Moussa Boureima Yoro : « Avec ces autorités intérimaires, l’Azawad est effectif »

Les autorités intérimaires qui auront la charge d’administrer les régions, cercles et communes du Nord devraient être effectives entre le 1er et le 10 novembre. À Gao, cette mesure passe mal, les populations s’estimant flouées par le gouvernement qui s’était engagé à les consulter. Moussa Boureima Yoro, coordinateur des mouvements de résistance civile de Gao qui compte des milliers de membres, s’en est expliqué au Journal du Mali.

moussa boureima yoro coordinateur mouvements resistance civil Gao

 Que reprochez-vous aux autorités intérimaires ?

Suite aux événements tragiques survenus à Gao en juillet dernier, une délégation s’est rendue à Bamako pour des pourparlers. Il y avait des points sur lesquels les gens n’étaient pas d’accord, comme les autorités intérimaires. Ce terme n’existe pas dans l’Accord. Le texte parle de « période intérimaire » mais nous n’avons pas vu dans le texte d’autorités intérimaires. Il y a eu un début de discussion là-dessus avec le gouvernement, puis une pause dans les débats. À notre grande surprise, le 14 octobre dernier, une liste est sortie et elle désigne les autorités intérimaires en collaboration avec l’État. Nous ne comprenons rien. Nos régions étaient gouvernées par les populations pendant l’absence de l’État. Les hommes et les femmes de cette région ne comprennent pas comment des hommes armés qui étaient venus occuper la ville et qui n’ont pas pu l’avoir avec les armes, utilisent des lois et règlements du pays pour obtenir le pouvoir. Ils ont les armes, ils ont les moyens et ont leur donne encore le pouvoir, cela fait peur.

Donc vous souhaitez annuler ces listes pour pouvoir y mettre des gens issus de la société civile de Gao ?

Nous voulons exclure ces listes. Nous en avions déjà parlé avec le gouvernement, c’était très avancé. Puisque l’on parle de la paix, nous voulions qu’il y ait au moins une consultation sur le choix des hommes et des femmes qui vont diriger la ville. C’est pourquoi nous rejetons cette liste-là. L’État s’était engagé et il n’a pas tenu parole. Nous ne voyons pas comment les autres engagements qu’il avait pris seront respectés.

Quels autres engagements ?

La démission du gouverneur de Gao par exemple. Il est toujours là. Les autorités maliennes imposent ce qu’elles veulent. Le jour où les gens se lèveront pour faire sortir l’État, l’État sortira, il n’aura pas le choix. C’est le peuple qui donne la légitimité. Si le peuple leur enlève cette légitimité, ils devront partir. Nous ne sommes pas une communauté que l’on peut larguer comme on veut.

Beaucoup disent que la mise en place des autorités intérimaires va impacter la cohésion sociale et acter la partition du pays. Partagez-vous cet avis ?

Avec ces autorités intérimaires, la partition du pays sera effective. On ne peut pas avoir le même pays et deux constitutions différentes, ça n’a aucune logique. Désormais, que nous le voulions ou pas, l’Azawad est effectif. Cela ne s’appellera pas Azawad mais ce sera effectif. Permettre qu’aujourd’hui des étrangers, des aventuriers viennent pour imposer une idéologie, une façon de vivre, et que les autorités l’acceptent tacitement à travers les lois et les règlements, alors que ces mouvements ne reconnaissent même pas l’État, et qu’on nous livre à eux… Cela dépasse l’entendement. Il faut que les autorités maliennes comprennent ce qui est réellement, ce que Gao ne veut pas, ce que Gao n’accepte pas.

La mise en place des ces autorités intérimaires devrait avoir lieu entre le 1er et le 10 novembre prochain. Accepterez-vous cette nouvelle administration ?

Dans ce pays, ceux qui ne prennent pas les armes n’ont aucune valeur, aucune parole. Nous, nous restons toujours républicains. Nous ne prenons pas les armes mais nous réclamons nos droits. Nous ne craignons rien car nous sommes chez nous. Ces autorités-là vont durer le temps que ça va durer. Le Mali est en train de faire une très grosse erreur. Ils se foutent de ce que le Nord deviendra. Si jamais le Nord est sacrifié, dites-vous que toutes les autres communautés vont elles aussi réclamer ce qui leur revient de droit. Cette route vers le chaos, ce sont les autorités qui l’ont choisi.

Source : journaldumali

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