Mali : les médiateurs de la CEDEAO face à l’intransigeance du M5-RFP qui réclame la démission du président Keïta (SYNTHESE)

mission de médiation de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), présente au Mali depuis mercredi, continue à se heurter à l’intransigeance du Mouvement du 5-Juin – Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) qui réclame toujours la démission du président Ibrahim Boubacar Keïta, ont indiqué vendredi plusieurs sources proches des négociations.

Selon elles, le M5-RFP refuse de faire des concessions sur ses revendications que sont la démission du président de la République, l’ouverture d’une transition démocratique, la poursuite des « commanditaires de crimes » lors des manifestations du 10-12 juillet et la libération immédiate de l’opposant Soumaïla Cissé, enlevé dans le centre du pays voici quatre mois.

Cette fermeté contraste avec le langage diplomatique de l’imam Mahmoud Dicko, l’un des principaux leaders du M5-RFP.

« On doit accueillir à bras ouverts toutes les personnes qui viennent pour aider le Mali à sortir de cette crise. J’ai l’espoir que nous allons sortir de cette crise et redonner au Mali sa grandeur d’antan », a-t-il confié à la presse après son entretien avec la mission conduite par l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan.

M. Keïta a lui aussi rencontré vendredi la délégation de la CEDEAO. « Les échanges ont porté sur les voies et moyens devant permettre à notre pays de sortir de la crise en cours », a indiqué la présidence malienne dans un communiqué. Le chef de l’Etat a réaffirmé « sa totale disponibilité à tout mettre en œuvre pour un apaisement rapide de la situation ».

Il a également réitéré sa confiance en la mission de l’organisation sous-régionale tout en insistant sur « l’urgence pour le Mali de mettre en place un gouvernement consensuel pour s’attaquer aux nombreux défis du pays ».

La Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) est par ailleurs entrée dans la danse vendredi. Sur les réseaux sociaux, son représentant au Dialogue national inclusif de décembre dernier, Mossa Ag Attaher, a jugé que toute recherche de solution à la crise qui commettrait la « monumentale erreur » de ne pas associer la CMA et les autres mouvements signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale de 2015 et autres compromis actuellement à l’étude « serait suicidaire sur le court, moyen et long terme ».

« Les crises au Mali sont multidimensionnelles, multiformes et concernent plusieurs acteurs. Le M5-RFP est loin et même très loin d’en être l’acteur clé et les solutions ne peuvent absolument pas être circonscrites à ses seuls leaders », a-t-il ajouté le représentant de ce groupe de mouvements rebelles basés dans le nord du pays.

A propos de la gestion sécuritaire des manifestations du 10-12 juillet, la Division des droits de l’Homme et de la protection de la MINUSMA a annoncé avoir lancé « une mission d’enquête » pour examiner « les allégations de violations graves des droits de l’Homme » perpétrées dans le cadre de ces manifestations anti-Keïta. Selon elle, celles-ci ont fait au moins 14 morts, dont une femme et deux garçons, et 154 blessés.

Lors de sa rencontre avec la délégation de la CEDEAO, le Premier ministre Boubou Cissé a réaffirmé la volonté de l’Etat de faire la lumière sur ces « événements tragiques », y compris les pertes en vies humaines, dans « un esprit de responsabilité et de transparence ».

Source: Agence de presse Xinhua
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