La zone de libre-échange en Afrique (ZLECA) bientôt opérationnelle : Deux ratifications seulement manquent au seuil d’entrée en vigueur 6 à 7 milliards de Fcfa de recettes fiscales pour le Mali

L’accord portant sur la Zone de libre-échange en Afrique (Zleca) signé lors du sommet extraordinaire de l’Union Africaine, le 31 mars 2018 à Kigali, pour entrer en vigueur, devrait être soutenu par la ratification de la moitié des signataires au moins, soit 22 sur 44. Bientôt un an après, où en est-on ? Avec la ratification que vient d’effectuer le Maroc, le 23 février dernier, il ne manque au décompte que deux pays pour permettre la mise en application de cette initiative panafricaine dont l’objectif est d’amener le commerce intra-africain, actuellement autour de 18%, à un niveau optimiste de 51% à l’horizon 2022.    

Il ne manque donc que deux précieuses ratifications par les 44 signataires du Traité de Kigali, pour que la Zone de libre-échange en Afrique (Zleca) devienne une réalité. Le décompte officiel, après la ratification par le Maroc le 23 février dernier, est à 20 signataires dont le géant économique, l’Afrique du sud, qui était réticent au seuil d’entrée en vigueur de la moitié des pays signataires, proposant en contrepartie la barre des 2/3 des pays signataires.

Il y a donc des raisons d’être optimiste, même si la puissance économique qu’est le Nigeria reste replié sur lui-même car réfractaire à la Zleca, comme du reste il l’est pour l’entrée du Maroc dans la Cedeao. “Monsieur le président ne voyagera plus vers Kigali pour cet événement parce que certains actionnaires nigérians ont fait savoir qu’ils n’ont pas été consultés”, expliquait le communiqué de la Présidence de la République Fédérale du Nigeria. C’était pour prévenir de l’absence de l’absence du président Buhari, pourtant très attendu à ce sommet de Kigali, vu le poids économique du Nigeria au plan africain. Le Nigeria se barricade derrière son secteur privé, comme il l’avait fait au niveau de l’organisation régionale ouest africaine pour bloquer la demande d’adhésion du Royaume Chérifien.

Signé par 40 pays sur 55

Ce projet de Zleca, rappelons-le, est en discussion depuis 2012. Les consultations et travaux étaient menés sous l’égide du président du Niger, Mahamadou Issoufou, dont il faut saluer, au passage, la qualité du travail accompli – en dépit de la sensibilité du sujet- pour en arriver à ce résultat positif : la signature du Traité sur la Zleca au sommet des chefs d’Etat de l’Union africaine à Kigali, le mercredi 21 mars 2018.

A cette occasion, le président de l’Union africaine, le Tchadien Moussa Faki, laissait éclater sa joie : “Ce jour est historique. Après Addis-Abeba en 1963, Abuja en 1991, Durban en 2002, Kigali marque une nouvelle étape dans notre marche vers plus d’intégration”. Et il ajoutait, avec un tantinet d’optimisme, lors de la cérémonie de clôture : “Nous avons plus de quarante pays qui ont accepté de signer l’accord sur la zone de libre-échange, nous pouvons être fiers du travail accompli”.

Plus de 40 pays sur les 55 que compte l’organisation panafricaine, c’était déjà un bon départ, même s’il ne fallait pousser l’optimisme euphorique jusqu’à fixer la date de janvier 2019 pour le lancement officiel de la Zleca.

Un vaste marché de 1,2 milliard d’habitants

C’est vrai que le Zleca c’est un vaste marché de 1,2 milliard d’habitants, où 90 % des échanges de biens seront dégrevés des droits de douane, mais est-ce une bonne affaire pour tous les pays africains ? Cela reste à démontrer car si certains états signataires ont sauté sur cette opportunité qui leur ouvre grandement les portes d’un marché international déversoir de leur production parce qu’ils ont atteint ce niveau de développement, d’autres -et constitueront certainement la majorité- ne serviront que de marché de consommation parce que non compétitifs pour les exportations. Est-cela la base de la réticence de beaucoup de pays qui hésitent à encore à franchir le pas de la signature du Traité instituant le Zleca et sa ratification ?

6 à 7 milliards de Fcfa de

recettes fiscales pour le Mali

En ce qui concerne le Mali, l’Assemblée nationale a adopté, le 15 novembre 2018, la loi autorisant la ratification de l’accord portant création de la Zleca. “À court et moyen terme, nous aurons un bénéfice de 6 à 7 milliards de nos francs en recettes fiscales”déclarait le Ministre de l’Economie et des Finances, Dr Boubou Cissé lors de sa présentation face aux députés. Rien que ça ? Il faut d’ores et déjà commencer à travailler à tirer le maximum de profit de ce marché commun continental.

La Zleca, rappelons-le, comporte des principes et des volets pratiques qui prennent en compte les engagements internationaux souscrits par certains États-membres avec des parties tierces, à condition qu’ils ne soient pas en conflit avec les dispositions de la Zleca. Sans compter qu’il faille harmoniser ses dispositions avec celles du marché unique pour le transport aérien (ratifié déjà par 28 pays) et le protocole sur la liberté de circulation des personnes et le passeport africain qui est ratifié pour moment par un seul pays, le Rwanda. A ce titre d’ailleurs, le président du Rwanda, Paul Kagamé, a déjà reçu, symboliquement, le premier passeport panafricain.

                 Amadou Bamba NIANG

 

Source: Aujourd’hui-Mali

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