Promotion du riz local: vers une stratégie de régulation des importations

En vue de définir une stratégie nationale de régulation des importations de riz, une rencontre a regroupé, hier lundi, les acteurs de l’interprofession riz, les structures de représentants du monde rural, les membres de la commission « Développement rural » et « Finances » de l’Assemblée nationale ainsi que le groupe parlementaire « paysans » de l’Assemblée nationale, les responsables des services techniques, les partenaires, au grand hôtel de Bamako.

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Cette rencontre avait pour objectif d’améliorer la commercialisation et la consommation du riz locale grâce à la définition d’une stratégie régulation des importations de riz au niveau national.
L’ouverture des travaux était présidée par le représentant du Directeur national de l’agriculture, Mahamadou N. KEÏTA ; en présence du président de la PNPRM (Plateforme nationale des producteurs de riz du Mali), Faliri BOLY ; de l’honorable Dédéou TRAORE, Vice-président de la Commission de la commission administration territoriale et de la décentralisation à l’Assemblée nationale ; du représentant de VECO-West Africa-Mali, Bréhima DEMBELE, etc.
A l’issue des travaux de cette rencontre, il s’agit pour les participants de : disposer de façon succincte les niveaux d’importation du riz et leur impact sur la commercialisation du riz local ; disposer de façon générale les données sur la participation des OP aux marchés institutionnels de l’État et les impacts constatés ; avoir une idée sur les expériences réussies de régulation des importations dans l’espace CEDEAO ; disposer d’une stratégie de régulation des importations de riz au niveau national ; disposer d’un plan d’action de plaidoyer sur cette stratégie.
Les initiateurs de cette rencontre ont souligné que malgré l’amélioration croissante de la production du riz au Mali pendant ces dernières années, avec une couverture de 93 % des besoins nationaux en riz, le marché malien reste tributaire au riz importé.
Les importations de riz continuent de manière soutenue et sont largement au-dessus des besoins. Cet état de fait, ont-ils déploré, constitue une concurrence défavorable à l’écoulement du riz produit localement.
Selon les mêmes acteurs, cette situation a accru, depuis les années 2 000, la dépendance alimentaire du Mali, notamment dans les centres urbains en riz.
Ainsi, ont-ils fait savoir, la vulnérabilité du pays s’en trouve renforcé, car le marché mondial du riz est un marché résiduel où l’offre est très fluctuante.
Pour aider les organisations de production à mieux écouler le riz produit localement, l’État malien a créé le CSA (Commissariat à la sécurité alimentaire) initié depuis la campagne 2014/2015 la participation active des OP rizicoles à la reconstitution du Stock national d’Intervention (SIE).
Il est mentionné cependant que l’OPAM chargée de ces stocks n’a pas pu vendre à ce jour les stocks constitués en 2015/2016, à cause de la mévente. Il en découle donc que si ces stocks ne sont pas écoulés, cela risque de compromettre la participation des OP à la reconstitution du SIE (Stock national d’Intervention) pour la campagne 2016/2017.
C’est pourquoi, les acteurs et organisation membres de l’interprofession riz ont jugé nécessaire de se réunir pour définir ensemble une stratégie de régulation des importations de riz au niveau national au Mali.
Le président de la Plateforme nationale des producteurs de riz du Mali, Faliri BOLY, a souligné qu’il était temps de dénoncer ceux qui profitent des exonérations de l’État pour inonder le marché de riz dans la qualité reste souvent à désirer. Et cela, pour le bien du peuple malien, des populations et particulièrement des consommateurs qui sont les premières victimes. Selon lui, il était nécessaire pour notre pays de s’inspirer de certains exemples dans la sous-région, notamment au Sénégal où on réduit, par moment, les importations. Pour ce faire, il a invité les autorités à faire attention au cas de quelques personnes qui se servent de la couverture de l’État pour s’adonner à des pratiques relevant d’une concurrence déloyale préjudiciable à notre production locale.
« Le gouvernement, qui a investi des milliards dans la promotion du secteur de l’agriculture, doit intégrer ces genres de stratégies dans leurs politiques », a-t-il préconisé.
En janvier 2014, l’ONG Belge Vredeseilanden asbl (VECO) a signé avec l’Union européenne une Convention pour la mise en place d’un Projet triennal intitulé « Organisation paysanne (OP) comme acteurs clefs dans une bonne gouvernance des filières rizicoles au niveau national et régional en Afrique de l’Ouest », période allant de janvier 2014 à décembre 2016, qui a été prolongée jusqu’en juin 2017. Le projet se déroule en Afrique de l’Ouest au Mali, Sénégal, bénin, Burkina Faso Niger, etc.
Au Mali, il couvre les régions de Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou, Mopti, Gao, et Tombouctou.
Le but de ce projet est de soutenir les riziculteurs en Afrique de l’Ouest dans leurs efforts pour promouvoir une bonne gouvernance (tant au niveau du gouvernement qu’au niveau de la filière) afin de développer les filières riz durables et concurrentielles qui permettent d’assurer une sécurité alimentaire dans les zones rurales et urbaines, basée sur une souveraineté alimentaire régionale.
Le Mali est de loin le pays du Sahel qui dispose le plus de ressources en rizicultures. En effet, le potentiel irrigable du Mali comprend près de 2,2 millions de d’ha de terres, dont plus de 1, 5 millions d’ha dans la seule vallée du fleuve Niger avec un taux d’exploitation de moins de 29 % de ce potentiel riz cultivable des plaines d’inondation et des bas-fonds.
Ce potentiel permet de penser qu’il pourrait être sans doute le grenier à riz de l’Afrique de l’Ouest.
Selon les statistiques officielles, le Mali produit en moyenne plus de 1 500 000 tonnes de riz et dispose une grande capacité d’autosuffisance en riz (93 %) selon les résultats de l’étude sur l’impact des importations de riz, leur saisonnalité, les dons et aides alimentaires sur la commercialisation du riz local.

Par Abdoulaye OUATTARA

 

Source: info-matin

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