CEDEAO : Ils sont allés étaler leurs divergences à New York

C’est peu de dire que les chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sont rentrés de l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies plus que jamais divisés. Après le sommet de l’Organisation qu’ils ont tenu à New York, en marge de cette Assemblée générale sur des questions des transitions au Mali et en Guinée et sur les 49 soldats ivoiriens détenus au Mali, considérés par Bamako comme des mercenaires et comme des éléments de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation du Mali (MINUSMA) par les autres.

En effet, les déclarations sur cette dernière question de soldats ivoiriens, avant le début du sommet présageaient déjà de l’atmosphère dans laquelle les débats allaient avoir lieu. Tout est parti d’une offensive diplomatique de la Côte d’ivoire qui a certainement contraint le Secrétaire général de l’ONU a déclaré que les soldats ivoiriens détenus par les autorités maliennes n’étaient pas des mercenaires. Il sera suivi par le président en exercice de la CEDEAO, le Bissau-Guinéen Umaro Sissocco Embalo qui a, lui aussi, clairement pris position. Ce qui a irrité Bamako qui n’a pas manqué l’occasion pour asséner les coups qu’il avait pris soin de préparer. Alassane Ouattara et Bazoum Mohamed ont chacun reçu les piques du Premier ministre malien par intérim.

La Guinée non plus n’a pas digéré la décision de prendre contre elle des sanctions. Aussi, Conakry n’a pas hésité à traiter le président de la CEDEAO de «Guignol» après que celui-ci ait déclaré que le délai de trois ans pour la durée de la transition que veulent les autorités guinéennes était «inacceptable». Conakry venait ainsi de verser la bouillie par terre en mettant les deux pieds dans le plat.

A la décision du Conseil de sécurité de l’ONU de maintenir pour un an supplémentaire la MINUSMA au Mali, Bamako n’a pas refusé. Mais a imposé ses conditions qui ne sont pas «négociables». Car, le Mali, plus que jamais, veut assumer son destin. Le président nigérien a été traité «d’étranger au Niger». Contre la France, Bamako s’était bien préparé pour apporter les preuves du soutien de Paris aux groupes armés terroristes. Malheureusement, la délégation malienne n’a pas disposé de tout le temps pour exposer ces preuves. Mais, à Bamako on ne démord pas. Paris n’est plus le bienvenu sur le sol malien qu’il a d’ailleurs quitté avec sa force Barkhane. Parce que Paris est une «junte au service de l’obscurantisme».

C’est une Afrique de l’Ouest complètement désorganisée sur les questions politiques et de gouvernance dans les pays membres, qui est revenue de l’ONU. Tout simplement parce qu’elle a transporté ses problèmes là-bas, croyant qu’elle allait y trouver des solutions. Les positions, somme toute courageuses du Mali et de la Guinée à cette occasion est la preuve, une fois de plus, qu’il existe un réel réveil des consciences en Afrique. Où, la jeunesse, même peu expérimentée, ne veut plus se laisser imposer des visions qui ne sont plus les leurs. Autrement dit, la nouvelle ère africaine est bien ouverte.

Dabaoué Audrianne KANI

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