LE M5 RFP REJETTE CATÉGORIQUEMENT LES PROPOSITIONS DES CHEFS D’ETAT DE LA CEDEAO : « RIEN N’A BOUGÉ POUR LE MOMENT » DIXIT MAHMOUD DICKO

amais deux sans trois, après l’échec des deux premières missions de la CEDEAO, les regards étaient désormais braqués sur la venue dans la capitale malienne de 5 chefs d’État du Sénégal, du Niger, du Ghana, de la Côte d’Ivoire et du Nigeria. Cette venue est pleine de sens, d’autant plus qu’il était attendu d’eux un dénouement heureux dans cette crise socio-politique que traverse le Mali. Malheureusement au sortir d’une longue journée de négociations, les chefs d’Etat n’ont pas réussi à trouver un consensus entre les protagonistes.

C’est tant bien que mal que la CEDEAO a tenté de faire accepter l’idée du maintien d’IBK au pouvoir, les chefs d’État ont entériné les dernières propositions de la CEDEAO, malgré le ton ferme du M5 qui réclamait jusque-là la démission d’IBK. Arrivés l’un après l’autre, les présidents se sont tout d’abord retrouvés au Sheraton pour échanger à huis clos. Un briefing leur a été fait par Goodluck Jonathan qui dirigeait la précédente mission il y a de cela quelques jours. Après plusieurs dizaines de minutes, les chefs d’Etat se sont dirigés vers le palais de Koulouba pour s’entretenir avec le président IBK. Ce premier entretien, dont peu de choses ont filtré s’est déroulée à huis clos durant un peu plus d’une heure.

Après ces échanges entre présidents, les chefs d’Etat sont retournés au Sheraton pour cette fois échanger et négocier avec les différents protagonistes dont la majorité et les partis membres de la majorité présidentielle en premier lui, puis enfin le M5-RFP et Mahmoud Dicko. De cette rencontre tant attendue, il nous est revenu que les échanges ont été très houleux entre les Présidents de la CEDEAO et le M5. En effet, le M5-RFP est resté ferme sur sa position et a reproché aux présidents de la CEDEAO, de vouloir imposer leurs décisions au peuple Malien. Accusation à laquelle le président Sénégalais, Macky Sall a rétorqué « On n’est pas au Mali pour imposer une voie, nous ne sommes pas des dictateurs ! »« Ce que vous voulez imposer ne passera pas au Mali », va répliquer l’Imam Mahmoud Dicko aux Présidents.

Cette position de la CEDEAO, en effet, n’a pas du tout requit l’assentiment des leaders du M5 avec à leur tête, l’Imam Mahmoud Dicko qui a été on ne peut plus clair face à certaines dérives du régime IBK et le déficit de la gouvernance décriée depuis longtemps. Selon ce dernier, la CEDEAO était essentiellement venue les écouter. Et quelques soit la situation, les acteurs doivent dialoguer compte tenu de la situation du pays.

L’imam Dicko prenant la parole, a précisé qu’il ne s’agit pas de ramener la crise actuelle essentiellement à la question de problèmes nés des dernières élections législatives. Mais le problème du Mali est une question de défaillance de gouvernance dans son ensemble. C’est un défaut total de gouvernance. “Le Mali était abandonné aux vagues dans une mer’’, rapporte Mohamed Ali Batilly membre du M5 RFP, ajoutant que l’Imam a fait savoir aux présidents,

« qu’aucune règle de la CEDEAO, aucune règle de la démocratie ne permettait que des dirigeants volontairement, sortent des armes, tirent sur leur peuple dans des quartiers où pratiquement il n’y avait rien à sauver de l’état ». « Qu’est-ce qui justifie le fait que les dirigeants envoient des chars dans les maisons à Badalabougou ? », interroge l’avocat, ministre a l’époque sous IBK.

A sa sortie, l’imam Mahmoud Dicko a été très clair :

« Rien n’a évolué pour le moment. Je l’ai dit et je l’ai redit, nous sommes un peuple débout, nous ne sommes pas un peuple soumis ou résigné. Je préfère mourir martyr que de mourir traitre. Les jeunes gens qui ont perdu leurs vies ne l’ont pas perdu pour rien. Et si vraiment ce qu’on nous a dit, c’est à propos de cela qu’ils se sont réunis, rien n’est fait pour le moment »

Les doléances aussi ont trait à la formation du gouvernement attendu depuis plus d’un mois. L’idée d’une démission du Premier ministre pour décrisper la situation est évoquée mais rien n’est sûr, précise un membre de la délégation nigériane. Il reste comme l’avait aussi proposé la CEDEAO, à rétablir les députés floués lors des dernières législatives Ainsi que la nomination des nouveaux membres de la Cour constitutionnelle. De son côté le M5, refuse catégoriquement les propositions faites par les Présidents, conformément à la feuille de route de la deuxième mission de la CEDEAO conduite par l’ancien président Nigérian Goodluck Jonathan. Le M5 campe sur la nomination d’un nouveau Premier ministre et le sort de l’Assemblée nationale.

Si beaucoup ne doutent pas du soutien clair des chefs d’États à IBK, l’idée qu’une crise institutionnelle puisse affecter la sous-région reste un argument de taille. L’espoir qui était né à l’annonce de la venue des présidents de la CEDEAO vient une fois encore de se volatiliser alors que Me Ali Bathily annonce des manifestations après la fête de Tabaski.

« Après la fête, la désobéissance civile reprendra son cours et on va l’intensifier, le maximiser, pour obtenir la démission du Président IBK et rien ne nous interdit et ne nous empêche de le chercher et l’obtenir », conclut-il.

KADOASSO I

NOUVEL HORIZON

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