Désobéissance civile au Mali : L’angoisse collective

L’annonce de la reprise des troubles a installé la psychose au sein de la population de la capitale. Le dialogue est le mot le plus usité dans les souhaits exprimés par nos compatriotes.

Après une dizaine de jours de trêve en raison de la fête de la Tabaski, le M5 a annoncé la reprise pour hier des opérations de désobéissance civile. Objectif : obtenir la démission du président de la République Ibrahim Boubacar Keïta. Dimanche la veille, la nouvelle s’est répandue dans la capitale et a semé la psychose au sein de la population. Par conséquent, hier, nombre de travailleurs sont restés chez eux en attendant de voir l’évolution de la situation.

Beaucoup se remémorent encore des actes de violences perpétrées au cours de la première phase de la désobéissance civile : des pertes en vies humaines, des pillages, des routes barricadées, des biens publics et privés endommagés.

Hier aux environs de 10 heures, la circulation était fluide sur la route de l’aéroport. Les structures bancaires au niveau de cette voie comme la Bank of Africa et la BDM fonctionnaient et des clients venaient pour leurs différents services même s’il n’y avait pas l’affluence habituelle. Plus loin, vers le centre-ville, certaines stations de carburant étaient fermées au moment de notre passage. Pourtant, aucune manifestation n’était visible sur cette voie.

Au niveau du pont Fadh, la circulation était très fluide, les voitures personnelles se faisaient rares. Les taxis et quelques motocyclistes constituaient le gros des usagers de la circulation. Au niveau de la rive gauche, à la Cité administrative l’affluence était timide. Des gardes étaient postés à l’entrée de l’édifice.

Dans la cour, on pouvait entendre une mouche volée. Beaucoup de travailleurs ne se sont pas présentés à leurs postes. C’était le cas au niveau du ministère de l’Artisanat et du Tourisme. Ici, on notait un calme plat. «L’affluence est très timide. Certains ayant eu écho de la désobéissance civile sont restés à la maison par peur. Car, ils disent que les manifestations vont se solder par des affrontements et des violences. D’autres sont venus mais sont retournés à la maison», a expliqué un agent chargé du courrier.

Au niveau du ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, seuls quelques travailleurs étaient présents. «Je suis là depuis 6h30 comme je suis à moto. En cas de manifestations, je peux vite filer à la maison. Avec la voiture c’est compliqué. C’est pourquoi beaucoup ne sont pas venus aujourd’hui. Car ils ne savent pas comment cette première journée va se dérouler», a indiqué un agent. Plus loin à l’agence principale de la Banque nationale pour le développement agricole (BNDA), les clients étaient présents mais pas très nombreux. Selon un agent de sécurité, l’affluence était loin de la normale. Pour lui, cela est certainement dû à la fête qui a appauvri certains clients.

«La désobéissance civile peut en être la cause mais il faut dire qu’après fête, les comptes de beaucoup de clients sont vides. Donc il y a moins de clients pour des opérations», a-t-il expliqué.

Non loin de là, à l’agence principale de la Bank of Africa, les agents étaient sur place mais les clients se manifestaient timidement comme on a pu le remarquer au moment de notre passage. «Nous sommes là depuis le matin mais les clients ne se manifestent pas comme d’habitude. Je pense que beaucoup ont eu peur de ce que cette journée de désobéissance civile va être», a souligné un agent.

L’affluence timide dans les banques, ainsi que la fluidité de la circulation peuvent s’expliquer aussi par le fait que beaucoup de Bamakois sont allés fêter au village.
Aminata Dindi SISSOKO

Source: Journal l’Essor-Mali

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