais été assumée par la partie malienne, plutôt prompte dans les reflexes de compassion, pour  »rendre visite aux blessés et présenter des condoléances émues aux parents des victimes ».

L’on a beau scruter les motifs d’un optimisme raisonnable pour se donner des raisons d’espérer, rien ne vient éclairer le ciel malien, plus que jamais encombré  par les plus sombres nuages.

Cet énième vendredi de prières va-t-il enfin apporter le soulagement escompté ? Les différentes épreuves qu’endurent les Maliens, depuis quelque temps, en raison de leur profond enracinement, de la mauvaise foi et de la désinvolture évidentes de ceux qui en détiennent les solutions, ne sont pas près d’être endiguées.

Les chefs religieux musulmans, qui ne manqueront pas d’adresser, ce vendredi du mois béni de Rajab, des prières exaltées et insistantes au Très Miséricordieux, devraient méditer cette observation du célèbre écrivain français,  François Mauriac, qui relève que  » nous croyons trop souvent que Dieu n’écoute pas nos questions, c’est nous qui n’écoutons pas ses réponses ».

La chanson dit, par ailleurs, que  » quand on ne sait pas trop quoi faire, on fait souvent n’importe quoi « .

La leçon combinée de ces deux pensées est claire : la scabreuse et désastreuse gouvernance d’IBK nous entraine droit dans le mur. IBK constitue le problème du Mali, il ne peut en être la solution…

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Source: L’Indépendant

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