Augmentation du prix du ciment : La Direction générale du commerce et de la concurrence (Dgcc) s’explique

La perturbation du marché du ciment a débuté vers fin mars après l’arrêt de la production dans deux unités de production du Sénégal en raison de pannes techniques dues à un manque de renouvèlement des équipements de production. Le Sénégal est le premier partenaire du Mali à l’importation du Ciment, soit 90% de l’importation. L’arrêt de la production a donc entrainé une baisse de l’approvisionnement du Mali en ciment ; les importations représentant environ 56% des besoins nationaux estimés à 3.000.000 tonnes par an, soit 8.200 tonnes par jour.

Malgré la reprise de la production, les exportations à destination du Mali restent timides et sont en baisse d’environ 79% par rapport à son niveau d’avant crise en raison de la hausse du besoin du Sénégal en ciment et la forte demande provenant d’autres pays (Guinée Bissau, Gambie et Mauritanie). La hausse du besoin sénégalais en ciment est liée à la construction de la nouvelle ville « Diamniadio » dont la première phase des travaux s’étale sur les années 2014-2020.

La baisse de l’offre de ciment sur le marché national a entraîné la hausse du prix du produit au niveau des commerçants importateurs en passant de 86.500 FCFA/tonne à 115.000 FCFA/tonne pour descendre ensuite à 110.000 FCFA/tonne. Avant la crise, les importateurs profitaient des économies d’échelles, notamment le bénéfice des ristournes qui se situaient entre 2.000 FCFA et 5.000 FCFA/tonne. De plus, les économies d’échelles permettaient aux importateurs d’accumuler des recettes mensuelles à un niveau leur permettant de faire face à leurs charges tout en vendant à des prix concurrentiels. La rotation rapide de l’activité leur évitait de payer des frais supplémentaires, tels que la ration du chauffeur qui comprend les frais de subsistance et des « pénalités d’inactivité ».

Les revendeurs souffrent du lien qui existe entre le ciment et les autres produits. La baisse de la commercialisation du ciment entraine aussi celle de beaucoup d’autres produits. Ainsi, certains ont augmenté leur marge (sur le ciment local et importé) pour leur permettre de prendre en charge leurs diverses dépenses.

Les effets néfastes de la baisse des importations auraient été atténués si les unités locales utilisaient toutes leur capacité de production. En effet, Diamond Cement Mali et CIMAF produisent pendant cette période de l’année environ 3.600 tonnes par jour contre 5.370 tonnes de capacité installée. Ce ciment est cédé au prix de 87.500 FCFA avec déduction de la ristourne dont le montant dépend des distributeurs.

L’inutilisation de toute la capacité des unités est due aux délestages et effacements électriques dont subissent ces cimenteries chaque année à la même période. La cimenterie de la société Ciments et Matériaux du Mali (C.M.M) qui devra démarrer d’ici la fin de l’année pourrait augmenter la production nationale de ciment d’environ 1.300 tonnes par jour.

La hausse du prix du ciment étant liée directement à la baisse de l’offre sur le marché national, des mesures visant l’augmentation de l’approvisionnement du pays devront pouvoir renverser la situation. La baisse récente du prix montre que le marché du ciment est suffisamment concurrentiel et dépend en grande partie du mécanisme de l’offre et de la demande.

 

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