INSTALLATION DES GROUPES ÉLECTROGÈNES D’AKSA ENERGY À SOTUBA : Excédés, les riverains lancent un cri du cœur

À Sotuba en pleine cité, le bruit des groupes électrogènes gène le sommeil des riverains. Les tremblements des murs sont devenus le quotidien de ces pauvres habitants dans leur résidence. Une zone faite pourtant pour habitation. Face à cette situation insupportable, les habitants n’en peuvent plus et veulent purement et simplement le silence de ces moteurs, afin qu’ils puissent retrouver le calme dans leur résidence. A cœur ouvert, quelques habitants ont exprimé leur ras-le-bol à notre micro.

La cour était vide, les portes et fenêtres sont hermétiquement fermées quand nous arrivions au domicile de Mme Théra Kama Diallo comme une résidence inhabitée. Pourtant, elle y est bel et bien habitée. Assise dans son salon face à sa télévision, madame Théra nous raconte sa vie pénible en particulier, et celle de la population de Sotuba en général depuis l’arrivée de ces groupes dans le quartier.

« Apparemment, l’EDM a installé des groupes électrogènes dans la grande cour de la ferme de Sotuba. Et comme vous le constatez, ce bruit c’est presque 24h/24h. La journée, la matinée, le soir à partir de 18h on est comme ça jusqu’au réveil. Et les matins aussi le plus souvent ça tourne, nous sommes comme ça avec ce bruit sonore qui nous dérange. On ne peut même plus s’asseoir dans nos cours pour profiter de nos jardins dans nos familles ou à l’extérieur de la maison », raconte madame Théra Kama Diallo, d’une voix aigre. On ne sait pas comment l’EDM peut faire ça en pleine habitation, s’interroge-t-elle. « Nous rappelons qu’ici, c’est une zone de résidence privée de l’ACI. Ces terrains, nous les avons payés cher. On a investi notre argent en ayant en tête que nous serons en sécurité, mais là, nous ne sommes pas en sécurité », déplore madame Théra.

Kama Diallo de poursuivre « J’ai des problèmes d’audition. J’étais à l’étranger quand on installait ces groupes. Mais mon mari m’a dit que c’est vers le mois de mars 2021. Lui-même, il est reparti à l’étranger pour se soigner. Tout comme lui, nous pensons que c’était passager ».

« La nuit, on ne peut pas dormir dans nos chambres si on ne met pas le climatiseur en marche. Actuellement, il fait beau. On peut profiter et dormir sans climatiseur, mais c’est impossible d’ouvrir nos volets », regrette-t-elle.

Aux dires de Madame Théra, « tout le monde décrie cette situation dans le quartier. C’est vrai, on connait le problème de courant, on ne veut pas être égoïste si ça peut résoudre le problème de courant de la population entière. Toutefois, on ne doit payer des frais pour ça. Il n’y a pas d’autres solutions ? On est quand même au 21èmesiècle. Il y a des solutions pour ça. Ils ont besoin d’installer des groupes électrogènes comme ça, sur tout le long jusqu’à la route de Boulkassoumbougou, personne ne dort ? ».

S’adressant aux autorités, Mme Théra lance un message : « Je demande aux autorités de prendre des dispositions et de nous respecter dans nos droits. Nous sommes tous des citoyens. Pour moi, venir installer un groupe électrogène en pleine cité sans concerter qui que ce soit, est un manque de respect. Je trouve que nos autorités ne nous respectent pas ; or ; on est dans un Etat de droit. Nous voulons qu’on nous protège et nous ne voulons pas de ce bruit. Qu’ils trouvent des solutions pour nous éloigner ce bruit-là ».

Souadou Diabaté, une autre habitante de Sotuba, aborde la situation dans le même sens que madame Théra. Assise également dans son salon, elle déclare : « Comme vous l’entendez (le bruit) depuis le petit soir, ça c’est 24h/24h depuis le mois de mars 2021. A cause de ces bruits nous sommes enfermés 24h/24h. On n’ose pas ouvrir les portes ou fenêtres. On avait cru que c’est momentané, parce qu’en période de grande chaleur, il y a la baisse du niveau de l’eau du fleuve et on avait cru que c’est pour dépanner un peu la période de délestage. Mais nous voyons que c’est quelque chose de continuel. Et c’est dérangeant ».

A en croire Souadou Diabaté, même s’il y a coupure d’électricité, ils souffrent de ce bruit. « Qu’on ait l’électricité ou pas, le bruit y est. Est-ce qu’on n’a pas droit au repos, s’est-elle interrogée ? »

« Ces groupes ont été installés sans qu’on ne nous informe. On ne nous a pas consultés. C’est à travers le bruit qu’on a appris leur présence. Et le bruit perturbe constamment notre sommeil. Il y a trois types de sonores ici. Ils sont plus aigus les uns que les autres. Parmi ces sonores, il y en a un qui sonne comme un hélicoptère ».

A la question de savoir si les groupes appartiennent à l’EDM, Souadou Diabaté de répondre : « Ces groupes sont de la société AksaEnergy. Une société sous-traitante de l’EDM, me semble-t-il. Puisque sur les plaques indicatives, c’est mentionné Aksa Energy ».

Pour Souadou Diabaté, si les groupes sont là et qu’il n’y a pas de bruit dérangeant, il n’y a pas de problème. C’est pour nous fournir de l’énergie, on peut comprendre comme ça. Mais même quand ces groupes sont allumés, il n’y a pas d’électricité chez nous. Ça veut dire que les groupes ne sont pas là pour eux.

Cependant, elle demande à nos autorités de revoir leur stratégie. « S’ils ont des soucis de nous fournir en électricité ce n’est pas en dérangeant qu’on doit le faire. Déjà le coût de l’électricité est excessif. Il y a des délestages partout et il y a le bruit abasourdissant. Nous sommes vraiment dérangés ici.

Nous ne sommes pas contre la fourniture de l’électricité mais nous sommes contre ces bruits. Qu’ils mettent des silencieux aux groupes », conclut-elle.

Oumar SANOGO

Source: Le DémocrateMali

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