Suspension de la révision constitutionnelle ; Les dignitaires religieux encaissent les coups de boutoir et confirment leur leadership

Sévèrement critiqués par Ras Bath et ses inconditionnels, membres de la plateforme ‘’An tè A bana touche pas à ma constitution’’, les leaders religieux ont fini par prendre le dessus sur les deux camps du ‘’OUI’’ et du ‘’NON’’, en invitant le Chef de l’Etat à sursoir au projet de révision constitutionnelle.

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Entre les partisans du ‘’Oui’’ et du ‘’Non’’ à la tenue du référendum constitutionnel, le débat aura été très violent sur les réseaux sociaux et dans la rue. Durant deux longs mois, le chef de l’Etat, les membres de son gouvernement entre autres… ont été accusés de tous les péchés d’Israël. La violence des propos et le sentiment de haine entretenu par certains radicaux, qui rêvaient même de renverser le pouvoir au cas où il maintiendrait le projet de révision constitutionnelle, ont fini par mettre à rude épreuve, le vivre ensemble des Maliens. Plus inquiétants, les leaders religieux qui jusque-là, étaient craints et très respectés par l’écrasante majorité de la population,  n’ont pas été épargnés par les coups de boutoir de Ras Bath et de ses fans de la plateforme ‘’An tè A bana Touche à ma Constitution’’. Et pour cause, les membres de cette plateforme, opposés à la révision constitutionnelle, avaient hâtivement conclu que le silence des leaders religieux, notamment du guide des ançars, Chérif Ousmane Madani Haïdara et de Mahmoud Dicko,  est un soutien au président de la République Ibrahim Boubacar Keïta qui ne dit pas son nom. Du coup, le guide des ançars était injustement pris pour cible sur les réseaux sociaux dans des vidéos. Alors qu’en réalité, le seul crime des leaders religieux est d’avoir refusé de descendre dans l’arène politique en choisissant le camp du ‘’NON’’ supposé être celui du peuple.  Des deux bords du ‘’OUI’’ et du ‘’NON’’, les dignitaires religieux ont choisi la neutralité. Une position souhaitée et défendue du bout des lèvres par certains qui, paradoxalement, ne refusent jamais le soutien de ces derniers.

Mais au grand dam de leurs détracteurs, l’histoire a fini par donner raison aux leaders religieux qui s’en sont tirés à bon compte en jouant le rôle d’arbitre entre les deux camps opposés ‘’OUI’’ et ‘’NON’’. Avec l’implication des familles fondatrices de Bamako, les leaders religieux au bout de quelques jours de médiation ont réussi à apaiser les cœurs et convaincre le chef de l’Etat à renoncer au projet de référendum portant révision de la constitution du 25 février 1992. Evitant ainsi au pays, une éventuelle série de violences aux conséquences incalculables.

Faut-il le rappeler, ce sont les mêmes leaders religieux qui, en 2012 ont tiré  plusieurs hommes politiques et militaires proches de l’ancien président Amadou Toumani Touré, des griffes de l’ex junte militaire de Kati. Et récemment, le gouvernement a diligenté une mission de bons offices à Kidal, dirigée par le président du Haut Conseil Islamique, Mahmoud Dicko, pour négocier la paix.

N’en déplaise à leurs détracteurs, les ‘’hommes de Dieu’’, sans le vouloir forcement ont désormais leur mot à dire dans toutes les questions intéressant la vie de la nation, volant ainsi la vedette à un conseil national de la société civile moribond et inefficace. Quoi de plus normal donc !

Lassina NIANGALY

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