Journée des urbanistes : La croissance des villes et l’urbanisme à l’épreuve des risques au cœur des débats

La Direction nationale de l’urbanisme et de l’habitat (DNUH) a célébré vendredi dernier dans ses locaux la Journée des urbanistes. L’évènement s’est déroulé en présence des représentants du ministre des Affaires foncières, de l’Urbanisme et de l’Habitat, Drissa Coulibaly, de l’Ordre des urbanistes, Ibrahim Abdrahamane Kounta ainsi que du directeur national de l’urbanisme et de l’habitat, Almaïmoune Ag Almoustapha.

 

Fondée en 1949 par le professeur Carlos Maria della Paolera, la Journée mondiale de l’urbanisme fait appel à la conscience des citoyens et des collectivités pour mettre en perspective les impacts environnementaux liés au développement des villes et des territoires. Depuis cette date, environ une trentaine de pays à travers le monde la célèbrent, chaque année. Au Mali, les professionnels du secteur ont commencé sa commémoration à partir de 2014.

Prenant la parole à cette occasion, le délégué du président de l’Ordre des urbanistes a rappelé qu’à partir de 2018, l’Onu-habitat a décidé de remplacer cette Journée mondiale par celle des villes, célébrée chaque 31 octobre. Les urbanistes continuent, à travers les associations et regroupements professionnels, d’organiser des manifestations dans les états ou régions chaque 8 novembre et jours suivants.

Au Mali, la Journée est l’occasion d’attirer l’attention des décideurs et de la population sur les dangers d’une urbanisation rapide et incontrôlée. Notre pays a choisi comme thème: «Des villes ouvertes, résilientes, moteurs de croissance et durables». En effet, le Mali avec 6.940.380 de citadins sur une population totale de 19.972.000 habitants, soit un taux d’urbanisation de 35,0%, est l’un des pays les moins urbanisés de la sous-région, a déploré Ibrahim Abdrahamane Kounta.

Pour l’envoyé de l’Ordre des urbanistes, le réseau des villes est caractérisé par l’existence de 323 villes dont 90 seulement ont un document de planification urbaine à jour ou pas. Compte tenu du rythme d’accroissement des villes en général (5,1%) et de la capitale Bamako en particulier, (5,4%, le plus élevé en Afrique et le 6è au mondial), il a estimé qu’un Malien sur deux habitera dans les villes en 2024 avec tout ce que cela comporte comme défis en matière de développement urbain durable.

Le représentant du ministre en charge de l’Urbanisme a souligné que malgré la dotation de nos grandes, moyennes et de certaines petites villes de schémas directeurs d’urbanisme fixant la vocation des sols urbains et parfois même de plans sectoriels d’urbanisme, les villes maliennes sont vulnérables à divers risques. Quant aux opérations d’urbanisme, a révélé Drissa Coulibaly, nos cités grandissent aujourd’hui par des lotissements illégaux réalisés dans les périphéries en violation des schémas directeurs. Aussi, les attributions illégales de parcelles dans les servitudes des rails à Bamako, des collecteurs naturels et même les flancs de collines par certaines autorités administratives ou communales sont devenues courantes et tendent à se généraliser aux autres villes de l’intérieur, a-t-il déploré.

D’où le besoin, selon lui, de prendre en charge tous les risques identifiés dans la planification urbaine. «Ces lotissements structurants pour la ville ne respectent aucune règle d’urbanisme, notamment en matière de hiérarchisation et de cohérence de la voirie urbaine, de programmation et des attributions de terrain, etc. Le laisser-faire ne fera pas développer la ville de manière rationnelle.

Le résultat sera donc une urbanisation sans aucun développement économique au détriment des droits d’accès aux services urbains de base», a-t-il indiqué. Face à ces enjeux multiples, le représentant du ministre en charge de l’Urbanisme a souligné que la mise en œuvre de la politique de décentralisation au Mali, appuyée par le transfert des compétences aux collectivités territoriales en matière d’urbanisme, doit veiller à ce que les gouvernants des entités décentralisées, les représentants de l’état auprès des communes et les tribunaux appuient les services techniques compétents de l’état pour prioriser l’application stricte des dispositions des documents de planification urbaine.

Aminata Dindi

Source : L’ESSOR

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