Désordre dans les marchés : responsabilités partagées

Le désordre dans les marchés de Bamako est de plus en plus préoccupant. Des marchands installés de façon anarchique, obstruant le passage; une insalubrité indescriptible. A qui incombe la responsabilité ? Les marchés de Bamako sont mal organisés que ce soit le Grand marché de Bamako, les Halls ou les autres petits marchés de chaque quartier, c’est le même constat.

Les principaux concernés, à savoir les revendeurs ambulants, ont tous la même réponse : « Nous nous n’avons que le commerce à faire ici, pour pouvoir subvenir à nos besoins et faire vivre nos familles, au dépens des risques que nous encourons entre les véhicules ».

Ainsi, soutiennent-ils, l’Etat et les municipalités ont une grande responsabilité dans le désordre dans les marchés de Bamako, pour avoir laissé pourrir une situation pendant des années.

En effet, dans la quasi-totalité des marchés de Bamako, grands ou petits, la plupart des marchands sont installés à même le sol au bord des autoroutes. Des dames et jeune fille vendent au quotidien au péril de leur vie. Même l’échangeur du Grand marché de Bamako a été transformé en place de vente. La population aussi est en danger, d’un autre côté, car les aliments sont achetés dans des conditions pas du tout hygiéniques.

La responsabilité de l’Etat est fortement engagée. Dans certains marchés, les places sont gérées par des particuliers ou les banques.

Plusieurs tentatives visant à lutter contre l’occupation anarchique du Grand marché de Bamako sont restées vaines. On se rappelles des opérations de déguerpissement en 2016 et de 2018 pour libérer les grandes artères du District de Bamako, Ainsi, des kiosques, ateliers, menuiseries, garages, tables des vendeuses, ont été déplacés ou même détruits. Mais le même décor reste planté dans la capitale.

Et ce n’est pas un problème financier qui peut expliquer ce phénomène. En effet la redevance pour la place qu’on paye à la mairie tous les jours ne coûte que 50 ou 100 FCFA, selon les marchés. Les boutiques, petits kiosques ou étals sont loués à 5 000 FCFA par m² le mois. Dans les marchés de nos différents quartiers, les places sont louées à 1 500 ou 2 000 FCFA.

Selon les commerçants, c’est le manque de clientèle qui les pousse à s’installer sur les trottoirs ou devant les marchés. La plupart des clients qui viennent pour acheter des articles n’entrent pas dans le marché. Quand ils trouvent des vendeurs dehors, ils s’approvisionnent directement chez eux.

« La plupart des vendeurs qui s’installent aux devantures des Halls ont leur propre boutique à l’intérieur du marché ou en haut de l’immeuble, qu’ils délaissent pour être plus proche des clients qui rentrent peu dans le marché. C’est un des gros problèmes ici aux Halls dans la journée. Ils installent leur marché dehors pour vendre », nous confie Yacouba Tigana, un vendeur d’articles électroniques, rencontré aux Halls de Bamako.

Même trompette chez les veilles dames du Grand marché de Bamako et du marché de légumes qui en souffrent : « Nous sommes conscients que nous mettons notre vie en danger, en nous installant sur le trajet des véhicules, mais que faire, si nous nous installons à l’intérieur du marché, où nous vendions très rarement. C’est cette mauvaise expérience qui nous pousse à référer nous installer sur les trottoirs et remettre notre sécurité à dieu », nous confie cette vielle dame, vendeuse de légumes au marché « wonida » (trou en Bambara).

Un autre marchand rencontré aux Halls de Bamako dénonce les problèmes de sécurité, d’insalubrité, notamment le ramassage des ordures et l’entretien des toilettes.

Un autre problème persiste : il s’agit de l’insécurité des magasins car à tout moment, on peut t’arracher ta place, ou ton magasin pour le céder au plus offrant, quand de potentiels acheteurs demandent à la banque des magasins, si celui qui loue le magasin présentement n’a pas les moyens de l’acheter, il sera contraint de quitter les lieux » conclut -il.

En tout cas, l’incivisme de la population pèse également beaucoup sur la balance, car ce sont les premiers à favoriser et perpétuer de telles pratiques qui écornent l’image de la capitale.

Nos marchés sont vraiment désordonnés. Et les responsabilités sont partagées. Le commerce sur les trottoirs doit s’être interdit pour laisser libre cours à la circulation. Ceux qui veulent vendre des produits, qu’ils aillent à l’intérieur du marché. Et ceux qui n’ont pas de place aillent vendre ailleurs.

Quant aux autorités, elles doivent indiquer des lieux de vente avant de déguerpir les vendeurs installés sur les bords de la route. Mieux, doivent-elles aménager ou occupés les endroits libérés avant qu’ils ne soient plus réoccupés. Ainsi, les mesures de désencombrement doivent être pérennes pour ne laisser la moindre occasion aux marchands de revenir encombrer les routes. Pour faire régner l’ordre et le civisme, il faut des mesures concrètes et non celles à coup de tam-tam pour peu d’efficacité et de résultats, comme l’opération Amy Kane, qui n’a servi qu’à causer des dommages aux victimes. La preuve : les déplacés ont repris leurs places et n’entendent plus subir aussi facilement le même tort.

Assitan Siga FADIGA

Source: Bamako News

 

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