Télévision numérique terrestre : LES INSTALLATIONS ONT COMMENCÉ

Depuis juin 2018, le Groupement français THOMSON/CAMUSAT est chargé de la réalisation du projet de la Télévision numérique terrestre au Mali, qui est financé à hauteur de 29 milliards de Fcfa pour un délai d’exécution de 15 mois

Où en est-on avec le projet d’installation de la Télévision numérique terrestre (TNT) dans notre pays ? Quels sont les enjeux de ce nouveau système et quel est l’intérêt du dispositif pour les téléspectateurs ? Pour en savoir davantage, nous avons approché la Société malienne de transmission et de diffusion (SMTD), chargée du projet.
La TNT, par opposition à la télévision analogique terrestre, diffuse des programmes télévisés à l’aide d’un émetteur numérique utilisant une antenne terrestre. Aussi, la différence fondamentale entre un émetteur analogique et un émetteur numérique réside dans le fait que le premier ne peut diffuser qu’un seul programme tandis que le second peut diffuser simultanément plusieurs programmes, explique le directeur commercial et marketing de la SMTD, Ibrahima Guindo.
La télévision analogique terrestre (TAT) est un ensemble de réseaux de diffusion de terre composé d’émetteurs (pilotes) et de réémetteurs locaux, selon Wikipédia. Ce réseau utilise des ondes dites hertziennes. La TNT, elle, est une évolution technique fondée sur la diffusion de signaux de télévision numérique à travers un réseau de réémetteurs hertziens terrestres. De ce fait, la TNT permet de réduire les coûts d’exploitation pour la diffusion et la transmission.
Le futur réseau TNT va s’articuler autour de 51 sites de diffusion. Les puissances des émetteurs seront comprises entre 100 et 2000 W. Les localités qui ne seront pas couvertes par le réseau terrestre auront accès à un bouquet mis à disposition sur satellite, précise Ibrahima Guindo. Puisque toutes les régions du Mali sont concernées par les installations, les puissances utilisées ont été revues à la hausse et de nouveaux pylônes (supports d’antennes) seront érigés pour l’amélioration de la zone de couverture des sites de diffusion TNT, a-t-il ajouté.
De son côté, le directeur général de la SMTD, Ismaël Togola, informe que les installations ont débuté. Les premiers travaux permettent, selon lui, de s’assurer que les sites qui abriteront les installations soient vraiment exploitables. Parce que le plus dur n’est pas d’implanter des antennes au sol, mais plutôt les études, le calibrage et les tests. Le DG de la structure chargée de la mise en œuvre du projet a, par ailleurs, rappelé que par un protocole financier signé le 20 décembre 2018, entre le Mali et la France, le Trésor public français a accordé sous forme de prêt un montant de plus de 29 milliards de Fcfa pour la réalisation du projet.
Les avantages de la TNT, eux, sont nombreux, assure-t-il. Ainsi, au plan culturel, la TNT va entraîner la création d’un plus grand nombre de chaînes (chaînes nationales, chaines locales, chaînes communautaires, etc.) avec la possibilité de développement de la production audiovisuelle locale et de nouveaux contenus. En outre, techniquement, la TNT offrira une meilleure qualité d’images de haute définition, de son et de couverture terrestre. Cet avis est également partagé par Issoufi Maïga, technicien à l’Autorité malienne de régulation des télécommunications/TIC et postes (AMRTP). L’importance de la TNT, selon ce dernier, c’est qu’avec une seule porteuse, le téléspectateur a accès à plusieurs chaînes de télévisions à la fois alors qu’avec le système analogique, on a une porteuse par chaîne. Autre avantage de la TNT : l’économie d’énergie utilisée pour la diffusion, la gestion facilitée des réseaux grâce à la numérisation, à la réception fixe, au portable et au mobile. L’Internet haut débit, une diffusion de contenus en live et le transfert de fichiers ont également été mentionnés.
Au plan économique, la TNT procure divers avantages dont le dividende numérique, c’est-à-dire la quantité du spectre de fréquences libérée avec le passage de la télévision analogique à la télévision numérique, l’utilisation du dividende par les opérateurs de télécommunication, la réduction des coûts d’exploitation sans compter le marché des nouveaux décodeurs et téléviseurs numériques.
Pour profiter de ces avantages, les ménages doivent renouveler leurs équipements de réception : postes téléviseurs adaptés aux normes en vigueur (DVB-T2, MPEG 4), remplacement des antennes de réception (antennes UHF) et achat de boitiers d’adaptation pour ceux qui conserveraient leurs anciens postes téléviseurs. L’offre TNT actuelle de la SMTD, selon Guindo est un émetteur destiné à la couverture TNT de Bamako et environs. A travers cet émetteur, la SMTD met à la disposition des Bamakois des chaînes gratuites sur le bouquet TNT dont 2 chaînes de télévision publiques, 2 chaînes étrangères et 5 chaînes privées. Elles sont reçues par le biais d’une simple antenne « râteau » disposée sur le toit.
Face à l’arrivée des nouveaux contenus qui ne sont pas très souvent conformes à nos valeurs, l’émergence de chaînes locales pourrait être la solution, à condition que ces médias locaux adoptent des programmes locaux éducatifs, informatifs et sensibilisateurs, conseille le technicien de l’AMRTP. Pour lui, il appartient à l’Etat d’encourager le développement de contenus adaptés à nos réalités.
En juin 2018, le ministre de l’Economie numérique et de la Communication de l’époque, Arouna Modibo Touré, affirmait qu’«avec le numérique, il sera possible aux parents de coder des chaînes jugées dangereuses pour leurs enfants, d’offrir le téléphone et l’Internet aux clients, plus de chaînes à moindre coût et les audiences des chaînes peuvent être chiffrées». Pour faciliter l’acquisition des matériels au consommateur, il avait fait savoir que le gouvernement va prendre des mesures d’accompagnement en offrant aux plus nécessiteux 50 000 décodeurs dès le lancement de la TNT. Le coût du décodeur ne dépassera pas 10 000 Fcfa, avait-il indiqué. Une mesure saluée par cet abonné télé, qui n’a pas caché son inquiétude concernant les contenus des chaînes étrangères qu’il qualifie d’agressifs et contraires à nos mœurs.

Amadou B. MAÏGA

Source: L’Essor- Mali

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