Hypothétique relance de l’économie : Le secteur privé sous la tutelle de l’Etat…

Décidément, comme le président du CNPM, Mamadou Sinsy Coulibaly, l’a pointé dans une tribune libre, le Premier ministre, Moctar Ouane, a du mal à se faire avec le secteur privé. Ça ne suffit plus qu’il omette outrancièrement de mentionner dans son Pag un mot du secteur privé. Comme pour se racheter de cette bourde monumentale, lui, et son ministre en charge du Commerce, lors d’une assise de la CCIM, se fourvoient complètement, en faisant passer cet organisme public comme la faitière du secteur privé. Comme le prototype stalinien des années 50, le Premier ministre Moctar Ouane  s’est-il résolu à mettre sous tutelle étatique le secteur privé ?

 

Cela se passe, sous les you-you des organisateurs de la session inaugurale de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali (CCIM), où le Premier ministre en personne a tenu, il y a une semaine, à être là, au CICB(certainement pour marquer sa détermination à mettre sous tutelle du gouvernement le secteur privé malien), en compagnie de son ministre de tutelle, Arouna Niang, pour, disent-ils, témoigner de l’accompagnement du gouvernement en faveur du secteur privé.

Hélas ! Ce qui a été prévu au départ comme une opération de rachat (il n’a pas encore fini de digérer les piques du président du patronat), pour le Premier ministre de la Transition, n’a été finalement que bourde qui lui colle à la peau, comme la peste. Franchement, cet homme a du mal à se faire, dès qu’il s’agit du monde économique, plus spécifiquement du secteur privé.

La preuve ? En faisant de la CCIM la “faîtière” du secteur privé, le Premier ministre Moctar Ouane et son ministre Niang, comme de vrais prototypes staliniens, se loupent carrément sur le rôle et les responsabilités de cet organisme, qui n’a d’autre ambition que de faire des propositions d’organisation du commerce et qui, de ce fait, ne peut nullement constituer la « faitière » du secteur privé, en étant littéralement sous le joug du gouvernement qui approuve et alloue son budget annuel.

Dès lors que la CCIM est sous le joug du gouvernement, faire passer celle-ci comme la « faîtière » du secteur privé qui, lui, est formé par les organisations professionnelles, procède de la volonté du Premier ministre et de son gouvernement de « caporaliser » désormais le secteur privé. Toutes choses contre lesquelles les professeurs se disent déterminés à combattre par tous les moyens.

En tout cas, c’est ce que pensent certains acteurs influents du secteur, lesquels estiment par ailleurs que même en Russie, il existe des sociétés privées qui œuvrent totalement en marge du giron étatique.

Le président du patronat, Mamadou Sinsy Coulibaly, a donc raison quand il s’est insurgé contre le Programme d’actions gouvernemental présenté par le Premier ministre Moctar Ouane. « Un Pag sans perspectives économiques », s’était-il indigné. Dans notre journal, en date du lundi 1er mars 2021, Il avait enfoncé le clou en ces termes : “Un  document de 29 pages porté par un discours sans faire référence au secteur privé créateur de richesses, même pas une phrase à l’endroit des hommes et des femmes qui risquent les jours pour financer le développement de l’économie du Mali”.

Plus loin, il porte le discrédit sur le Premier ministre et son Pag : ” Ce discours ignore le financement de la mise en œuvre du contenu du document. Comment trouver les moyens et la création ? Va-t-on a encore quémander ou s’endetter au lieu de mettre des conditions de création de richesses ? Une fois encore de plus, ce discours est antidémocratique, anti-initiative, anti-mobilité sociale. Prononcé, par un individu riche mais qui ne sais pas comment il a accumulé sa richesse. Dommage que ce personnage pense qu’il a une machine de fabrique de billets de banque au sous-sol de Koulouba”.

Le patron des patrons a bel et bien raison sur le PM quant à son peu d’intérêt pour le secteur privé d’autant qu’en plus de considérer la CCIM comme l’organisation « faîtière » du secteur privé, ce dernier, en tentant de justifier l’accompagnement du gouvernement, en faveur du secteur privé, n’a pas manqué de magnifier le plan de mandature du nouveau président de la CCIM, sachant pertinemment, que le budget, ici, est annuel. De ce fait, tout ce qui se projette à ce niveau ne saurait être perçu que dans le cadre du financement de ce budget.

Voilà d’ailleurs, selon des professionnels avisés du secteur, pourquoi l’industrie ne marche pas au Mali, en raison justement du fait qu’elle est sous la tutelle d’une chambre consulaire qui l’organise. D’après de nombreux acteurs économiques, approchés par nos soins, à l’image du président du patronat, Mamadou Sinsy Coulibaly, le Mali est l’un des rares, dans le monde entier, où l’industrie est encore maintenue sous le joug d’une chambre consulaire.

Le nouvel homme fort de la CCIM, auréolé de son nouveau mandat, d’ailleurs salué et adoubé par le PM, pour la circonstance, peut se méprendre sur la capacité réelle de sa structure à réaliser de grands projets économiques, en fonction d’un budget qui s’apprécie annuellement, pour un organisme public, mais le Premier ministre et son ministre de Commerce, ces deux halpular, au risque de tomber dans la spéculation verbale inappropriée, ne peuvent se permettre un tel écart. Sauf à donner raison à ce dirigeant du secteur privé qui s’était indigné, à travers la présentation de son Pag au CNT, que le Premier ministre ignorait la place de l’économie dans la distribution de la richesse dans le pays.

De quoi, par ricochet, font douter de nombreux professionnels du secteur économique sur la capacité réelle de cet homme à conduire à bon port le gouvernement de la transition…

Correspondance particulière

Source : Le Républicain
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