Sommet à Accra sur le Mali : La CEDEAO change d’approche

En invitant le président du Comité national pour le salut du peuple à prendre part à la rencontre d’aujourd’hui, le nouveau président en exercice de l’organisation ouest-africaine veut certainement lui donner l’opportunité d’échanger de vive voix avec les autres dirigeants de la sous-région. Une chance de sortie de crise pour notre pays

C’est aujourd’hui à Accra (Ghana) que se tient un sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) sur la situation au Mali. La délégation malienne, conduite par le président du Comité national pour le salut du peuple (CNSP), est arrivée hier après-midi dans la capitale ghanéenne.

Le colonel Assimi Goïta a été aussitôt reçu en audience par le président ghanéen, Nana Akufo-Addo. Le président du CNSP a fait le point de la situation à son hôte qui assure la présidence en exercice de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Cedeao depuis le dernier sommet tenu à Niamey au Niger le 9 septembre dernier.

A l’issue de l’audience, le colonel-major Ismaël Wagué, porte-parole du CNSP a confié à la presse que la délégation malienne était venue au Ghana pour expliquer de vive voix, la volonté exprimée par le peuple malien à travers la concertation nationale. «Nous voulons que la Cedeao accepte les conclusions de cette concertation et nous aide à construire le Mali», a-t-il ajouté.

A l’adresse des chefs d’Etat de la Cedeao, le colonel-major Wagué a indiqué que le CNSP agit en «responsable» et qu’il a organisé des concertations inclusives dont les «conclusions doivent servir de base de travail pour l’organisation de la Transition».

Le colonel Assimi Goïta à son arrivée à l’aéroport Kokota d’Accra

Pour beaucoup d’observateurs, l’enjeu principal du sommet d’Accra tourne autour des conclusions de la concertation nationale sur la Transition tenue du 10 au 12 septembre à Bamako.

Les participants à la rencontre, faut-il le rappeler, ont convenu de la mise en place de trois organes pour gérer la Transition : le président et le vice-président de la Transition, le gouvernement de la Transition avec à sa tête un Premier ministre et le conseil national de transition (organe législatif).

Le président et le vice-président de la Transition (civils ou militaires) seront choisis par un collège mis en place par le CNSP. Le gouvernement sera formé de 25 membres au plus. Tandis que le conseil national de transition comprendra 121 membres issus des forces vives de la nation. Par ailleurs, la durée de la Transition a été fixée à 18 mois par les participations de la concertation nationale.

Cependant, ces propositions ont été rejetées par le Mouvement du 5 Juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) qui était opposé au régime déchu. En outre, hier lors d’une conférence de presse, le collectif des députés de l’Assemblée nationale dissoute a fait savoir qu’il s’opposait à la mise en place du conseil de transition proposée par la concertation nationale.

Ces anciens députés entendent utiliser toutes les voies de recours dans le but de continuer leur mandant d’autant plus que, argumentent-ils, la Constitution n’a pas été suspendue après les évènements du 18 août dernier.

Le sommet d’Accra est certainement l’occasion pour la Cedeao d’apprécier les conclusions de la concertation nationale. D’ores et déjà, l’organisation sous régionale, bien impliquée dans la résolution de la crise sociopolitique dans notre pays dès le début, avait exigé que la transition au Mali soit dirigée par un président et un Premier ministre civils pour une durée de 12 mois. La Cedeao sera-t-elle emmenée à revoir sa position ?

Selon une source proche de la commission de la Cedeao, l’enjeu du sommet d’Accra est pour le nouveau président en exercice de la Cedeao, «de convaincre le CNSP de nommer un civil à la tête de la transition au Mali».

Envoyés spéciaux
Issa DEMBÉLÉ et Oumar DIOP

Source: Journal l’Essor-Mali

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