Sécurité routière: l’apologie de la médiocrité

4 petites activités totalement réalisées et 18 qui ont été partiellement exécutées sur 49 prévues, soit un taux d’exécution respectivement de 8% et de 37% sur un budget arrêté en recettes et en dépenses à 2 270 675 000 F CFA, tel est l’horrifiant bilan du premier semestre de l’Agence Nationale de la Sécurité Routière (ANASER) qui vaut étrangement à sa Directrice générale les lauriers tressés du Président du Conseil d’Administration (PCA) outrageusement laudateur, bien en cour.

 

Le Conseil d’Administration d’il y a quelques jours de cette Agence a fait un étalage épouvantable d’une gestion erratique. En effet, le programme d’activité annuel prévoit 49 tâches à effectuer. Selon la première responsable du service, lors du dernier conseil d’administration, c’étaient seulement 4 activités qui avaient été réalisées totalement et 18 l’avaient été partiellement sur 49 prévues, soit un taux d’exécution de 8% et de 37%.
Selon des sources bien informées, les 4 activités totalement réalisées sont : l’organisation d’un atelier de validation des statistiques ; l’organisation de la Journée pour la sécurité routière en Afrique de l’Ouest (OSRAO) ; l’organisation de la Journée nationale de la courtoisie sur les routes ; le contrôle routier à la veille de la fête de Ramadan.
Elle se cloue elle-même au pilori en révélant que le taux d’exécution du budget à mi-parcours est de 1 386 437 036 FCFA, soit 61,06%, termes de recettes, et de 286 263 214, soit 12,61%, en termes de dépenses. Comme on peut le constater, la balance est loin d’être établie laissant apparaître une inefficacité consternante.
L’on relève également certaines bizarreries dans le rapport d’activités.
Pour une allocation budgétaire de 331 000 000 FCFA, le rapport d’activité ne fait état d’aucune dépense d’investissement en un semestre. Les seules dépenses concernent le personnel (178 141 686 FCFA) et le fonctionnement (108 121 528 FCFA).

De même, pour un budget équilibré en recettes et en dépenses à 2 270 675 000 FCFA, le niveau d’exécution au 30 juin 2021 est de 286 263 214 FCFA pour un taux d’exécution, à la même période, de 12,61%. Ce qui est dérisoire.
En ce qui est de l’état d’exécution des recommandations issues de la vingtième (20e) session du Conseil d’Administration de l’ANASER, sur 8 recommandations, seulement 1 est en cours d’exécution, à savoir procéder à la finalisation du manuel des procédures administratives, financières et comptables.
Les 7 autres recommandations ne sont pas exécutées, dont celles relatives à : faire ressortir la situation des recettes de la redevance de sécurité routière par rubrique ; donner une base légale au paiement des ristournes liées au recouvrement des recettes de l’ANASER ; rendre opérationnel le numéro vert de la sécurité routière ; mettre en place un réseau d’élus locaux pour la sécurité routière.
L’on apprend de bonnes sources que l’exutoire trouvé à cette impéritie est, d’une part, la pandémie de COVID-19, d’autre part, le manque de personnel qualifié. Pourtant rétorquent des sources bien informées, avec le même personnel avant l’arrivée de l’actuelle Directrice Générale, jamais résultat aussi catastrophique n’a été enregistré. Ce qui incline à situer la responsabilité de cette contre-performance au niveau du management.
Pour sa part, le Président du Conseil d’Administration (PCA), lui, il applaudit à tout va et se laisse même aller à tresser des lauriers à la Directrice générale qui est de toute évidence coupable d’une piètre prestation, si elle n’est tout simplement pas scandaleuse au regard du fossé entre le nombre d’activités menées et l’enveloppe mise à sa disposition. Voilà une flagornerie confondante sur fond de passivité très déconcertante qui s’abreuve à la source de la médiocrité et de l’autolâtrie. Cette tarte à la crème du marketing administratif ne fera pas florès.
Selon le PCA, apprend-on, le reste de l’année sera consacré à la promotion de la sécurité routière, comme si l’ANASER avait autre mission que cela. Et pour cause, c’est est un établissement public à caractère administratif, créé par Ordonnance n°09- 003/P-RM du 9 février 2009, ratifiée par la Loi n°09-006 du 5 juin 2009. L’ANASER a pour mission de promouvoir et renforcer la sécurité routière et de contribuer à l’amélioration des conditions d’exploitation du réseau routier
Il faut signaler en plus que depuis 2011 une Convention signée avec ANANAS-CNJ est foulée au pied de même que des recommandations pertinentes de la 20e Session du Conseil d’administration.
Incompétence, léthargie, paresse intellectuelle et désert de réflexion, tous les ingrédients sont réunis pour une indigestion administrative au niveau de ce service pourtant de la plus haute importance pour les citoyens, en général.

PAR BERTIN DAKOUO

Source : Info-Matin

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