Edito : Le processus de révision constitutionnelle à l’épreuve du consensus

Dans sa lettre de cadrage au Gouvernement, le Président de la République a instruit au Premier ministre de procéder à la révision de la Constitution du 25 février 1992 courant l’année 2019. A son tour, le Premier ministre a élaboré un chronogramme pour l’organisation des différents scrutins qui doivent avoir lieu durant cette année. Ainsi, dans son programme électoral, le chef du Gouvernement envisage de procéder à un référendum constitutionnel au mois de mars prochain. Pour la réussite de cette réforme constitutionnelle, le Premier ministre insiste beaucoup sur son inclusivité. Il a martelé cette volonté politique lors de l’atelier initié par le bloc politique de la majorité présidentielle, « Ensemble pour le Mali (EPM)» le week-end dernier à l’ex CRES de Badalabougou.

Seulement voilà : cet engagement du Premier ministre à avoir un processus consensuel se heurte pour l’instant à un blocage politique entre lui et l’opposition politique. En effet, le chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé et ses compagnons politiques refusent de rencontrer le Premier ministre. Cette attitude de l’opposition n’est pas de nature à conforter la démarche inclusive tant souhaitée par le chef du Gouvernement pour mener son processus de révision constitutionnelle. En effet, pour que la révision constitutionnelle soit consensuelle, il est indispensable d’associer dès le départ toutes les forces politiques de notre pays. Ce qui implique nécessairement un dialogue politique entre l’exécutif et l’opposition.

Comment faire donc pour arriver à ce dialogue indispensable ? Si l’opposition refuse de rencontrer le Premier ministre, on apprend qu’elle est disponible à rencontrer l’instance dirigeante des partis politique membres de la majorité présidentielle. Si tout va bien cette semaine, le président de l’EPM et ses camarades devraient échanger l’opposition politique pour tenter de décrisper le climat politique. Mais cette démarche des partis membres de la mouvance présidentielle pourrait comporter un piège pour le Premier ministre.

Parce qu’aujourd’hui, le chef du Gouvernement n’a pas que des ennemis dans l’opposition. Au sein même de la majorité présidentielle, plusieurs responsables politiques lui en veulent à mort. A commencer par le parti présidentiel, le RPM, dont le président, Bocary Tréta, n’a pu cacher sa colère face au transhumance de ses cadres et députés qui ont viré dans le parti du Premier ministre, ASMA-CFP. Ce qui fait le chef du Gouvernement ne serait pas à l’abri d’une alliance entre l’opposition et la majorité contre lui. Les deux camps pourraient s’entendre et demander au Président de la République de le faire partir. Cette démarche pourrait s’avérer suicidaire pour le Chef de l’Etat et sa majorité qui se trouveront fragiliser face à l’opposition qui risque de se trouver en position de force dans la perspective des législatives, régionales et sénatoriales. Qu’on ne l’oublie pas : si le Président IBK a été réélu, c’est bien en partie grâce à l’engagement du Premier ministre, Soumeylou Boubeye Maïga. Parce qu’au départ ce n’était pas gagné d’avance.  Aussi, après la victoire d’IBK, il a su prendre des mesures courageuses qui ont restreint la liberté de manifestation de l’opposition. Ce qui lui vaut aujourd’hui cette inimitié avec les amis de Soumaïla Cissé.

Donc, et le Premier ministre, sa majorité et l’opposition chacun doit s’y mettre pour qu’on arrive à la formation d’un Gouvernement consensuel dans lequel, toutes les composantes politiques et sociologiques pourraient se trouver pour qu’on aille à une révision constitutionnelle consensuelle. Cela aura l’avantage de conforter notre démocratie et de corriger ses lacunes combien nombreuses. Par delà, il est indispensable que tous les fils du Mali se mettent pour sauver notre pays face ai complot international dont il fait objet.

Youssouf Diallo    

La Lettre du Peuple

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